I Am Kloot

I Am Kloot est un groupe dont on aimerait jamais avoir à dire du mal. Le genre de groupe dont on connaît sur le bout des doigts la moindre chanson, le genre de groupe dont on aimerait parler au monde entier tellement on l'adore, mais qu'on aimerait en même temps garder un peu pour nous tout seul parce qu'on trouve que leurs chansons nous touchent particulièrement. Quand on tient le nouvel album de I Am Kloot dans ses mains, un mélange de sentiments nous envahit, une part de nous même a envie de sprinter vers le lecteur cd et de marteler la touche "Play", et une autre part est un peu plus angoissée, certainement par la peur d'une éventuelle déception, et nous fait hésiter avant la première écoute. Et on se rend compte que le disque tourne déjà alors qu'aucune décision n'a été prise.

La musique envahit déjà la pièce avec le morceau No Direction Home. La batterie est présente dès le début de la chanson soutenue par une guitare électrique, le tout rapidement rejoint par un piano. Ce dernier donne un côté saccadé, la ligne de basse nous donne l'impression d'une bombe à retardement qui n'explosera jamais, et la voix de John Bramwell est intacte, reconnaissable entre mille, comme on l'avait laissée à la fin de The Same Deep Water As Me. La première chanson se termine, plutôt rock, et l'on est rassuré, on retrouve le trio qu'on aimait, et ça nous rassure. Le cd poursuit sa course et l'éternelle critique faite au groupe est encore une fois applicable. On aime, les chansons sont rarement mauvaises, voire jamais, mais rarement très originales. En cherchant bien, on trouvera une soeur pour la quasi-totalité des morceaux sur les albums précédents. L'écoute peut donc paraître monotone, on prend certes du plaisir, mais on cherche la chanson qui va nous mettre la claque tant attendue, le refrain qu'on aura envie d'écrire un peu de partout autour de nous... On se surprend à repenser à Twist et son fameux "There's blood on your legs / I love you". Et le disque continue...
Notre attention est soudain retenue sur Strange Without You, mais on se demande si on aime ce morceau plus que les autres parce qu'on l'avait déjà entendu en live. Et puis, alors qu'on commençait un peu à perdre espoir, une intro dépouillée à la guitare acoustique puis un piano, puis la voix de Bramwell nous paraît glaçante. Une trompette est présente pour mieux habiller la chanson. L'attention est totale, on est assis, dans le noir, un casque sur les oreilles, et on se laisse guider par un anglais sur l'Avenue Of Hope. On tient notre perle, le chef d'oeuvre que les mancuniens cache dans tous ses disques était ici derrière la piste 10.
La transition avec Dead Men's Cigarettes et son rythme presque enjoué (façon 3 Feet Tall) n'en est que plus marquée. Coincidence, arrivant presque en bout de course, est un morceau un peu plus noir, avec une voix et des effets envoûtants.

Finalement, l'écoute s'est passée sans accro, on se dit qu'on préfère les bons albums sans points noirs, et qu'on en tient un. Forcément, deux camps se dessineront, entre ceux qui diront que le groupe se répète et aurait dû en rester là avec deux excellents albums, et qu'ils risquent de finir par lasser, et ceux qui seraient prêt à signer pour encore dix albums du genre, renouvellant leur stock de chansons douces amères tous les deux ans. Je fais partie de la seconde catégorie, d'autant plus que mes deux albums Natural History et I Am Kloot commençaient à sévèrement s'abîmer. Et puis j'ai treize nouvelles chansons à apprendre par coeur.