Alors que
The Shadow Of An Empire a révélé une facette plus rock de Fionn Regan, ce troisième opus revient à ses premières amours en mettant sur la touche les autres folkeux qui auront osé sortir un album la même année.
100 Acres Of Sycamore marque le retour d'un grand songwriter.
Débutant par la chanson titre, on se prend à rêver que
100 Acres Of Sycamore va être meilleur que
The End Of History. Durant ces fascinantes cinq minutes trente, on s'imagine que Fionn Regan va placer la barre trop haute pour que quiconque le suive dans ses rêves les plus fous, tutoyant les étoiles aux côtés de
Bob Dylan et
Ryan Adams. Hélas,
100 Acres Of Sycamore n'est qu'égal au premier effort de l'irlandais. Et c'est déjà un miracle.
100 Acres Of Sycamore est un condensé de folk
Reganesque. Sombre, sobre et poignante, elle est une des meilleures compositions du jeune prodige, mettant à genoux ses contemporains. Sans retrouver cette sensibilité, des titres comme
The Lake District et
North Star Lover mêlent accords acoustiques et violons lancinants avec émotion.
L'ancien espoir de la scène folk n'a plus à démontrer son talent, confirmant tout ce qui a pu être dit sur lui à l'époque de
The End Of History. De la première à la dernière plage, il ne réinvente pas le folk mais le grave dans le marbre, prouvant que tout n'a pas encore été créé par les plus grands songwriters. Accompagné uniquement d'une guitare acoustique, d'un piano et d'un violon, l'irlandais nous embarque sur douze titres sensiblement différents et variés, qu'on a parfois le sentiment d'avoir déjà entendu mais qui parviennent toujours à nous faire voyager.
Conversant avec un piano aux notes disséminées méthodiquement, Fionn Regan signe avec
Vodka Sorrow une chanson d'une intensité imparable qui figure une nouvelle fois parmi ses plus grandes compositions. Après une première moitié épurée, la batterie fait son entrée et le chant de Fionn, s'éloignant ici des tonalités de
Damien Rice pour se rapprocher d'un
Jeff Buckley ou d'un
Yann Tambour, prend aux tripes comme jamais il ne l'a fait auparavant.
On retrouve sur
100 Acres Of Sycamore le Fionn Regan des débuts, tendre et mélancolique, poétique et enivrant, qui nous a manqué ces trois dernières années. Voilà un jeune homme qui, s'il avait vécu à l'époque des
Nick Drake et
Leonard Cohen, aurait marqué une large génération d'auditeurs et de musiciens. Aujourd'hui, il n'est qu'un chanteur folk parmi des milliers d'autres, une tête d'aiguille dans un champ de foin visible par une poignée de personnes seulement. Les meilleures, forcément.