Enter Shikari

La sortie du nouvel album d'Enter Shikari en cette période troublée a le mérite de donner un écho plus pertinent aux nombreux coups de gueules qui parsèment ce Nothing Is True & Everything Is Possible.

Familiers des diatribes politiciennes et autres textes enragés, la particularité du groupe de Rou Reynolds est le melting pot musical dans lequel ils piochent ardemment. C'est aussi souvent le problème car nombre de leurs albums précédents se sont révélés indigestes du fait de trop de foisonnement.
Avec ce sixième essai la multitude est encore de mise mais les prises de risque se révèlent audacieuses, certaines offrant un résultat vraiment réussi.

Musicalement parlant, le socle punk hardcore est toujours présent, forgeant l'identité du groupe. Les digressions donnent alors le ton de chaque album, et ce nouveau disque étant garni de quinze titres on y trouve de quoi assouvir sa curiosité.
Les morceaux les plus classiques débutent l'album, ainsi l'ouverture avec The Great Unknown rassure car ce post-hardcore est largement maitrisé. T.I.N.A, single dévoilé il y a peu, est lui aussi un titre dans la grande tradition électro punk qui continuent de ravir les fans d'Enter Shikari.


Deux autres réussites suivent et ont le mérite de rabibocher les plus anciens fans qui ne se sont jamais remis de l'après premier album Take To The Skies. {The Dreamer's Hotel} s'immerge dans un son métal parfaitement exécuté, où la guitare heavy domine. Watlzing Off The Face Of The Earth (I. Crescendo) est une incroyable pépite qui mêle une orchestration à base de corps de chasse venant se mêler à de bons gros riffs de guitare le tout avec un chant subtile, Rou clamant la tirade fil conducteur de l'album « Nothing Is True And Everything is Possible ».


Par la suite, les expérimentations se suivent et sèment le trouble. Apocaholics Anonymous (Main Theme in B Minor), en mêlant beat hip-hop et dub electro plutôt cheap ennuie vite, le tout étant dénué de paroles. Elegy For Extinction dont on se doute que l'ironie est de mise via le titre est un autre interlude musical cette fois-ci en mode concerto de violons, qui somme toute très beau n'a vraiment rien à faire dans le contexte de l'album.

Quelques titres n'échappent pas à la lourdeur des ballades emo. Ainsi, les plus romantiques écraseront une petite larmichette pleine de mascara noir sur leur tee-shirt de My Chemical Romance en écoutant The Pressure's On ou Crossing The Rubicon qui atteint des sommets dans le genre.
Néanmoins, la fin de l'album mérite notre attention : The King revient à un punk rock tout simplement explosif, dépourvu d'artifices. Le Marionnettes épisode I débute avec la fluidité de la voix de Rou Reynolds, toute en douceur et intensité qui fait alors contraste avec son dub percutant. Sa suite Marionnettes épisode II est déclamée en phrasé rap et puissant.

Nothing Is True & Everything Is Possible fait remonter d'un cran dans notre estime les Enter Shikari. Le groupe démontre encore ici ses nombreuses sources d'inspirations, quitte à toujours décontenancer un peu. Il en ressort donc quelques titres forts, d'autres à l'audace qui paye pour tout de même une bonne moitié dont on ne s'explique pas la logique.
Une chose est sûre, le groupe a fait preuve de beaucoup d'inventivité pour surprendre son public, le pari est réussi.