IAMX

Après un début de carrière sous le signe de l'électro plutôt orientée trip-hop au sein de Sneaker Pimps, Chris Corner décide en 2004 de mettre fin à l'aventure et de se lancer dans un nouveau projet à la tonalité "glam sombre", IAMX. Empruntant autant aux ambiances de cabarets qu'à la musique électronique des années 80, le groupe laisse rarement indifférent et provoque la plupart du temps fascination ou rejet. Leurs prestations scéniques proches du théâtre sont souvent intenses. Les envolées lyriques et la prestance de Chris Corner retiennent aussi bien l'attention auditive que visuelle, offrant un spectacle total. Mais IAMX ne sont pas qu'un groupe de scène et possèdent déjà un beau brin de discographie. Pour parvenir à enregistrer ce cinquième disque, Chris Corner a fait appel à la générosité de ces fans qui ont ainsi effectué des dons en échange de l'acquisition d'un CD, d'un produit dérivé ou même d'un diner en tête à tête avec le chanteur pour les plus fortunés. L'opération a été une grande réussite puisqu'elle a permis de rassembler plus de 800% de la somme prévue, ce qui a contribué, entre autres choses, à la réalisation des vidéoclips des singles.
Maintenant qu'il est installé à Berlin, Chris a obtenu son indépendance artistique vis-à-vis des majors et agit comme bon lui semble. Pour ce dernier né, il a fait appel au producteur Jim Abbiss qui était déjà intervenu sur les premiers efforts d'Arctic Monkeys et de Sneaker Pimps.

L'album ne dépareille pas avec les précédentes livraisons et traite, comme elles, d'amour, de mort, d'addiction, de sexe ou encore de violence. Screams évoque ainsi des viols sous l'emprise de cocaïne. Le morceau d'ouverture démarre, lui, par ce qui ressemble à une comptine déclamée en allemand avant que la voix de Chris Corner ne se fasse entendre calmement puis ne parte dans de déchirants cris en déclamant I Come With Knives qui donne son nom au titre. Là encore, le mélange d'amour, d'agonie et de couteaux ne semble pas respirer la joie. Ce titre plonge immédiatement l'auditeur dans l'univers du disque si la pochette maculée d'une flaque sanguinolente ne l'avait pas déjà fait. Une rythmique appuyée, d'étranges sons comme ce buzzer en boucle ou ces notes de piano fantomatiques se mêlent dans un tourbillon de sons qui donnent la bougeotte.
Dans le même domaine, le morceau éponyme, certainement pas le meilleur de l'album, prend un étonnant accent dance contrebalancé par le timbre posé de Chris et quelques petites notes de piano où le chanteur s'étonne que les gens vivent autant dans le passé. L'éclectisme est au rendez-vous de cet album, The Adrenalin Room pourrait très bien constituer un hommage à Nine Inch Nails avec cette entêtante et robotique basse que la voix déformée de Chris met en relief.

Mais IAMX possède également un autre visage et s'est fait une spécialité d'élaborer de douces balades aux paroles souvent désabusées. Quiet The Mind est dans le genre tout en délicatesse. Quelques cordes de guitare, un tambourin, la voix pénétrante de Chris Corner et le tour est joué. Dans la même lignée, le doux et progressif Under Atomic Skies n'a rien à envier à son prédécesseur. Les paroles romantiques laissent penser que l'amour est au-dessus de tout. L'esprit cabaret bohème rattrape un peu l'introduction de The Land Of Broken Promises avec ses notes de violon. Un morceau qui met l'accent sur la grande illusion du rêve américain où tout est plutôt à l'inverse une belle désillusion. On ne criera pas au génie des paroles qui enfoncent pas mal de portes ouvertes pour le coup mais les compositions sauvent la mise.

Les amateurs d'univers oppressants où tout n'est pas tout rose devraient donc y trouver leur compte. Les morceaux lents et la musique électronique un peu industrielle se marient plutôt bien sur ce disque tout en offrant un éventail d'émotions variées. Ceux qui étaient agacés par IAMX ne devraient pas changer d'avis à l'écoute de ce nouvel opus, les autres resteront confortés dans leur opinion.