Everything Everything

Et de deux pour les Anglais d'Everything Everything ! Après un Man Alive plutôt réussi en guise de premier effort, le quatuor retrouve toute sa vivacité sur Arc, un disque s'inscrivant dans le prolongement direct de son prédécesseur. Si son côté math-rock est davantage délaissé, sa pop fantaisiste et multicolore est toujours élevée en étendard.

Ainsi, 2013 sonne encore pour le chanteur Jonathan Higgs et sa bande comme une année où les notions de pistes brouillées, d’univers bariolés et de performances multiples forment les maître mots de leur songwriting. Tout est mouvant et imprévisible sur ces treize nouveaux titres : le quatuor ne suit aucun fil conducteur, si ce n’est celui de son esprit foutraque, qui n’a que faire des conventions stylistiques, des signatures rythmiques identiques et des mélodies évidentes. Il n’y a qu’à écouter le single Cough Cough pour se convaincre de l’esthétique complexe de ces quatre garçons : rock, funky, électro, new wave, chant hybride et expulsé à vitesse grand V forment le joyeux bordel de leur champs d’action.

C’est par sa richesse d’ambiances hétéroclites, de sons différents, de rythmes percussifs (Feet For Hands) ou plus down-tempo (Torso Of The Week), et son alliage d’instruments organiques et électroniques qu’Everything Everything constituent au fil des titres leur crédit. Ce mélange d’influences se retrouve sur une grosse poignée de titres flirtant tour à tour dans les eaux troubles de Passion Pit (le refrain entre-deux-mondes de Kemosabe), Maxïmo Park, Wild Beast, voire légèrement de Menomena et TV On The Radio, dont les voix se rapprochent parfois de celle, haute perchée, du leader Jonathan Higgs, laquelle parvient en général à représenter une vraie force, comme sur la jolie ballade céleste Choice Mountain.

Capables de donner naissance à des mélodies fédératrices FM plus ou moins indispensables (Duet, proche de Coldplay, dénote avec la mieux lotie Don't Try), le groupe offre aussi des hymnes lyriques aussi sinueuses qu’alambiquées (Undrowned), des expérimentations incantatoires bienvenues (le bel interlude _Arc_) ou de prouesses rythmiques idéales pour vivifier les night-clubs branchouilles ; en témoignent le refrain ultra-mélodique d’Armourland et l’euphorisant Radiant, tous deux à la pointe de la mode musicale.

Mais si la technicité d’Everything Everything sert souvent l’énergie et le rythme des chansons, sa douceur et sa sensibilité, dévoilées sur des plages plus métaphysiques et moins chargées (The Hourse Is Dust, The Peaks), parviennent, peut-être, davantage à toucher.