Goldfrapp

Pour aborder un album de Goldfrapp, il ne faut pas avoir d’a priori. On peut seulement être à peu près certain de la qualité des mélodies et de la fragilité de la voix d'Alison Goldfrapp. Le groupe se renouvelle en cherchant d’abord à travailler les mélodies avant de développer un style. Sur son sixième album, le duo créatif pousse l’exercice encore plus loin en créant toute une galerie de portraits, majoritairement féminins.

En racontant leurs histoires et leurs sentiments, il nous transportent avec un minimum d’artifices dans des univers riches mais dans lesquels il reste encore une part d’imagination pour l’auditeur. Un concept plus littéraire que cinématographique en somme, deux des personnages sont d’ailleurs extraits de romans : Annabel est le personnage hermaphrodite du romain de Kathleen Winter et Stranger est inspiré par Carol, roman lesbien de Patricia Highsmith.

Concept album, Tales Of Us, est musicalement très homogène. La plupart des mélodies sont portées par une guitare acoustique et soutenues par des cordes. Nous sommes très loin des synthés vintage et des ambiances glam ou disco, mais pas si éloignés de l’univers de leur album Seventh Tree.
Les guitares donnent différents accents folk, ceux de la dark folk britannique (Jo) ou de la nouvelle folk de brooklyn (Stranger). Sur d’autres titres, le groupe nous emmène bien loin de son studio de Bristol pour des contrées inconnues, et probablement imaginaires, sur une world musique minimaliste à la Björk. Le jeu des prénoms imposent des personnalités fortes pour chaque morceau.

Faciles d’accès, ces dix chansons ne livrent néanmoins pas tous leurs secrets sans un minimum de persévérance. Tout comme un roman demande plus d’efforts à lire qu’un film à regarder, cet album nécessite de la concentration et de l’imagination à son auditeur pour faire la connaissance des personnages et reconstituer leurs histoires. Alors installez-vous confortablement et plongez dans Tales Of Us pour le découvrir.