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Damon Albarn

Paris, Alhambra - 5 mai 2014

Live-report par Emmanuel Stranadica

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Une semaine après avoir sorti, pour la première fois sous son propre nom, un album solo gracieux et mélancolique, Damon Albarn se produisait à l'Alhambra de Paris. Ce concert complet en une poignée de minutes (secondes ?) allait-il tenir toutes ses promesses ? Méfiance, car à parfois trop attendre on repart souvent déçu. Au titre de la première partie, c'est le nigérien Rémi Kabaka, musicien nigérian et membre de Gorillaz, affublé d'un couvre-chef à plumes, qui officie pour un DJ set assez réussi où se mêle à plusieurs occasions la voix du Monsieur que toute l'assistance attend.

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A vingt et une heures passées de quelques minutes, la lumière s'éteint. Damon Albarn, ses musiciens ainsi qu'un quartet à cordes rentrent sur scène. Celui qui semble toujours rester l'éternel adolescent s'est permis le luxe de sortir pour l'occasion un joli costume magnifiquement taillé qu'une cravate vient parfaire. Le britannique a le sourire et s'amuse à arroser le public, histoire de rafraichir une salle où la température est particulièrement élevée. Le concert débute de façon studieuse et downtempo avec un Lonely Press Play de toute beauté durant lequel le public s'exclame à chaque fois que le chanteur entonne : "You're waiting for me". Le set se poursuit avec la plage d'ouverture ayant donné son nom à l'album : Everyday Robots. Magnifiquement interprétés, ces deux morceaux ne laissaient pas supposer la première surprise de la soirée dès l'acte suivant. L'anglais n'allait pas se contenter d'effectuer une relecture live de son nouvel opus, son concert va au contraire constituer une forme de ballade à travers la longue discographie du bonhomme. Aidé d'un mélodica, Damon Albarn entame avec sa troupe les premières note de l'un des grands classiques de Gorillaz : Tomorrow Comes Today. Le son est magnifiquement réglé dans la salle parisienne, la version parfaitement interprétée et le final expérimental dubo-électrique de la chanson ravissent le public.

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A partir de ce moment l'anglais de Whitechapel ne va jamais cesser d'alterner entre l'univers de ses dernières compositions et celui de ses groupes/projets antérieurs. Gorillaz principalement, mais aussi The Good, The Bad And The Queen avec notamment une version de Three Changes où les influences afro dub maliennes de l'aventure Mali Music se font sentir, tout comme l'inévitable inspiration émanant du Sandinista des Clash probablement renforcée par la collaboration avec Paul Simonon via lequel il enregistra, notamment, cette chanson.
Damon Albarn sait très bien s'entourer et ses musiciens lui rendent bien. Jeff Wootton et Seye Adelekan, passant à tour de rôle de la guitare à la basse, ainsi que l'incroyable Pauli The PSM à la batterie, donnent aux compositions du quadragénaire une vitalité sonore exemplaire. Pas de comparaison possible avec les torrents électriques produits par son complice Graham Coxon, mais nous n'avons pas perdu au change pour autant. D'autant plus que, autre surprise, Tony Allen est venu en personne, le temps de deux chansons, officier à la batterie. L'immense décalage entre l'énergie folle du batteur titulaire et la zenitude du nigérian ne gâchent en rien la performance de l'excellent Kingdom Of Doom. L'absence de Flea ne se fait pas non plus sentir pour l'interprétation de Poison (tirée de Rocket Juice & The Moon paru chez Honest Jon's Records) toujours en compagnie du batteur septuagénaire.

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Après un quasi enchainement entre Hollow Ponds et El Mañana, le groupe revenu à sa forme originelle abandonne Damon Albarn qui exécute au piano une version dépouillée (avec un raté) du grand Out Of Time, histoire de ne pas délaisser les chansons du groupe qui lui a permis de se faire un nom. A nouveau en formation complète, le concert s'achève avec All Your Life, face b parfaitement inattendue du single Beetlebum.

Un bref passage dans les coulisses, et la petite troupe revient déjà pour un rappel de quatre chansons. A commencer par le grand Clint Eastwood sur lequel Oxmo Puccino vient raper une histoire en français, desservant plutôt qu'autre chose la version live. Ce clin d'œil n'aura pourtant nullement gâché cette magnifique soirée. La chorale gospelle de Paris vint se joindre aux musiciens en place, portant ainsi à quinze les artistes sur la scène de l'Alhambra, le temps de deux extraits de Everyday Robots, avant que le concert ne se finisse par un sublime This Is A Low intimiste. N'en déplaise à certains inévitables détracteurs, Damon Albarn aura su parfaitement enchanter la nuit parisienne pendant une heure et demie. Celui-ci n'a certes plus rien à prouver mais réussit encore à nous surprendre sans artifices. Séance de rattrapage (voire de prolongation) à la salle Pleyel le 9 juillet prochain.
setlist
    Lonely Press Play
    Everyday Robots
    Tomorrow Comes Today (Gorillaz cover)
    Hostiles
    Slow Country (Gorillaz cover)
    Kids With Guns (Gorillaz cover)
    Three Changes (The Good, The Bad & The Queen cover)
    You And Me
    Photographs (You Are Taking Now)
    Kingdom Of Doom (The Good, The Bad & The Queen cover)
    Poison (Rocket Juice & The Moon cover)
    Hollow Ponds
    El Mañana (Gorillaz cover)
    Out of Time (Blur cover)
    All Your Life (Blur cover)
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    Clint Eastwood (Gorillaz cover)
    Mr. Tembo
    Heavy Seas Of Love
    This Is A Low (Blur cover)
photos du concert
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