Porcelain Raft

Le nom de Porcelain Raft ne vous évoque peut-être rien et l'on ne saurait vous blâmer pour ce manquement. En effet, Mauro Remiddi, unique marionnettiste de ce projet, aime se faire discret. Pourtant, un peu malgré lui, il avait su, ces derniers mois, attirer notre attention par ses diverses interventions, toutes plus inspirées les unes que les autres.

Après plusieurs EPs plutôt remarqués, le jeune artiste se livre enfin à l'exercice de l'album et plonge ainsi tête la première dans le grand bain. Après avoir écumé les routes sur les tournées de Yuck ou de Blonde Redhead, c'est désormais pour M83 que Porcelain Raft ouvre et le rapprochement entre les deux formations est loin d'être hasardeux. Tous deux jouent dans la même catégorie, celle de l'électro-pop, shoegaze, chillwave, lo-fi ou tout autre qualificatif du genre que vous jugerez judicieux d'ajouter.
Mauro Remiddi, Romain d'origine, a roulé sa bosse de nombreuses années à Londres avant de décider, depuis peu, de s'installer à Brooklyn, où il a enregistré son Strange Weekend dans une cave.
A l'instar de Bradford Cox (artiste qu'il admire) avec Atlas Sound, Porcelain Raft va puiser ses mélodies dans la plus pure tradition de la pop song tandis que ses arrangements penchent eux irrémédiablement vers les loops et les boîtes à rythme.

Les dix titres composant cet album sont chimériques et vaporeux et le synthétique vient se marier, de façon très naturelle, à l'acoustique, comme sur Shapeless And Gone où la guitare sèche est accompagnée d'une base électronique. La musique de Mauro est en quelque sorte à l'image de ses voyages : il a su garder l'authenticité et la poésie de l'Italie et le caractère cosmopolite de la capitaine anglaise. Sa voix androgyne rappellera peut-être aux trentenaires celle de Mark Greany, chanteur de JJ72. D'une douceur et d'une sensibilité divines, elle permet de nous plonger dans un monde vaporeux où les guitares saturées comme les synthétiseurs 80's ont leur place. L'auditeur contemple l’œuvre de Porcelain Raft qui se décrit lui-même comme « quelqu'un qui essaie de construire une cathédrale sous eau et qui n'y arrivera jamais ».

Ce premier essai s'avère tout de même concluant, même si certains passages paraissent un peu en retrait. Il y a fort à parier que, très bientôt, cet artiste refera parler de lui, et pas seulement pour ses prestations impressionnantes en premières parties de formations qui ne le sont pas moins.