Gaz Coombes

Difficile d'évoquer Gaz Coombes sans immédiatement penser à Supergrass, quand bien même le musicien d'Oxford possède désormais deux albums studio en solo à son actif. Ce samedi soir, si l'anglais est bel et bien présent dans la salle de la Gaîté Lyrique à Paris pour défendre son propre répertoire, en témoigne l'absence d'une quelconque reprise de son groupe de toujours au sein de la setlist, le public ayant fait le déplacement dans une salle scindée en deux par un long rideau noir rassemble majoritairement trentenaires ou quadragénaires ayant vraisemblablement connu les grandes heures de l'une des formations phares de la britpop.

Si l'on pourrait ainsi croire que Gaz Coombes continue encore aujourd'hui de vivre sur ses acquis, la prestation du soir va nous démontrer l'exact opposé. Certes ses albums, Here Come The Bombs et Matador, n'ont à ce jour connu qu'un simple succès d'estime, mais l'évolution du personnage, du musicien et de l'homme dans un passé somme toute récent est à saluer. Là où ses premières tournées en solo n'avaient pas réellement marqué les esprits ni permis de mettre en lumière ses travaux récents, les quelques soixante-quinze minutes passées en sa compagnie en ce samedi soir font principalement confirmer que l'anglais semble enfin avoir trouvé sa voie et être parvenu à retranscrire en live des compositions ambitieuses où les sonorités électroniques, les arrangements mais aussi les choeurs sont autant d'éléments essentiels.



S'il se trouve placé seul au centre de la scène, et alternera ce soir entre la guitare, parfois électrique mais plus souvent acoustique, et un piano derrière lequel il prend un plaisir non feint, le musicien à l'allure toujours jeune aligne pour l'occasion pas moins de quatre musiciens (batterie, guitare, basse et claviers) mais aussi trois choristes agitant ponctuellement tambourins et maracas. Un line-up que l'on n'aurait sans doute pas imaginé si complet mais à l'évidence parfaitement en adéquation avec ses aspirations.

Plus qu'un assemblage de musiciens, c'est un véritable groupe que l'on sent évoluer face à nous tout au long du concert, tant sur les titres aux atmosphères posées que lors d'envolées plus psychédéliques ou électriques. Seul aux commandes de sa petite troupe, Gaz Coombes excelle dans le rôle du chef d'orchestre et prend un plaisir évident à retrouver dans la capitale des visages familiers pour certains depuis près de deux décennies, ce qu'il ne manquera pas de souligner à plusieurs reprises. Plus spectateur qu'acteur du spectacle durant la première heure de la prestation, le public va progressivement trouver ses marques lui aussi en même temps que les titres les plus récents se révèlent posséder une toute autre carrure que ceux issus de Here Come The Bombs. Plus complexes et variés, tirant un véritable bénéfice de la complicité entre les différents acteurs, Buffalo et son piano voluptueux, The English Ruse et son électricité galvanisante ou encore le long et aérien Detroit constitueront les principaux temps forts du concert achevé au bout d'une petite heure dans une belle ambiance mêlant cris d'un public conquis et têtes secouées de gauche à droite sans retenue.



Seuls deux titres viendront au final constituer le rappel dont personne n'aura à un quelconque instant douté : avec Break The Silence en guise de clôture, étiré à l'envie durant près de dix minutes d'un disco rock diablement excitant en dépit de quelques problèmes techniques, Gaz Coombes achève de belle manière ce concert parisien et ressuscite le sentiment inespéré de revivre les grandes heures de Supergrass sur diverses scènes locales.

Surprenant, dynamique et désormais épanoui en solo, Gaz Coombes aura livré un concert aussi surprenant que jouissif. Mais est-ce réellement si surprenant de la part d'un artiste toujours aussi attachant depuis tant d'années ?