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Yuck

Interview publiée par Fab le 26 septembre 2013

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Pour beaucoup de formations, le départ du chanteur et compositeur est souvent le signe d'une mort annoncée. Faisant fi la décision de Daniel Blumberg de se consacrer à ses travaux en solo, Yuck ont trouvé en leur guitariste Max Bloom un nouveau leader et enregistré un second album, Glow & Behold, sous la forme d'une nouvelle ère artistique. Ce dernier, accompagné du nouvel arrivant Ed Hayes, revient pour nous sur cette difficile transition.

Le 15 avril dernier, vous avez annoncé le départ de votre chanteur Daniel Blumberg. Comment en êtes-vous arrivés à ce changement ?

Max : Cela ne s’est pas produit à un moment donné, tout s’est fait graduellement... Il souhaitait se consacrer à plein temps à sa musique en solo et ne se sentait plus capable de s’impliquer à 100% dans le groupe. Nous avons vécu une période d’incertitude et d’attente, jusqu’au moment où les deux parties se sont accordées sur le fait que son départ était la meilleure solution pour tout le monde. Tout cela a duré près d’une année...

Avez-vous craint que son départ puisse symboliser la fin du groupe ?

Max : Cela m’a traversé l’esprit à un moment ou un autre, mais aucun de nous ne souhaitait que cela se produise ! Si nous en étions restés là, cela aurait été un vrai gâchis. Un nouvel album était en cours de préparation depuis longtemps et je voulais que les gens aient un jour la possibilité de l’écouter. Nous n’aurions pas pu tout envoyer balader en sachant cela.

Personne n’avait anticipé cette décision avant votre annonce, aviez-vous des craintes par rapport à la réaction de vos fans ?

Max : Nous savions que cette annonce allait provoquer des réactions très variées, après tout ce n’est pas tous les jours que le chanteur d’un groupe décide de s’en aller et que les autres musiciens choisissent de continuer à jouer de la musique sans lui. Lorsque nous avons décidé d’informer nos fans, les réactions ont été telles que je les imaginais. Ni meilleures ni pires... Certaines étaient positives, d’autres négatives, des gens étaient choqués, d’autres y voyaient un nouveau départ. Finalement, le fait d’avoir prévenu les personnes qui avaient aimé le premier album de Yuck n’a rien changé à notre décision. Je suis très content de la façon dont les gens ont par la suite réagi en écoutant les deux premières chansons que nous avons mises en écoute. Il était vraiment gratifiant de voir que notre travail portait ses fruits.

Suite au départ de Daniel, tu as pris les rênes et es devenu le chanteur du groupe. Cette décision a-t-elle été facile à prendre ?

Max : C’est une expérience vraiment différente. Là encore, je n’ai pas décidé subitement que c’était à moi de prendre la place de Daniel. J’écrivais déjà depuis quelques temps des mélodies ou des textes pour des chansons, ce n’était donc pas une épreuve ou une vraie transformation à mes yeux. En devenant le chanteur du groupe, j’avais le sentiment de prendre la bonne décision, de faire ce qui devait être fait dans une telle situation.

Ce nouvel album a été écrit et enregistré en trio mais Ed Hayes vous a depuis rejoint au poste de guitariste. Aviez-vous dès le début prévu de trouver une nouvelle personne ?

Max : Dès le départ nous savions que l’album serait enregistré à trois car il nous fallait du temps pour trouver un nouvel équilibre. Nous cherchions une forme d’unité dans l’optique de resserrer nos liens. Comme les anciennes, les nouvelles chansons présentes sur Glow & Behold ne peuvent être jouées à trois personnes seulement, nous n’avions donc pas vraiment prévu de continuer tous les trois seulement.

Ed, comment as-tu rencontré le reste du groupe ?

Ed : Je les connaissais déjà depuis longtemps, nous avions eu l’occasion de donner des concerts ensemble. Un de mes proches est un ami de longue date de Daniel et Max, je les fréquentais donc déjà de temps à autres depuis quatre ou cinq ans. Lorsque Daniel est parti, Max m’a contacté pour me demander si j’étais intéressé par l’idée de jouer de la guitare avec eux. J’ai sauté sur l’opportunité.

Vous n’avez encore pas donné le moindre concert tous les quatre, appréhendez-vous les prochaines échéances en live ?

Max : Je suis un peu anxieux ces temps-ci mais ça ne durera pas. Plus que de l’anxiété, je ressens une forme d’excitation. Nous avons beaucoup répété et je pense que nous sommes désormais plus au point que jamais. Le groupe a désormais une nouvelle personnalité, la musique que nous jouons aussi, et nous tentons de maintenir un haut niveau d’exigence entre nous.

Pour revenir à votre nouvel album, Glow & Behold, combien de temps vous a-t-il fallu afin de l’écrire et l’enregistrer ?

Max : Le processus a été très long. J’ai commencé à écrire des chansons lorsque notre premier album est sorti, peut-être même avant. J’ai traversé beaucoup d’émotions diverses et variées durant ce laps de temps. Le travail a été très solitaire : je composais de nouvelles chansons dans mon coin puis je les envoyais au reste du groupe pour avoir leur avis et afin que nous les jouions ensemble. Et ainsi de suite jusqu’au moment où nous avons senti que l’album était achevé.

Plus que sur votre premier album, l’ensemble des chansons présentes sur Glow & Behold crée une véritable atmosphère. Était-ce une volonté de votre part ?

