Slow Club

Alors que l'on pouvait vite se lasser de sa première production, le jeune duo de Sheffield a su murir son deuxième opus pour nous offrir un album fort en émotions et d'une intensité presque remarquable.

Présentations pour certains, retrouvailles pour d'autres : Rebecca Taylor ; Charles Watson. Deux guitares ; deux voix. Il y a déjà deux ans, leur union musicale était de toute beauté, certes, mais une beauté fade, ce genre de lyrisme douteux qui vient vous bercer le temps d'un morceau mais qui s'oublie une fois le disque rangé à côté de ses milliers de compagnons pop folk aux allures bohèmes et néo-romantiques. On peut alors pardonner les appréhensions. Mais le duo Anglais a su garder ce qui faisait son essence sans rester au stade du cocon et passer enfin à l'âge adulte. Se détachant de toute naïveté, et d'une certaine retenue dans les compositions, l'album Paradise est un disque singulier. Il s'agit d'une deuxième naissance, d'un nouveau foyer, de nouvelles émotions, de nouvelles rencontres... qui tutoient le divin pour mieux évoquer par la suite l'avènement d'une mélancolie musicale plutôt subtile.

L'hétérogénéité de l'album, passant de la contemplation d'un sourire à la mort que l'on sent menaçante, s'illustre dans les silences qui ne cessent de pénétrer les pistes. La reprise n'en est que plus violente : la délicieuse voix de Rebecca peut révéler en nous une palette d'émotions sans fin qui intensifie les humeurs les plus cachées.
Two Cousins, lequel semble timide aux premiers accords, peut surprendre par son entrain soudain mais annonce déjà une rupture par rapport au précédent album. Après un morceau pop par excellence haut en couleurs, Never Look Back et Where I'm Walking commencent à façonner l'identité de l'opus. Mais la tension redescend avec deux titres plus fragiles, plus accessibles dirons-nous. La mélancolie de l'album culmine avec You, Earth Or Ash et Gold Mountain sur lesquels chaque bruit et chaque note viennent nourrir les larmes de Rebecca. Avec ces deux compositions, le duo exploite le meilleur de lui-même pour six minutes sublimes.

Paradise est le genre d'album que l'on aime garder pour aller réécouter quelques titres uniques. Et même s'il n'est pas inoubliable, il n'y a pas de mal à apprécier quelque chose de léger et à se laisser guider par ses émotions, le temps d'une ou deux chansons !