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Travis

Interview publiée par ALF le 5 mai 2007

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Pendant 4 ans, Travis s'est mis au vert. Besoin de retrouver une vie normale, de construire une famille, de souffler un peu. Pour revenir en grande forme, avec un nouvel album, The Boy With No Name. Douglas Payne, le bassiste, semble heureux d'être de retour.

Paris, hotels de luxe, interviews à la chaîne. Les tournées de promo reprennent. Heureux ?

Eh bien, oui ! Ca pourrait être pire ! Je rencontre plein de gens, et j'aime beaucoup parler.

On vous a assez peu vu ses dernières années... Qu'avez-vous fait ?

On a passé un très bon moment. Quand tu es dans un groupe qui a du succès, tu es propulsé dans une sorte d'engrenage qui n'en finit pas, et tu te lèves un jour en disant : « Où suis-je, qui suis-je, où vais-je ? » A un moment on s’est dit « merde », et on a donc décidé de faire une pause. Revenir à la vie normale, à des choses simples… On avait besoin de s'éloigner du business musical... il y a eu des mariages, des naissances, des maisons : nous sommes tous casés maintenant. En fait, on a tous fait notre chemin chacun de notre côté pour faire le point... et mieux revenir ensuite ! Vivre, pour mieux écrire.

La scène musicale britannique a beaucoup évolué ces dernières années. N'avez-vous pas eu peur de ne plus trouver votre place?

Il y a eu des moments où chacun se disait : « on prend trop de temps, il faut revenir dans la course les gars ». C'est comme en Formule 1, quand on a besoin de ravitaillement, qu'on prend le temps de changer les roues et remettre un peu de fuel; on se demande parfois si on va pas finir par se retrouver à la traîne. Surtout quand on voit des groupes comme Artic Monkeys ou Snow Patrol aller à toute vitesse. Mais on pouvait jouer tellement mieux si on prenait notre temps ! On s'est donc concentré sur notre musique au lieu de regarder les autres. On a pris le temps d'enregistrer en studio, de bien en discuter, et de faire les choses juste pour le plaisir, sereinement.

The Boy With No Name est votre premier album depuis la sortie de votre Best Of : avez-vous eu le sentiement qu'il s'agissait d'un nouveau départ?

Tout à fait. C’était excitant, surtout qu’on est revenu à la création, et ça fait du bien de faire des choses, d'expérimenter, comme à l'école. On est passé en studio, et on a refait notre musique... les tubes étaient loin derrière nous, on se retrouvait sans filet de protection, libres comme au début.

La plupart de vos albums ont des titres mystérieux (The Man Who, The Invisible Band, 12 Memories...), tout comme The Boy With No Name. Qui est ce garçon sans nom ?

De façon assez peu romantique, le titre de l'album vient d'un e-mail. Fran a eu un petit garçon, et il n'avait pas de nom à sa naissance. Francis a envoyé une photo de son gamin à ses potes avec marqué : « The boy with no name ». Quelques mois après, on était en studio et on avait pris l'habitude de marquer dans les toilettes l'avancemement de notre album. Un jour, Fran a marqué l'épisode de l'email qu'il nous avait envoyé avec marqué « The boy with no name », et on s'est tous dit: « Super titre, ca fait vraiment cool. » Ca correspondait à l'esthétique de Travis, le côté mystèrieux, anonyme, vide et attrayant à la fois, comme le titre de l'album The Invisible Band. On a toujours voulu mettre l'accent sur notre musique, pas sur nous-mêmes en tant qu'individus.

L'esprit de l'album semble beaucoup plus positif et joyeux que 12 Memories par exemple. Qu'est-ce qui vous a inspiré pour l'écrire ?

Il ya deux jours, un journaliste m'a dit un truc super. C'est ca que j'aime dans les interviews, c'est que vous apprenez plus sur vous en parlant aux autres. Ce journaliste m'a dit: « C'est un album parfait pour la vie de tous les jours. Quand vous vous levez, vous pouvez l'écouter, quand vous êtes de bonne ou de mauvaise humeur, vous pouvez l'ecouter. » Cool, non ? Je pense que cet aspect positif vient du fait qu'on ait réappris à vivre.

