Holy Esque

Il y a deux ans et quelques mois, les écossais de Holy Esque sortaient leur premier LP At Hope's Ravine : une échappatoire sombre et auto-produite. Ici, Television / Sweet est un calcul face à l'ère numérique, et une réaction à l'aliénation causée par l'industrialisation. Des thèmes qui attristent ces musiciens marqués par le post-punk obscur.

Bien évidemment, ce LP successeur a été enregistré avec rage. Television / Sweet : d'entrée, on remarque un large contraste entre le titre, bienfaisant en apparence, et son réel contenu. Holy Esque font surchauffer les amplis pour repartir en tournée, tout en soignant la production et en signant un disque plus distinct que At Hope's Ravine. L'enchaînement des morceaux révèle un fil conducteur, mais non sans embûches.
Image Of A Man assure une entrée violente. La musique brise une épaisse couche de glace : les guitares saturent autant que la voix s'éraille. Toutefois, l'empreinte de ce premier pas sur un sol immaculé se rebouche. En effet, le plan suivant nous change d'atmosphère : I Am The Truth est une galerie hantée avec une synth-wave agressive en guise de bande sonore.

Le quartet balance tout de même un jeu inégal. Le coup est doublement intéressant sur le caverneux et heavy House Of Wound. Seulement, Holy Esque est parfois comme une méduse. La piste Give Me Your Stillness est un tant soit peu pleurnicharde comme transition. Plus loin, le Modern Tones auquel on reproche d'être répétitif comme un train fantôme ne s'intensifie que tardivement, avant de s'arrêter brusquement.
La relève est plus efficace et délirante sur He, Spectral Electra. Quant à Anxiety, elle s'impose vite comme une chanson majeure du disque, et comme la seule qui séduit au même niveau que son caractère rêveur. D'ailleurs, la navigation se termine par le paisible titre Television / Sweet qui donne son nom à ce deuxième album épais comme la brume. Il résulte du moins, une part d'imprévisible.

Les gars de Glasgow avancent globalement dans une direction qui leur convient. Ils gardent bien sûr en tête l'urgence de leur musique. Un constat plus percutant pour Holy Esque.