C'est donc par une affiche électro-pop qu'a débutée cette vingt-septième édition du festival des Inrockuptibles. Point d'Olympia cette année pour permettre aux grosses pointures de s'exprimer, mais deux casinos de Paris dont cette première date.

A l'issue de cette soirée montée crescendo en intensité, on se demandera probablement éternellement ce qui a poussé les Inrockuptibles à programmer
Oceaàn. En effet, la prestation du mancunien accompagné par un second musicien n'avait tout bonnement rien d'intéressant. Adeptes d'un R'n'B de piètre qualité, aidés par une multitude de bandes enregistrées, les anglais n'ont pas une seule seconde réussi à nous convaincre d'un quelconque intérêt scénique et, pire que tout, de la moindre originalité musicale. La voix aigüe d'un des compères s'avère particulièrement horripilante, quand à son vis-à-vis s'exténuant vainement sur une batterie électronique, on aurait aimé lui demander de s'arrêter. Au bout de trente minutes d'un supplice pour le moins inutile, on respire de nouveau lorsque les lumières illuminent enfin le Casino de Paris.

C'est dire si on attendait la venue sur scène de
Woman's Hour pour effacer à tout jamais ce démarrage pour le moins catastrophique. Accompagnés d'un batteur en guise de cinquième membre, les Londoniens se fondent dans un décor parsemé de formes géométriques identiques à celle présente sur la pochette de
Conversations, leur premier effort studio. Fiona Burgess, la chanteuse, arbore toujours cette couronne dans les cheveux et est plus que jamais dans la gestuelle. Sa voix claire et posée raisonne joliment dans la salle parisienne. Le son est indéniablement plus étoffé que d'accoutumée. Et même si la formation reste un tant soit peu statique tout au long de la performance, on prend plaisir à écouter leurs compositions aux influences eighties. Mention spéciale toutefois à
Darkest Place plus rythmée que la majorité des autres chansons et où Woman's Hour gagnent sérieusement en intensité et en percussion. Leur reprise du
Dancing In The Dark du Boss s'avèrera quand à elle réussie et le final percutant de
The Day That Needs Defending nous permettra d'oublier le début de soirée calamiteux que nous venions de subir.

A 21h30, le Casino de Paris se retrouve enfin bien rempli. On aura donc compris que le public se sera déplacé ce soir pour
Lykke Li, tête d'affiche de cette première date du festival. Débutant son show dans une semi-pénombre brumeuse, la suédoise, toute de noir vêtue, attaque sur les chapeaux de roue avec la plage qui donne son nom à son troisième opus
I Never Learn. La salle est immédiatement conquise et le son produit par les cinq musiciens donne une sacrée identité à la musique de la belle. Bien plus à l'aise qu'au Trianon en mai dernier à l'occasion des concerts de lancement de la tournée, la chanteuse joue de son aura telle une grande prêtresse, passant du chant à la danse s'apparentant par moments à un véritable rituel.
La lumière restera blafarde pendant toute la durée du concert, ne laissant donc jamais clairement apparaitre le visage de la chanteuse. Le set sera très majoritairement consacré aux chansons de ses deux derniers disques, son premier album
Youth Novels ne bénéficiant que de deux petites replongées dont une version particulièrement noircie de
Little Bit et un
Get some au final proche du tintamarre. Mention spéciale à la version explosive de
Rich Kids Blues jouée dans un éclairage rouge sang. On pardonnera à la suédoise la version interrompue et finalement inachevée, malgré une ultime tentative, d'une interprétation acoustique de
Love Me Like I'm Not Made Of Stone.
Le concert s'achève avec un parfait
Heart Of Steel après une heure et quinze minutes de bonheur qui, comme tous les bonheurs, n'a pas de prix.
Photographies : ©Valentin Chemineau