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Laura Marling

Semper Femina

Laura Marling - Semper Femina
Chronique Album
Date de sortie : 10.03.2017
Label : More Alarming Records
45
Rédigé par François Freundlich, le 6 mars 2017
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Voilà dix ans que nous suivons Laura Marling et, avouons-le, la songwriter brit-folk a toujours été une de nos artistes chouchou : de son premier disque fragile et adolescent, jusqu'à Short Movie, écrit dans une période instable de sa vie où elle vivait à Los Angeles. Avec ce sixième disque, l'anglaise définitivement retournée s'installer à Londres s'affirme dans la maîtrise totale de toutes les phases de création, allant jusqu'à réaliser elle-même le clip féminin et méticuleux de Soothing.


Semper Femina est d'abord un disque qui s'interroge sur une vision du monde d'un point de vue féminin, sans pour autant vouloir affirmer une position définitive sur le féminisme mais en explorant sa propre expérience. Le titre du disque vient d'ailleurs d'un tatouage qu'elle porte sur sa cuisse depuis ses vingt-et-un ans, provenant d'une citation de Virgil : « Fickle and changeable, semper femina » (ndlr : volage et changeante, toujours femme), modifiée par Laura en « Always a woman » (toujours une femme). Elle cherche ainsi à redéfinir les caractéristiques peu flatteuses écrites par des hommes, en redéfinissant la féminité d'un point de vue féminin.

Semper Femina semble explorer musicalement tous les chemins empruntés par Laura Marling. Le disque remonte le temps en débutant par une certaine perfection et des arrangements marqués, jusque à une fin plus dépouillée rappelant ses propres débuts. Seuls les violons restent la constante de l'album, tantôt accompagnés par les guitares acoustiques, électriques ou par une simple basse bluesy comme sur l'intrigante Soothing. Ces cordes imposent une atmosphère flottante et paisible pour un disque vaporeux et intimiste qui s'écoute comme on prend une bouffée d'air frais en plein été. On retrouve cette subtilité et cette grâce intactes sur la ballade acoustique langoureuse The Valley où la voix semble se dédoubler. Les morceaux sont plus longs, les arrangements variés prenant le temps d'imposer leur poésie. Cette voix parlée semble nous raconter frontalement l'histoire comme si l'on se trouvait dans la même pièce, avec ce langage parfois direct et cru comme sur Wild Fire.

La guitare électrique résonne finalement sur Don't Pass Me By, pour un titre qui restera certainement comme marquant dans sa carrière, sonnant comme un classique immédiat avec ces violons pincées semblent émietter la langueur de cette voix ayant atteint une clarté saisissante. La douceur reprend le dessus sur les élancements de violoncelles de Always This Way ou sur la ballade onirique Wild Once. Laura Marling possède cette capacité à élever un morceau d'un simple souffle, puis de le faire évoluer vers une rêverie pouvant être touchée du bout des doigts. La fin d'album se fait plus brute sur Nouel, avec cette guitare déglinguée, aux aspérités palpables prenant la forme d'une mise à nue à la Neil Young. Cette référence est également présente sur Nothing, Not Nearly et sa guitare électrique torturée concluant sur un sommet blues rock.

Laura Marling semble sortir peu à peu de son studio au fil de Semper Femina, passant de débuts très produits à une fin qui semble presque avoir été enregistrée sur le vif à l'arrêt de bus pendant une averse. Certainement le disque le plus abouti de la songwriter de vingt-sept ans, toujours très haut dans la qualité de ses compositions, mais aussi dans nos cœurs.
tracklisting
    01. Soothing
  • 02. The Valley
  • 03. Wild Fire
  • 04. Don’t Pass Me By
  • 05. Always This Way
  • 06. Wild Once
  • 07. Next Time
  • 08. Nouel
  • 09. Nothing, Not Nearly
titres conseillés
    Don’t Pass Me By, Soothing, Nouel
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