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Darkstar

Paris, Point Éphémère - 20 octobre 2015

Live-report par Cassandre Gouillaud

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« Ça ressemble à quoi, Darkstar ? », ou bien une question dont la réponse est un peu plus ardue qu'il n'y paraît. Les expérimentations de James Young et d'Aiden Whalley, têtes pensantes de Darkstar, ne sont pas si aisément répertoriables. Encore récemment, nous les avons vus passer d'une électo-pop aux accents rêveurs sur News From Nowhere à un post-dubstep minimaliste sur Foam Island. Les deux anglais embrassent dans ce troisième album un versant politico-social, fruit d'un intérêt pour les aspirations, et désillusions, d'une jeunesse du nord de l'Angleterre. Un petit bijou qu'il nous tardait de découvrir en live.

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Ce soir, ils s'emparent de la scène du Point Ephémère après un DJ set du français Paume. Une scène qui apparaît d'ailleurs, presque logiquement, très simple, tout juste habillée de deux synthés et de jeux de lumières blanches. A l'image d'un album qui ne s'embarrasse pas de broderies superflues. Darkstar orchestrent une heure durant un savant mélange, mêlant la dureté de la synth-pop qui avait fait le succès de North (Aidy's Girl a Computer) aux accents R'n'B de Foam Island (Pin Secure), passant même par d'anciens morceaux tels que Need You ou Squeeze My Lime, manifestes de cette dubstep aux penchants pop qui caractérisait leurs toutes premières sorties chez Hyperdub. Le tout aboutissant à un concentré éclatant d'approches expérimentales, tantôt dansantes, tantôt glaçantes, qui constituent tout l'intérêt de la formation – par ailleurs récemment revenue à sa composition originelle après le départ de son chanteur, James Buttery, remplacé par un Aiden Whalley qui semble parfaitement s'être approprié son nouveau rôle.

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Les deux artistes resteront peu loquaces, se fendant de quelques remerciements murmurés à un public parisien qui nous semble légèrement en retrait ce soir-là. Comme si l'austère atmosphère régnant sur Foam Island s'était emparée d'un set pourtant efficace, offrant une belle synthèse de la production des anglais, représentée dans toute sa duplicité et ses nuances. Alors même que se rallument les lumières, subsisteront plusieurs regrets. D'abord celui, visiblement partagé, d'un set extrêmement court. Ces trois albums auraient sans doute pu nourrir bien plus qu'une petite heure de live, qui laisse une salle confuse et espérant un rappel. Celui également d'un groupe qui nous a semblé ailleurs, presque ennuyé, déroulant chaque morceau sans que l'ombre d'une émotion ne traverse leurs visages. Déconcertant.

Alors que chacun reprend son chemin le long du Canal Saint-Martin, restera plutôt le souvenir d'une soirée, certes, musicalement irréprochable.