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Gaz Coombes

Matador

Gaz Coombes - Matador
Chronique Album
Date de sortie : 26.01.2015
Label : Caroline International
4
Rédigé par Julien Soullière, le 22 janvier 2015
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Dandy devant l'éternel, Gareth Michael Coombes a connu les joies de la renaissance en 2012 en signant un premier album remarqué, et qui aura remis en selle l'ex-leader d'un groupe dont l'apport à la vague britpop, s'il est essentiel, a toujours été sous-estimé.
Dans les faits, là où le processus créatif a œuvré comme une thérapie, la sortie de Here Come The Bombs a agi tel un déclencheur : toujours ivre de musique, le natif d'Oxford n'avait pas plus perdu l'envie que ses moyens. Sûr de lui-même, le bonhomme n'aura donc pas perdu de temps, et c'est accompagné de ses fidèles associés (une tendance à l'exubérance, un air aussi étrange qu'efféminé) qu'il s'est empressé de reprendre la route pour nous livrer le Matador grandiloquent et goûteux que voilà.

Telle une savoureuse viennoiserie, cette nouvelle galette n'est pas avare en calories, preuve en sont les envolées lyriques qui émaillent Buffalo et nous mettent d'entrée en condition. Coombes aime le grandiloquent, l'éclat de ce qui flamboie, et en ce sens, Matador ne déparait pas à côté de ce que Here Come The Bombs proposait en son temps. Même les titres qui, sur le papier, semblaient être les moins lestés d'arrangements (The Girl Who Fell To Earth, Detroit) ont le droit à leurs chœurs vaillants et à leurs cuivres chargés de pétulance. Comme son aîné, Matador cherche également à concilier ce qui fait depuis toujours l'essence de la pop anglaise et des sonorités beaucoup plus actuelles, son géniteur refusant catégoriquement que son travail soit relégué au rang de simple pastiche, ce qui n'est pas la plus bête des idées, loin de là.

Et parce qu'il refuse de se contrefaire lui-même, Coombes est resté sourd aux chants de la facilité, oubliant la fulgurance pop de Here Come The Bombs pour signer un album moins évident d'approche. Oubliez donc les hits colossaux que sont Hot Fruit, Simulator et Break The Silence, et dites bonjour à quelques chansons sublimement orchestrées. A ce rayon-là, on trouvera notamment The English Ruse, titre sous acide qui allie la voix insaisissable de Coombes à des rafales électroniques empruntées à Kasabian, Seven Walls, valse pop d'une classe folle et au final déchirant, ou encore The Wire, gospel rock tendu et parfaitement exécuté.
Alors oui, l'album ne sort pas indemne de ses excès, parfois dans le trop (Oscillate patine quelque peu, Needle's Eye croule sous le poids des arrangements), parfois dans le trop peu (Matador est mignonnette en diable, mais horriblement courte, et l'interlude Is It On? ne sert absolument à rien), mais rien n'y fait, Matador reste un produit des plus stimulants pour qui se dit amateur de bonne musique.

A bien y réfléchir, il est difficile d'affirmer qu'avec ce second opus, Gaz Coombes à fait mieux qu'avec son premier né, tant les intentions semblent être différentes. On dira donc simplement qu'il signe là un disque de haute tenue, et qui confirme qu'à bientôt quarante ans, il a toujours de belles choses à dire. Il n'y a qu'à espérer que cela dure quelques années encore.
tracklisting
    01. Buffalo
  • 02. 20/20
  • 03. The English Ruse
  • 04. Te Girl Who Fell To Earth
  • 05. Detroit
  • 06. Needle's Eye
  • 07. Seven Walls
  • 08. Oscillate
  • 09. To The Wire
  • 10. Is It On?
  • 11. Matador
titres conseillés
    The English Ruse, Seven Walls, To The Wire
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