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Biffy Clyro

Interview publiée par Fab le 1er juin 2007

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Nouveau label, nouvelles ambitions et nouvelle réussite... pour leur quatrième album, Puzzle, Biffy Clyro semblent enfin prêts à aller de l'avant et prendre une nouvelle dimension au Royaume-Uni et en Europe. Rencontre avec trois écossais plus motivés que jamais !

Vous voilà de retour après trois années sans nouvel album, alors que vous aviez sorti vos trois premiers disques dans le même intervalle de temps ! C'est une éternité pour vous...

On peut le dire oui, l'attente a été très longue. Beaucoup de choses nous sont arrivées durant cette période, principalement à cause des discussions avec notre label, Beggars Banquet, que nous avons quitté pour rejoindre 14th Floor Records. Tout a été ralenti, ce qui a rendu les choses un peu étrange par rapport à nos habitudes, mais on revient avec un album pour lequel nos espérances sont importantes.

Signer chez 14th Floor Records était-il une étape nécessaire afin de franchir un cap et aller de l'avant ?

C'est un ensemble de petites choses qui nous ont fait prendre conscience de ce besoin. Notre nouveau label nous soutien totalement, moralement et financièrement... pour preuve, nous voilà en Europe avec Bloc Party pendant un mois, et d'autres concerts sont déjà prévus pour les mois à venir. On a aussi pu prendre beaucoup de temps pour préparer notre quatrième album car personne ne nous a pressé. Je n'ai aucune doute sur le fait qu'il était nécessaire pour nous de quitter Beggars Banquet afin de franchir un nouveau palier.

Et pourquoi avoir choisi 14th Floor Records plutôt qu'une autre maison de disques ?

La personne en charge de la signature des groupe est un de nos plus fervents fans depuis des années, il nous répétait régulièrement qu'un jour il travaillerait avec nous mais on ne le prenait jamais au sérieux. Le rapprochement s'est donc fait naturellement. Il comprend notre fonctionnement artistique et humain. Ses aspirations pour Biffy Clyro sont les mêmes que les notres, c'était donc le meilleur choix.

Passer d'un label indépendant à une major est une évolution importante...

Je suis content que cela n'intervienne qu'après notre troisième album car le groupe a pu mûrir durant toutes ses années sans être écrasé par une pression trop importante. Réussir cette mutation est un challenge pour nous.

Le soutien financier et promotionnel autour de ce nouvel album est très important, comment le vivez-vous ?

La promotion ne nous concerne pas mais elle est nécessaire pour tout groupe. Au delà de la musique qu'on joue, on sait parfaitement qu'on doit vendre des disques et remplir les salles de concert, mais je pense que les chansons qu'on a pu écrire ces derniers mois méritent cette exposition plus importante. On a travaillé dur pour obtenir tout cela, et ce n'est pas un problème si des gens peuvent s'intéresser à nous et notre musique après avoir vu une publicité.

Comment avez-vous ressenti le fait d'être en couverture de Kerrang! ou Rock Sound récemment ?

On l'a vécu de manière assez étrange car cette exposition est nouvelle pour nous. Ca ne nous semble pas logique, mais je suppose que c'est aussi une bonne chose car cela signifie que les journalistes apprécient nos nouvelles chansons. C'est un sentiment très surprenant de voir ton visage dans les kiosques à journeaux, tu réalises à ce moment-là que le groupe est en train de se faire une place et que les gens peuvent te reconnaître par la suite dans la rue... on essaye malgré tout de ne pas y penser, ça ne change pas qui on est et ce qu'on aime faire.

Vous avez choisi d'intituler votre nouvel album Puzzle, pourquoi cela ?

C'est une vision imagée de la vie, de nos vies. En tant que groupe on a vécu beaucoup de choses ces derniers mois, nos vies ont changé et la période de transition a été vécue comme un puzzle. Il nous a fallu régler de nombreux détails, personnels ou professionnels, mais tout cela nous a pris beaucoup de temps. C'est peut-être très cliché, mais cette mise au point a constitué notre puzzle.

Vous avez travaillé sur ce disque avec GGGarth Richardsson et Andy Wallace, deux personnes qui ont notamment produits des albums de Rage Against The Machine ou Nirvana. Etait-ce dans le but de donner une certaine orientation à votre musique ?

On les a choisis car ils avaient travaillé avec Rage Against The Machine et Nirvana ! (rires). On avait besoin de personnes capables d'apporter une nouvelle dimension à notre musique et on savait avant-même de les rencontrer qu'ils feraient l'affaire. Ce sont des personnes très patientes et expérimentées, elles savent travailler méticuleusement sans précipitation et je crois qu'à l'écoute de l'album on ne peut qu'être satisfait du résultat.
Andy Wallace est quelqu'un de très difficile, il ne travaille pas avec n'importe qui et on a donc dû attendre d'avoir une réponse positive de sa part. C'est vraiment très flatteur de réaliser qu'une personne de son niveau accepte de travailler avec toi. On l'a accompagné à New York durant une semaine lors du mixage et on a compris que c'est une personne comme une autre mais aussi un passionné de musique très talentueux.

La plupart de vos singles passés étaient très différents des albums desquels ils étaient tirés, peut-on selon vous effectuer le même constat pour semi-mental ou Saturday Superhouse ?

Nos singles n'ont jamais totalement reflêté l'esprit de nos albums, et c'est pour cette raison qu'on ne s'implique que très peu dans leurs choix. Tu ne peux pas résumer un disque à travers une chanson, c'est simplement impossible... mais on ne se prend pas la tête pour si peu. Les singles sont indispensables pour un groupe, et même si notre album sera sans doute différent de ce que les gens ont pu entendre sur semi-mental ou Saturday Superhouse, notre sentiment de confiance envers ce disque reste très fort.

