Los Campesinos!

En à peine plus de sept années d'existence, les jeunes gallois de Los Campesinos! ont déjà connu de nombreuses incarnations. Comptant pas moins de sept membres à ses débuts, le groupe ainsi enregistré quatre départs pour trois arrivées dans ses rangs au fil des albums, désormais au nombre de cinq avec la publication en cette fin d'année de NO BLUES.

Si seuls leur chanteur et principal compositeur Gareth Paisey ainsi que les guitaristes Tom Bromley et Neil Turner ont résisté au turnover, une réelle continuité dans l'univers du groupe a toujours su persister, leur pop festive et débridée, parfois même trop chargée en arrangements et effets superflus, restant une marque de fabrique reconnaissable entre mille.
En l'espace de cinq albums, rien ne semble avoir réellement changé chez ces garnements, l'entrain, la fougue juvénile, la multiplication des voix et des choeurs (bien que le chant du seul Gareth Paisey mène l'ensemble suite au départ d'Aleksandra Berditchevskaia) et la variété des instruments restant une constante dans un disque que les aficionados de la formation adopteront sans sourciller aux côtés de leurs précédentes productions. Point de surprise ici, bonne ou mauvaise, le groupe applique sereinement une recette rodée au fil des années, rendant chacune de ses nouvelles compositions interchangeable avec les anciennes.

S'il a souvent été reproché au groupe de manquer de maîtrise et de retenue, transformant des chansons au potentiel certain en un joyeux foutoir au sein duquel il semblait bien difficile de trouver une ligne directrice, Los Campesinos! confirment avec les dix titres que compte NO BLUES que leur capacité à mieux se canaliser, déjà entrevue sur Hello Sadness en 2011, est bien réelle. Toute aussi efficace lorsqu'elle hausse le rythme sur des chansons au tempo relevé, à l'image de What Death Leaves Behind, Cemetery Gaits ou du dansant Avocado, Baby dont le final porté par une chorale d'enfants constitue l'un des temps forts de l'album, la petite bande sait aussi calmer le jeu avec une certaine réussite, en témoigne la ballade A Portrait Of The Trequartista As A Young Man ou Selling Rope (Swan Dive To Estuary), marqué par la disparition des guitares au second plan au profit d'un piano omniprésent durant près de six minutes. Que les instruments se superposent ou que le groupe choisisse, toutes proportions gardées, une certaine forme de dépouillement, le résultat est là, les musiciens démontrant des talents de mélodistes s'affinant progressivement au fil des ans.

A l'image de propos tenus par ses membres lors d'une récente interview, Los Campesinos! n'est ni le meilleur ni le pire groupe en activité à l'heure actuelle, tout juste une formation poursuivant son chemin avec un plaisir constant et progressant un peu plus dans son art disque après disque.