Travis

Travis est un groupe qu'on ne peut pas ne pas aimer. Certes leur musique peut ne pas plaire à tout le monde, mais les membres du groupe sont incroyablement attachants. C'est d'ailleurs toujours un plaisir de les rencontrer ou de les voir sur scène. Aussi, lorsque l'on apprécie leurs chansons et qu'un nouvel album pointe le bout de son nez, c'est un peu, et c'est de saison, comme l'arrivée du printemps.

Lors de l'annonce de la sortie de leur huitième album, tous nos sens se se sont mis en éveil. Et pourtant, c'est une sacrée douche qui nous est tombée dessus lors de la découverte du premier extrait du disque qui donne son nom à l'album : Everything At Once. Celui-ci s'apparente à une pop song commerciale sans intérêt. Certes, on peut sourire en visionnant la vidéo de la chanson dans laquelle on retrouve le groupe participant à une émission de télévision animée par l'acteur allemand Daniel Brühl et dans laquelle Fran Healy, leader du groupe, se trouve sacrément mal en point. Le groupe n'a visiblement pas perdu son sens de l'humour, c'est une chose mais ce ne suffit pour faire un bon disque. Ainsi, c'est avec une certaine réserve que nos oreilles se sont posées sur Everything At Once.

Celui-ci débute avec What Will Come, petite pop song fraîche et plaisante pour un démarrage d'album. Assez synthétique et plutôt dans la lignée de Where You Stand, la chanson d'ouverture n'est pas révolutionnaire en tant que telle mais possède un je-ne-sais-quoi d'accrocheur. On est donc presque rassuré, mais je dis bien presque car Magnificent Time qui lui emboîte le pas nous fait vite déchanter. En moins de trois minutes, les écossais retombent dans leurs travers et font une sortie de route avec un dérapage assez lourdingue. On a encore du mal à y croire, d'autant que cette pauvre chanson est également sortie en single, le tout accompagné d'une vidéo croquignolesque. On a l'impression que les quatre britanniques s'amusent beaucoup, et on aimerait bien rire autant qu'eux. On se met même à craindre le pire pour la suite. Fort heureusement Radio Song relève le niveau. Plus simple que ses deux prédécesseurs, la chanson mérite qu'on s'y attarde, même si une fois encore on reste un peu sur notre faim. Et ce n'est pas fini.

L'album va en effet continuer à connaître un mouvement de montagnes russes. Paralysed à l'intro métallique et aux cœurs sérieusement insupportables nous fait à nouveau grimacer. Animals, se montre plus digeste mais reste toutefois bien en dessous de ce qu'on peut espérer de la part de ce groupe. On ne reparlera bien évidemment pas une seconde fois de Everything At Once, et à ce stade du disque on s'interroge sérieusement du bilan à tirer de cet album. Et puis comme par enchantement, tout va enfin s'améliorer. 3 Miles High tout d'abord, chanson de belle tenue. On sent enfin l'inspiration revenir, mais c'est surtout All Of The Places qui apporte au disque un petit moment de grâce. Légère, séduisante et racée, cette chanson de Travis contient tous les ingrédients qu'on aime et nous prouve que les écossais connaissent toujours la recette magique de la pop-song parfaite. Idlewild, le duo entre Fran Healy et Josephine Oniyama, s'avère quant à lui plus qu'honnête. Le disque s'achève avec un Strangers On A Train, mélancolique et apportant une touche positive à la fin de l'écoute.

Everything At Once ne s'avère finalement pas aussi catastrophique qu'on a pu le craindre à un moment, même Travis ont pu passer tout près de la correctionnelle. Le groupe s'en sort grâce à une dernière partie d'album plutôt réussie. Même si on est très loin de The Man Who, les écossais de Glasgow nous prouvent en quatre chansons qu'ils ont encore de belles choses à dire. En attendant mieux, ce n'est déjà pas si mal !