Girls Names

Stains On Silence est la bande son du doute et de la déprimante impression de ne pouvoir contrôler une vie qui vous échappe. Et pour cela, le groupe de Belfast n'a nullement eu besoin de jouer la comédie. Girls Names, ne réussissant pas à produire un quatrième album qui les satisfassent, ont fait un break. Pas un truc d'artistes qui veulent se régénérer, non, plutôt un truc d'adultes qui ont envie de savoir comment ils vont payer leurs loyers.

Cette pause explique autant les trois années qui séparent cet album de son prédécesseur que la qualité de la production de chansons qui ont été enregistrées et mixées à plusieurs reprises jusqu'à atteindre la perfection. Quitte à ne pas bien vivre de sa musique, quand on a déjà sorti trois beaux albums, autant que la suite en vaille la peine.

Ce disque qui aurait bien pu ne jamais exister débute pourtant mollement avec un 25 lancinant que le groupe a sorti en amont sur internet sans même une vidéo. La densité sonore de Stains On Silence monte progressivement avec des tournures presque industrielles (The Process). Après s'être décoincé, The Impacted Mystique est encore un cran au-dessus, apportant une mélodie pop qui part gentiment en distorsion dans le final.

Après ça, l'album est lancé. Les possesseurs de la version vinyle se lèvent et retournent le disque, une première fois. Le groupe a voulu faire de Stains On Silence un album à l'ancienne: court et que l'on peut écouter en boucle. Cette ambiance rappelle les groupes oubliés de la cold wave post Joy Division. Alors que les formation originaires du Royaume-Uni étaient passées à autre chose, les belges de The Names et Siglo XX ou les français de Clair Obscur et Résistance continuaient à écrire du post-punk mélodique, dissonant et touchant les cordes sensibles.

Même si la tonalité du disque est clairement triste, il y a une vraie envie de plaire dans cette musique qui, au final, est loin de déprimer et donne effectivement envie de l'écouter en boucle.