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Yuck

Stranger Things

Yuck - Stranger Things
Chronique Album
Date de sortie : 26.02.2016
Label : Mamé Records
25
Rédigé par Cassandre Gouillaud, le 26 février 2016
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Ce que l'on avait conservé de Yuck, c'était le souvenir de ces entêtants riffs de Get Away et de The Wall. Des réminiscences, tout de même un peu lointaines, d'un indie rock tout droit ressorti des années 1990 associé à une spontanéité et une fougue juvéniles, et d'un enthousiasme largement partagé pour leur premier album. Mais si l'on devait être tout à fait honnêtes, entre temps, le groupe avait eu le temps de sortir de nos esprits. La faute, sans doute, au départ de son co-fondateur, Daniel Blumberg, et à la sortie d'un second album tourné vers une pop fade et moyennement inspirée, qu'ils avaient finalement eux-mêmes qualifié de précipité. Pour autant, la nostalgie et le morne temps de février faisant bien les choses, la tentation de donner une chance à ce troisième album était bien présente.

De ce point de vue, on ne peut qu'être bien contentés de ce démarrage sur Hold Me Closer et Cannonball, bien plus héritières de Yuck qu'elles ne pourraient l'être de Glow & Behold. Yuck retrouvent leurs distorsions saturées arrachées aux décennies précédentes, les réemploient et les superposent jusqu'à outrance, seulement arrêtés par un mixage malheureux qui abâtardit le relief instrumental.
Cela dit la parenthèse ne dure qu'un temps. Le groupe quitte à nouveau bien vite des premiers chemins qu'il avait empruntés, Stranger Things se révélant en définitive être le plus divers de leurs efforts. Il peine même sans doute à trouver son harmonie, débutant un cycle de ruptures de rythme brutales sur la douce échappée de Like A Moth et sur les guitares réverbérées qui entraînent la faussement insouciante Only Silence. Peut-être que là est bien la plus difficile conséquence de la perte d'une partie du cœur du groupe ; reconstruire son identité, alors même qu'avant le départ de Daniel, on voyait déjà Yuck plongé dans une époque qui n'était pas la sienne.

Forcément, Stranger Things peine, comme Glow & Below, à paraître abouti. Cela dit, il aura le mérite de porter en lui cette mosaïque de tâtonnements, certes, peu cohérents, mais parfois convaincants, à l'image du passage de la bassiste Mariko Doi au chant sur As I Walk Away. Si Yuck ne démordent pas de cet attachement à une pédale fuzz qui reste omniprésente, ils tablent sur des structures musicales bien plus réfléchies et progressives, autorisant des morceaux comme la planante Yr Face à se développer pleinement et à enchevêtrer les variations sonores. Resterait sans doute encore à faire table rase des émois larmoyants, qui affluent au détour de chaque morceau et trouvent leur pire traduction dans le répétitif « I hate myself » de Stranger Things, mais avec cet album, Yuck semblent sur le point de trouver une direction dans laquelle avancer.

Et c'est bien tout le mal qu'on peut leur souhaiter.
tracklisting
    01. Hold Me Closer
  • 02. Cannonball
  • 03. Like a Moth
  • 04. Only Silence
  • 05. Stranger Things
  • 06. I'm Ok
  • 07. As I Walk Away
  • 08. Hearts in Motion
  • 09. Swirling
  • 10. Down
  • 11. Yr Face
titres conseillés
    As I Walk Away, Yr Face
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