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Biffy Clyro

Ellipsis

Biffy Clyro - Ellipsis
Chronique Album
Date de sortie : 08.07.2016
Label : 14th Floor Records
25
Rédigé par Cassandre Gouillaud, le 16 juillet 2016
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Après une année 2015 délibérément souhaitée calme, Biffy Clyro trustent de nouveau depuis quelques mois les gros titres de la presse musicale anglo-saxonne, dévoilant morceau par morceau les contours de leur, tant attendu, septième album studio. Tant attendu, car le trio écossais revient aujourd'hui sans doute plus grand que jamais, fort des succès de leurs derniers albums, qui ont pu les conduire au sommet des mastodontes T In The Park ou Reading & Leeds. Aussi attendu au tournant, car c'est l'attitude que l'on ne peut pas s'empêcher d'adopter face à un groupe qui déclare nous livrer leur meilleur album. Quand bien même, certes, ce genre de déclarations ait plus souvent mené à d'intenses déceptions qu'à de grands disques.

Qui dit septième album, dit aussi l'ouverture d'un troisième cycle pour un groupe qui conçoit sa discographie en trilogie. L'idée du renouveau jalonne ainsi les discours que le groupe a pu tenir sur cet Ellipsis, théâtre déjà du remplacement de leur producteur de longue date, Garth Richardson, aux manettes depuis trois albums, par un Rich Costey dont on ne peut plus compter les collaborations. Fallait-il attendre un second virage musical de la part des Écossais, qui avaient déjà divisé lors de la sortie de Puzzle ? Wolves Of Winter, dont la version studio a été révélée en mars dernier, avait de quoi laisser espérer les fans s'étant reconnus dans leurs derniers albums, qui avaient consacré leurs hymnes taillés pour les stades. Le morceau introductif reprend largement la recette qui a fait leur succès, entre choeurs, riffs glorieux et batterie véhémente signée Ben Johnston - moyennant un mix plutôt conventionnel. A enchaîner les premières parties en stade, il ne faut pas douter que Biffy Clyro ont su cultiver une expérience hors-normes des chants fédérateurs. Ils récidivent d'ailleurs dans la plus pop Friends And Enemies, parsemée de choeurs enfantins, scandant des « Friends as good as you » dont l'on peut percevoir d'emblée le potentiel en matière de sing-along. L'entrée en matière d'Ellipsis ne ravivera sûrement pas la flamme des fans de la première heure déçus, mais apparaît bien dans la continuité des derniers travaux du groupe.

Cela dit, ne nous mentons pas, l'affaire se complique au fil de l'écoute. Et le début de la descente ne porte pas d'autre nom que Re-arrange. Pourtant un classique de la discographie du groupe, cette ballade menée par Simon Neil échoue à susciter autre chose qu'une déception au regard d'une production léchée qui coupe court à toute émotion. Entre des paroles mièvres (« Cause I would never break your heart, I would only re-arrange ») et une voix tentant de se poser trop haut, la sanction est immédiate. Medicine, lointaine petite soeur de la très belle Machines et quoique moins superficielle, n'échappe pas à ce constat. Ce sont dans ces moments de simplicité émotive que la faiblesse de ce nouveau Biffy s'impose à nous, aux côté des expérimentations de Small Wishes, un étrange croisement country qui remporte haut la main le titre de coquille vide de cet album.

Dans son ensemble, l'album tend à nous faire oublier que ce qui faisait, autrefois, la gloire du trio écossais était ce sens du dépassement qui orientait leurs riffs aux distorsions acérées. Cette forme de brutalité sans concession aucune, qui transparaît tout juste au travers de la rage contrôlée de On A Bang, apportant sur le fil à Ellipsis son quota de nervosité fiévreuse. Ce n'est pas pour autant que l'ensemble doit se voir défini comme absolument mauvais, surtout quand il risque de franchement plaire à une bonne partie des fans, mais il n'a pas les épaules pour négocier ce nouveau, et hésitant, nouveau virage musical. La faute à des expérimentations qui peinent à convaincre, ce septième album est tout juste moyen, tristement fade. Quitte à entendre une version édulcorée d'un Biffy Clyro que l'on connaît déjà des précédents albums (Animal Style, Howl) ou bien des tentatives d'innovation alambiquées, on regrette que le groupe n'ait pas davantage cherché à franchir les limites d'une zone de confort dans laquelle ils semblent s'enliser. Pas sûr, d'ailleurs, que Rich Costey soit la personne idéale pour en sortir.

Mais ne formulons pas trop de mauvais présages, et arguons qu'il reste encore deux albums et une armée de B-Sides pour faire de cette trilogie autre chose qu'un ensemble insipide.
tracklisting
    01. Wolves Of Winter
  • 02. Friends and Enemies
  • 03. Animal Style
  • 04. Re-arrange
  • 05. Herex
  • 06. Medicine
  • 07. Flammable
  • 08. On A Bang
  • 09. Small Wishes
  • 10. Howl
  • 11. People
titres conseillés
    Animal Style, On A Bang
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