Max : J’ai effectivement cherché à ce que l’atmosphère du disque prédomine, sans toutefois tomber dans de l’ambiant. Les chansons devaient être présentes mais aussi constituer un ensemble, telle une journée du matin jusqu’au soir. Je ne voulais pas que ce disque existe à travers quelques singles mais plutôt que son écoute soit intégrale. C’est aussi pour cette raison que j’aime tant le groupe dans son état actuel, parce que nous sommes parvenus à enregistrer un tel disque tous les trois.

Que signifie son titre, Glow & Behold ?

Max : Le choix a été instinctif, j’avais le sentiment que ces deux mots synthétisaient l’esprit des chansons présentes sur le disque. Les mots me semblaient justes.

Vous avez jusqu’à maintenant dévoilé deux chansons de l’album, Rebirth et Middle Sea. Constituent-elles pour vous une bonne introduction au disque ?

Max : Peut-être... pas ! Rebirth est une chanson un peu à part sur l’album... tout comme peuvent l’être aussi beaucoup d’autres sur ce disque ! Je suis incapable d’écrire une suite de chansons sonnant de la même façon, j’aime la variété, changer de vibe d’une chanson à l’autre. Lorsque Rebirth a été mise en ligne, beaucoup de personnes ont pensé que Glow & Behold serait très similaire à celle-ci, ce qui n’est pas le cas. C’est pour cette raison que j’étais impatient de présenter Middle Sea par la suite, pour donner une autre image de l’album.

Les réactions des personnes ayant écouté les deux chansons vous ont donc rassurés ?

Max : J’évite généralement d’aller lire les avis sur Internet mais ce n’est pas facile... Je tente de ne pas aller sur Youtube pour lire les commentaires ou sur des sites musicaux pour cherche des articles mais au final je ne peux pas m’en empêcher. Jusqu’à maintenant, j’ai l’impression d’avoir trouvé beaucoup plus de commentaires positifs que de négatifs, c’est encourageant. Compte-tenu des circonstances de notre retour, je ne m’attendais pas à grand-chose, donc je suis agréablement surpris.

Vous avez travaillé avec le producteur Chris Coady sur ce disque, pourquoi l’avoir choisi ?

Max : Nous sommes partis en tournée avec Smith Westerns, dont il avait produit l’album, et c’est de cette façon que nous avons entendu parler de lui. On nous a dit beaucoup de bien sur lui, notamment sur sa bonne humeur, et nous voulions justement que notre second disque soit positif et joyeux, dépourvu d’idées négatives et de stress. C’est un sage, il a travaillé avec beaucoup de groupes et je le vois comme un caméléon. Ce n’est pas un producteur rock, pop ou électronique, il s’adapte à chaque fois aux personnes avec lesquelles il travaille. Ce n’est pas un dictateur, plutôt une sorte d’ingénieur du son capable de prodiguer les bons conseils.

Aviez-vous besoin d’une personne pour vous guider durant l’enregistrement de votre album ?

Max : Je voulais que cet album soit différent du précédent, et pour cela il fallait que son enregistrement soit lui aussi différent de ce que nous avions connu précédemment. Les chansons nécessitaient d’aller en studio avec un producteur plutôt que de travailler chez nous avec un enregistreur huit pistes. Disposer d’un autre « cerveau » dans la pièce avec nous était très positif. En général, je suis très anxieux, surtout en studio, et je me sentais mieux avec lui à nos côtés. Il n’était pas vraiment là pour nous guider mais pour nous accompagner.

Le disque est-il au final conforme à l’image que vous vous en faisiez avant d’entrer en studio ?

Max : Toutes les chansons avaient été enregistrées sous forme de démos avant d’aller en studio donc nous avions déjà une idée précise de ce que nous cherchions à créer. Les bases étaient donc là mais je voulais que l’album en lui-même évolue et se développe tout au long de son enregistrement. Je voulais simplement voir où tout cela allait nous mener au final.

Au début du mois de septembre vous avez mis en ligne la vidéo d’une reprise du titre Age Of Consent de New Order enregistrée aux RAK Studios à Londres, la première depuis votre changement de line-up. Est-ce un groupe que vous appréciez plus particulièrement ?

Max : J’adore ce groupe. J’ai vécu une phase durant laquelle je suis devenu très fans d’eux lorsque j’avais dix-huit ans. J’ai commencé par écouter Joy Division puis je suis naturellement venu à New Order, et notamment à cette chanson que j’aime plus particulièrement et que j’avais envie de reprendre. Quand tu joues une reprise, ce n’est que du plaisir car il n’y a pas de pression, tu ne l’as pas écrite et elle ne t’appartient pas.

Avez-vous envisagé de jouer des reprises lors de vos futurs concerts ?

Max : J’aimerais jouer cette chanson en live pour des occasions spéciales peut-être. J’aime quand un groupe joue une reprise ou deux en concert, c’est toujours intéressant et excitant.

Vous n’êtes plus partis en tournée depuis longtemps maintenant, avez-vous des tournées de prévues prochainement ?

Max : Nous allons donner quelques concerts dans de petites salles en septembre, notamment Paris à la fin du mois. Le premier de notre nouveau line-up est prévu à Londres le 17 septembre, mais nous irons aussi à Berlin par exemple. Par la suite, nous assurerons une petite tournée au Royaume-Uni, puis nous partirons vraiment en tournée en début d’année 2014.