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Woman's Hour

Ephyra

Woman's Hour - Ephyra
Chronique Album
Date de sortie : 15.02.2019
Label : Practise Music
4
Rédigé par Cassandre Gouillaud, le 20 février 2019
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Woman's Hour a bien failli n'être qu'une aventure aussi éphémère que fulgurante. Leur premier album, Conversations, sorti en 2014, avait placé le quatuor londonien, maintenant devenu un trio, parmi les plus prometteurs espoirs de la scène anglaise, avant que des dissensions internes au groupe ne les amènent à annoncer leur séparation deux années plus tard. Qu'est-ce qu'Ephyra, dans ce contexte ? De leurs propres mots, une eulogie. Un ensemble de morceaux inachevés, rescapés de cette période de troubles, que le groupe a récemment décidé de terminer pour donner vie à ce second album. Ephyra est une œuvre d'art cathartique, qui est autant une expression des troubles mentaux qui ont mis à mal sa réalisation qu'une réflexion sur les conséquences de ces évènements.

Ce second album est chargé d'une puissance émotionnelle qui se déploie dès Don't Speak, morceau né d'un état de vulnérabilité profond, sur lequel Fiona Burgess conte des relations humaines réduites au silence « Don't speak / It's not worth the argument ». En tant qu'ensemble musical né de sessions étalées sur des années, Ephyra trouve sa force principale dans sa pluralité ainsi que des contrastes sonores aigus. From Eden To Exile Then Into Dust peut compter sur une production sonore acérée et exigeante pour former une envolée vibrante de six minutes qui constitue sans doute le pari le plus osé de cet effort. Les envolées vocales aériennes de Burgess y viennent se heurter à des rythmiques situées entre la dance et la trap, qui se dotent ensuite de synthés agressifs pour faire basculer la dernière minute du morceau dans une échappée digne des grandes années des raves. Ces contrastes exacerbés sont reconduits sur I Can't Take You Seriously, dont les synthés vrombissants sont mis au service d'une montée en tension remarquablement captivante.

Les cinq années qui séparent Ephyra de Conversations ont vu Woman's Hour indéniablement mûrir leur son, résolument plus moderne et soigné sur ce nouvel album. Des morceaux plus dépouillés, tels que Luke, se laissent presque entendre à la fois en termes de sons et d'espaces, tant le groupe manie avec justesse silences, nappes et boucles instrumentales pour créer des dimensions immatérielles nouvelles. À la suite de l'échappée pop qu'est Mirrorball, l'album s'achève par ailleurs par une succession de morceaux plus minimaux, It's A Blast et Removal Of Hope, habillés d'arrangements éthérés et, une nouvelle fois, de la voix claire de Burgess, véritable rayon de lumière de cet album qui surplombe ces titres avec merveille.

Du haut de ses trente-et-une minutes, Ephyra est une œuvre qui sait intriguer et convaincre, même si elle manque d'une conclusion à la hauteur de son propos. Si le futur de Woman's Hour reste plus qu'incertain à la suite de cette sortie, le trio sera tout de même parvenu à livrer un second album surpassant à plusieurs égards son prédécesseur, et ainsi à prouver de nouveau l'étendue de son talent.
tracklisting
    01. Don't Speak
  • 02. From Eden To Exile Then Into Dust
  • 03. I Can't Take You Seriously
  • 04. Luke
  • 05. Mirrorball
  • 06. Heathen
  • 07. It's A Blast
  • 08. Removal Of Hope
titres conseillés
    From Eden To Exile Then Into Dust, I Can't Take You Seriously, Luke
notes des lecteurs
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