Vous n'aviez pas travaillé avec Nigel Godrich depuis The Invisible Band, pourquoi l'avoir choisi de nouveau pour cet album?

Ce n'était pas vraiment un choix. On était parti sur l'idée de faire un album tous seuls. Mais Nigel est un ami. Il partait faire des trucs de « mecs cools », et quand il revenait, il nous montrait le résultat, il bricolait. Il est très doué dans le role de l’ingénieur, à trafiquer des sons, et ca rend toujours bien. Du coup il nous a dit: « Les gars, je m'en charge ». Il a pris nos morceaux, et en quelques heures, c'était plié.

Vous avez diffusé pas mal de vos nouveaux morceaux sur Myspace. Est-ce difficile de convaincre votre label de faire cela ? La plupart des artistes prèférent au contraire garder le suspens...

On l'a fait parce qu'on pensait qu'il fallait le faire, et parce qu'on trouve ça très intéressant. Quand on a quitté la scène musicale il y a un moment, on ne connaissait ni youtube, ni myspace... Aujourd’hui, on a du se reconnecter. Ce fut d'ailleurs assez marrant de se dire : « Wow, c'est super, y'a pleins de trucs à faire avec tout ça, on peut mettre un peu de son par ci, faire un peu de video par là ». Nous, ça nous éclate!

Votre nouveau single s'apelle Closer : de quoi parle-t-il ?

Closer, c'est une chanson sensible et un peu intime. Le clip se déroule dans un centre commercial. Ca parle d'humanité, et quoi de plus humain qu'un centre commercial... On l'aurait fait dans un vaisseau spatial, un hôtel de luxe, ca n'aurait pas eu le même effet. Dans un super marché, n'importe qui peut croiser n'importe qui, lier contact. J'aime bien faire des clips marrants pour des chansons profondes. J’aime ce contraste… On est toujours les rois des clips farfelus.

Ce fameux clip est assez amusant. Ben Stiller joue d'ailleurs dedans. Comment l'avez-vous persuadé de jouer dans votre vidéo ?

Ben stiller était un ami avant de devenir la légende hollywoodienne, il nous faisait toujours rire et a toujours aimé notre musique. Fran a eu l’idee de l’intégrer à un de nos clips, on s’est dit « Ouais, biensur, il a que ça à faire », et le gars a dit oui. On est allé a Los Angeles… c’était très cool. Ce type est incroyable : dans le clip, on ne le voit presque que de dos, et il arrive quand même à nous faire rire, on se demande comment.

Votre album sort début mai. Vous entamez une tournée en Grande-Bretagne en mai et jouerai quelques dates en Europe en juin. Est-ce qu'il vous tarde de repartir sur les routes ?

Doulas Payne:Oui, c'est une bonne chose pour nous de revenir sur scène.

Ca vous a manqué ?

De manière assez étrange, oui.

Pourquoi étrange ?

Parce qu’on pourrait penser qu’à force d’en faire on se lasse. Mais on a fait quelques petits concerts aux Royaume-Uni et on s’est rendu compte que ca nous avait manqué. Les concerts sont à chaque fois différents, on ne prend jamais d'habitudes.

Il y a quelques années vous avez repris Hit Me Baby One More Time de Britney Spears, pourriez-vous reprendre les chansons de Paris Hilton ?

Non, on ne va pas faire Paris, parce que je ne pense pas qu’elle soit une vraie artiste de « classic pop », alors que la chanson de Britney est vraiment belle. On pourrait reprendre n’importe quoi (hip hop même), du moment que ça nous correspond.

D'autres idées de reprises?

On en a déjà certaines oui, mais je préfère les garder secrètes, au cas où on ne les ferait finalement pas. On voudrait même se déguiser comme les groupes qu’on reprend. Je suis heureux qu’on ait eu cette idee après avoir fait Britney, car j'ai du mal à tous nous imaginer en mini-jupe ! (rires)