Fionn Regan

Planté derrière un micro avec sa six cordes acoustiques, Fionn Regan a pratiquement enregistré ce premier album en une prise, sans dorures ni fioritures. Quelques rythmes de batterie pour saupoudrer l'ensemble, et voilà qu'il nous livre The End Of History, sa fin de l'histoire, qui ressemble beaucoup plus au début d'un avènement irrésistible. Car ce disque ressemble à s'y méprendre à un chef d'œuvre, une pièce qui restera gravée dans les mémoires de ceux qui l'auront écoutée, et qui la réécouteront encore dans 30 ans avec cette pointe de nostalgie qui les habite déjà lorsqu'ils se penchent sur les premiers Dylan ou les derniers Elliot Smith, la nostalgie d'un paradis perdu.

Fionn Regan frappe donc fort, très fort, avec ce premier opus complètement décharné à l'atmosphère minimaliste, dont les mélodies se gravent dans le marbre par un jeu limpide, rapide et fluide. Comme un troubadour moderne, l'irlandais assène ses mélodies surréalistes, dominés par une voix qui emplit l'atmosphère de son timbre élégant. La classe d'un Nick Drake s’évapore d'un titre comme Hunters Map, les histoires de Dylan roucoulent dans Put A Penny in The Slot, les paysages déshérités de Springsteen émergent du désarmant Snowy Atlas Mountains, et Ryan Adams, Leonard Cohen ou Damien Rice rôdent, encore et toujours.

Nouveau songwriter irlandais à la classe folle, Fionn Regan débute sa carrière par un chef d’œuvre. The End Of History n'est pas cet énième disque de singer-songwriter de l'année. The End Of History n'est pas ce disque de trop dans un parterre déjà trop rempli. The End Of History est un joyau qui brille sans pause dans un océan de béatitude. The End Of History est un disque merveilleux.