Contrairement à ces deux titres, Living Is A Problem Because Everything Dies est peut-être votre single le plus ambitieux à ce jour...

C'est une chanson épique et dramatique sur laquelle la présence d'un orchestre et d'un choeur de voix est très importante. C'est une chanson originale, on a voulu tester de nouvelles idées et lorsque notre label nous a appris qu'il désirait en faire un single, on a tous été surpris et ravis. Ce n'est pas une pop song de deux minutes et elle représente très bien l'ambiance générale du disque, ce qui est une bonne chose vis à vis des personnes qui vont nous découvrir à travers elle.

En quoi ce nouvel album est-il différent de vos précédents disques selon vous ?

Le son y est très imposant, presque d'une manière sonique. Les idées y sont aussi moins condensées et les chansons me semblent plus variées, plus expérimentales par instant peut-être. Avec Infinity Land on avait cherché à créer un disque de pop complexe mais pour Puzzle on a voulu développer l'aspet épique et spécial du groupe dans un nouvel élan. Les effets de guitare sont plus complexes, parfois même étranges... tout y est beaucoup moins dramatique en résumé.

Quels sont les thèmes abordés sur ce disque ?

Le fait de perdre les personnes que tu aimes, la tristesse que tu peux éprouver dans ce genre de situation... ce sont des sentiments que tout le monde ressent à un moment de sa vie. C'est un disque très personnel de ce point de vue et la plupart des chansons ont été marquées par cet aspect négatif de la vie.

C'est donc un disque très sombre ?

Exactement. Ces deux dernières années ont vraiment été très dures, certains de nos proches nous ont quittés, l'enregistrement du disque s'est déroulé avec beaucoup de pression... tous ces événements sont présents dans les textes de nos chansons et se mêlent aux mélodies.

Ce nouvel album est donc en quelque sorte celui qui devrait vous permettre de percer en Europe, je suppose que c'est un de vos objectifs ?

On demande uniquement une chance de sortir nos disques dans de nouveaux pays et de donner des concerts. On ne s'attend pas à remplir des stades, mais si la chance de partir en tournée en Europe nous est donnée alors on la saisira. Cette ambition est l'une des raisons qui nous ont poussé à changer de maison de disque. Jusqu'à maintenant on ne donnait qu'un ou deux concerts dans chaque pays, c'était une vraie frustration car on aurait aimé pouvoir faire plus pour ceux qui nous apprécient.

Votre tournée avec Bloc Party devrait donc vous être très bénéfique, comment s'est-elle organisée ?

Bloc Party apprécient notre musique depuis longtemps et ils nous ont contactés il y a environ deux mois pour nous proposer de partir en tournée avec eux... Comment aurait-on pu refuser une telle offre ? C'est vraiment le nouveau départ dont on rêvait pour l'Europe, on nous donne la possibilité de visiter de nombreux pays et de convaincre des personnes qui n'avaient jamais entendu parler de nous jusqu'à alors ! On pose en quelque sorte les bases de nos prochaines tournées, on ne remerciera jamais assez Bloc Party pour tout ça.

A ce sujet, vous êtes souvent décrits comme un groupe « live », ce n'est pas vexant par rapport aux disques que vous publiez ?

Non car c'est la réalité ! On a donné des centaines de concerts depuis la création du groupe et c'est sur ce terrain qu'on a appris à jouer de la musique et qu'on a progressé au fil des années. En studio on a toujours tenté de capturer une facette différente de celle que les gens connaissent sur scène, peut-être moins intense et explosive. C'est donc très flatteur d'entendre encore et toujours que nos concerts sont plus intéressants que nos disques, même si notre maison de disque apprécierait peut-être que ce soit l'inverse ! (rires)

Lors de votre dernière tournée au Royaume-Uni vous étiez accompagné par Aereogramme. C'est important pour vous de donner un coup de pouce aux autres groupes écossais quand vous en avez la possibilité ?

Bien sûr, d'autant plus si ce sont des amis à nous ! Aereogramme est un groupe sous-estimé qui a sorti d'excellents albums ces dernières années alors c'est un plaisir que de leur donner une chance de se faire connaître. C'est une contribution modeste mais ça ne peut pas leur nuire...

Lors de votre dernier concert à Stoke au mois d'avril vous aviez un invité très spécial sur scène...

Oh oui ! C'était le premier concert de notre tournée et j'ai connu de gros problèmes de voix, je ne pouvais presque plus chanter. On a donc appellé Mike Vennart d'Oceansize pour lui demander de venir chanter quelques unes de nos chansons, ce qu'il a fait avec plaisir. C'était très étrange de monter sur scène et de ne pas pouvoir utiliser ma voix, d'autant plus que c'était la première fois qu'un problème de ce genre me touchait ! Mike a en quelque sorte sauvé le concert, et je crois que tout le monde a pris beaucoup de plaisir à le faire !

Vous n'avez jamais pensé à enregistrer une collaboration avec un artiste quelconque ?

On aime jouer de la musique avec nos amis pour le plaisir, mais pas d'un point de vue plus sérieux. Notre monde musical est très personnel et je ne crois pas qu'on arriverait à travailler ou enregistrer des chansons avec d'autres personnes.

Qu'attendez-vous maintenant des prochains mois ?

Donner beaucoup de concerts, être très occupés, sortir notre album... on a des idées plein la tête, on va partir en tournée au Royaume-Uni, jouer dans de nombreux festivals puis essayer de percer en Europe et aux Etats-Unis par la suite. Ces deux régions sont très importantes désormais, on veut y trouver une place dans les années à venir.