logo SOV

Gaz Coombes

Paris, Café de la Danse - 19 novembre 2012

Live-report par Julien Soullière

Bookmark and Share
Il y a eu une première fois sur la Lune, et il y a toutes ces autres premières fois. Jamais, en un peu plus de trois maintenant, je n'avais mis les pieds au Café de la Danse. Une bien belle salle pourtant, en l'honneur ce soir d'un bien bel artiste, le dénommé Gaz Coombes. De longilignes néons verts, sortes de stalagmites fluorescentes, répartis ici et là sur la scène, quelques instruments de base, ce sont là les seuls éléments de décor orientés vers le public. Il est 21h, Gaz Coombes, ganaché comme sieur Elvis - cheveux noir de jais brossés en arrière, pattes longues mangeant les joues - monte sur scène avec ses musiciens. Here come the bombs.

SOV

Pour sûr, l'ami Gaz est du genre rock'n'roll, mais son set est aussi calibré qu'un ballet en représentation sur la scène du prestigieux théâtre Bolchoï. Déjà que l'anglais ne fait preuve d'aucune excentricité, d'aucune folie, passant tout du long pour le garçon sage qu'il n'est sûrement qu'à moitié, le bonhomme se garde également de faire trop de digressions: au final, il n'y aura bien qu'une reprise de Mirror In The Bathroom (un titre déjà passé par la moulinette The Hot Rats) pour agrémenter - et rendre plus conséquente - la setlist du soir, mais aussi mettre en relief, en le faisant parfois oublier, le premier album de l'ancien leader de Supergrass, Here Come The Bombs.
Certes, il n'est pas anormal que ce dernier soit à l'honneur, seulement personne, moi y compris, n'aurait été contre quelques sucreries supplémentaires. Seule source de réconfort, Gaz Coombes, lui qui n'en jouait jusqu'à récemment aucun, proposera ce soir deux titres hérités de feu-Supergrass, lors d'un rappel demandé à corps et à cris par un public ayant grandement gagné en motivation à mesure des minutes.

Car ce dernier a globalement été bien sage, et donc à l'image de son héros d'un soir. Ayant majoritairement pris place en gradins, nombreux sont ceux parmi l'assistance à avoir fini le concert comme ils l'avaient commencé une petite heure plus tôt : les fesses vigoureusement vissée sur leur assise. Aux abords de la scène, et de part et d'autre de l'estrade, seule une maigre poignée d'individus, éternels résistants, fait le choix d'investir l'espace entre la scène et le reste de la salle, assurant ainsi la jonction entre l'artiste et le gros des troupes. Dans l'absolu, on se retrouve là face à l'éternel problème de l'oeuf et de la poule : difficile, sur la base de cette seule expérience, de juger qui des deux parties (Gaz ou son public) a invité l'autre à n'assurer que le minimum syndical, l'important restant sans doute que, comme déjà souligné, l'ambiance va se réchauffer petit à petit.

SOV

D'accord, applaudissements et encouragement étaient déjà de la partie, sanctionnant chacun des titres proposés par l'artiste, mais ils ne vont avoir cesse de se renforcer, et c'est tout juste si on a l'impression qu'ils vont cesser lorsque le groupe quitte une première fois la scène notes électroniques du tubesque Break The Silence. Une vigueur collective retrouvée qui aura pour effet d'imprimer un sourire, de plaisir bien sûr, sur le visage simiesque de notre charismatique anglais.

Du reste, Gaz Coombes et ses musiciens remplissent leur contrat avec la plus parfaite des honnêtetés, aidé en cela par la qualité de la sonorisation, et des titres aussi courts qu'efficaces. Si on frôle l'orgasme lors de la dernière ligne droite très rock'n'roll de Hot Fruits, on se délecte tout autant de la décharge sonore qu'est Simulator (la gente féminine, d'ailleurs, n'a sûrement pas été en reste à entendre la manière, particulièrement sensuelle il faut bien le dire, qu'a eue Gaz Coombes de prononcer ce mot trois minutes durant), du bivalent Universal Cinema, lent d'abord comme pour mieux finir sur un note joliment groovy, ou du très chouette Bombs, qui n'a de guerrier que le nom, tant il se montre délicat. Même Sleeping Giant se montre convaincant en live, prenant une tournure bien moins aigre que sur disque.

Gaz Coombes aura maintes fois remercié, et remercie encore en fin de set, le public. Je quitte la salle ce soir avec l'assurance que ce concert ne restera pas dans les annales, mais aura néanmoins réussi quelque chose d'essentiel : faire du bien.
setlist
    Bombs
    Hot Fruit
    Sub Divider
    Whore
    Universal Cinema
    Sleeping Giant
    Mirror In The Bathroom (The Beat cover)
    Simulator
    White Noise
    Fanfare
    Break The Silence
    ---
    Moving (Supergrass cover)
    Sitting Up Straight (Supergrass cover)
    Damaged Goods (Gang Of Four cover)
photos du concert
    Du même artiste