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Feeder

Paris, Alhambra - 15 mai 2025

Live-report par Laetitia Mavrel

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Grant Nicholas est un homme de parole. Ce dernier nous avait quittés en septembre au Café de la Danse en nous promettant de ne plus laisser les années s'écouler avant de revenir dans la capitale. Il y a de cela quelques mois maintenant, nous apprenions que Feeder partiraient bientôt en tournée pour célébrer les vingt ans de Comfort In Sound, album qui a alors grandement ouvert les portes de la notoriété au groupe gallois, lui offrant une reconnaissance internationale. Joie alors ressentie que de s'imaginer pogoter sur un des albums qui nous a fait goûter au souffre des mosh pits, mais c'est finalement sous un autre format que Feeder nous ont donné à nouveau rendez-vous dans la capitale.


Retour dans le pittoresque théâtre-cabaret de l'Alhambra pour une double affiche à laquelle nous ne nous attendions pas. « Sonic Bridges » est le nom de cette mini-tournée qui réunit, entre Asie et Europe, Feeder et Ellegarden, sommités du punk japonais et amis de longue date de Grant et Taka. N'ayant malheureusement pas élargi notre connaissance rock jusqu'au pays de Soleil Levant, à l'exception des mythiques Asian Kung Fu Generation croisés justement à Tokyo en 2019 (et, drôle de coïncidence, également accompagnant d'autres fiers gallois, les Manic Street Preachers), c'est avec beaucoup de curiosité que nous faisons la connaissance ce soir de ce quatuor formé dès 1998 et qui à également conquis le cœur du monde entier lors d'une carrière les ayant mené aux côtés de grands noms tels Foo Fighters, Sum 41 et bien évidement Feeder.

Le groupe formé de Takeshi Hosomi, Shinichi Ubukata, Yuichi Takada et Hirotaka Takahashi, pourtant fort de six albums et d'une liste de participation aux plus grands festivals du Japon et d'ailleurs, fait ce soir ses tous premiers pas sur une scène française. Elément d'autant plus incroyable que le public se compose de plus d'une moitié de fans tant japonais que français qui va littéralement durant le show reprendre par chœur les paroles des titres, tant en anglais qu'en japonais, et mettre une sacrée ambiance dans la fosse. Le son de Ellegarden est du punk de « l'école Blink 182 », celui à roulette qui braille et bouscule mais toujours dans un esprit bon enfant. Et durant quarante-cinq minutes, c'est bien un premier voyage dans nos jeunes années de lycéens que ce concert nous propose.
Nous avions donc déjà testé le fan de rock en concert à Tokyo, nous voici dorénavant face à un groupe japonais en France qui allie folie et grande maitrise de soi. Takeshi, qui mène le chant, veillera à communiquer un maximum en anglais avec le public, créant quasi instantanément une véritable camaraderie entre les musiciens et les présents, tant néophytes que fans érudits. Le set défile aussi vite qu'un « ollie » ou qu'un « backside » (testés mais pas approuvés de notre temps) et Ellegarden, encore très émus de cet accueil plus que chaleureux, nous promettent alors de faire tout leur possible pour revenir en France, épatés de retrouver autant de fans aussi loin de chez eux.


Durant le changement de plateau, c'est presque alarmés que nous constatons qu'un nombre conséquent de spectateurs désertent la salle une fois le set d'Ellegarden terminé. Mais c'est mal connaitre les Parisiens qui se ruent simplement au bar pour faire le plein avant que Feeder n'entament à leur tour les hostilités. C'est donc un concert sans réel fil conducteur qui nous attend, n'étant ni dédié à la promotion du dernier album Black/Red ni (encore) à la célébration de Comfort In Sound. Nous ne serons donc pas étonnés d'avoir une setlist très éclectique, piochant de façon assez aléatoire dans le grand répertoire de Feeder, avec cependant un focus sur les premières années, toujours pour notre plus grand plaisir.

Comme à l'accoutumée depuis leur retour en France en 2019, Grant et Taka remercient dès leur entrée sur scène ce public parisien qui ne leur a jamais tourné le dos et, tournée conjointe oblige, nous offrent un set réduit mais d'une belle intensité. Avec seulement une heure et dix minutes, il faut aller à l'essentiel, nous entendrons donc entre un et deux morceaux de chacun des albums sélectionnés. Le set ressemble presque à un concert Best Of, avec énormément de classiques live de Feeder tels Pushing The Senses, Insomnia, High et les incontournables Buck Rogers, Just A Day et Seven Days In The Sun. Pas de grosse surprise et comme un sentiment que ce concert se présente finalement comme une répétition de ce que nous réservent potentiellement Feeder si la tournée à venir dépasse les frontières du Royaume-Uni.

Toujours accompagnés de Tommy Gleeson à la guitare et Geoff Holroyde à la batterie, Grant et Taka restent fidèles à eux même, donc hyper communicatifs, souriants, et ce soir ravis de nous présenter leurs amis Ellegarden, venant les inviter à partager l'avant-dernier titre du concert sur la scène. Le secret de jouvence de Grant et Taka continuant de nous estomaquer (on pardonnera donc le choix malheureux de la coupe « mulet 2025 » de Grant pour au contraire saluer la toujours parfaite iroquoise de Taka), nous célébrons ainsi avec entrain une formation toujours aussi efficace et attachante. Ce nouveau concert de Feeder et sa tête d'affiche partagée avec les excellents Ellegarden nous aura offert une incroyable soirée au petit goût de Vans, skateboards et guitares hurlantes, comme pour nous rappeler que malgré les renouvellements successifs des générations de groupes punks, certains réussissent malgré les années à demeurer indétrônables.
setlist
    Insomnia
    Come Back Around
    Feeling A Moment
    Fear Of Flying
    Just The Way I'm Feeling
    Pushing The Senses
    Hey You
    Playing With Fire
    Kyoto
    High
    Buck Rogers
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    Seven Days In The Sun
    Just A Day
photos du concert
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