Darkstar

Darkstar avaient marqué les mémoires à l'automne 2010 avec la sortie de leur premier album, North : titres souvent dansants et taillés pour le dancefloor, parfois avec un manque flagrant de subtilité mais depuis, que de changements ! Le duo est devenu trio avec l'arrivée de James Buttery au chant, une petite signature chez Warp et un peu plus de deux ans plus tard, voici un grand retour avec ce News From Nowhere, un virage radical dans la carrière des Anglais.

« This record is its own thing, in its own bubble and time » : lorsqu'on entend ce genre de réflexion, on peut penser à de l'auto-congratulation mais ici, c'est plus avec recul que James Young nous résume son dernier-né et ma foi, il est plutôt bon dans cet exercice.
Loin des vagabondages électroniques un peu bruts de North, Darkstar s'aventurent aujourd'hui vers une electronica où la douceur et la nuance sont au cœur des compositions.
Terminé le home studio, ils se sont pour l'occasion installés chez leur producteur Richard Formby où ils ont pu jouir d'une profusion d'instruments, probablement à l'origine de la texture bien plus riche des titres. Difficile de reconnaître en quoi, comme le clame le groupe, News From Nowhere serait inspiré par le prog-rock anglais et la techno obscure mais il faut croire que Darkstar sont de savants alchimistes car le résultat est d'une beauté lointaine, mystérieuse et intangible, jamais vraiment au creux de la main mais suffisamment près pour nous faire succomber. Ce deuxième album pourrait se résumer en quelques mots : une symbiose quasi parfaite de la musique synthétique et du songwriting, un peu comme Radiohead avaient pu le faire en sortant Kid A en 2000 ; il est indéniable que l'arrivée d'un chanteur a changé à la fois la perception et l'approche que Darkstar pouvaient avoir de leur art mais aussi le rendu qui se veut désormais un brin plus pop.

Cet album nous berce au gré des influences : si Timeaway nous rappelle Boards Of Canada, c'est plutôt vers les Beatles période acid trip et Sergent Pepper's Lonely Heart Club Band qu'ils sont allés puiser pour A Day's Pay For A Day's Work. Ici, nous assistons à une démonstration de synth-pop au sens littéral du terme avec des morceaux alambiqués, entêtants (Armonica s'impose comme le temps fort de l'album) et hypnotiques. Tout nous guide donc vers un moment de pur plaisir jusqu'à l'arrivée inopinée d'Amplified Ease : une cascade de bruits, un rythme syncopé et un chant tribal, comment ne pas avoir en tête Panda Bear et ses Animal Collective ? Pensons qu'ils leur rendent hommage car si ce n'est pas le cas, on frôle tout de même le plagiat. Dommage de ternir un album jusqu'ici réussi en se tournant vers la facilité du redit.

Avec News From Nowhere, Darkstar signent donc l'album du renouveau. Teinté de douceur et d'explorations sonores, ils créent un composite étonnant d'influences toutes plus diverses les unes que les autres. Malgré quelques faux pas, Warp réussit plutôt bien au trio plus inspiré que jamais.