Stereophonics

C'est avec une régularité sans failles que nous retrouvons Stereophonics pour ce nouvel album au nom bien difficile à prononcer (un éternuement semble être la meilleur façon de se rapprocher du résultat souhaité), Oochya!.
Il est à noter que cet album est en quelque sorte une surprise car il avait un temps été annoncé une compilation venant célébrer ce quart de siècle rock and roll. Grand bien lui en a pris, la bande à Kelly Jones, à la sortie des multiples confinements et autres mises à pied, a décidé de se tourner vers l'avenir et de nous proposer un nouvel opus qui revient aux racines rock du groupe.

Selon Kelly Jones, Oochya! est un cri de ralliement quotidiennement poussé pendant l'enregistrement pour se motiver et faire sortir toute la frustration issue des phases d'isolements. De retour en studio, le disque dur plein de titres inachevés laissés en plan lors des productions précédentes, le choix d'un Best Of a vite été écarté pour favoriser la création et afin de finaliser ces ébauches qui n'ont pas trouvé leur place à l'époque.


Avec ses quinze titres, le disque est aussi garni que peut l'être une compilation et offre un panel varié mettant en exergue les multiples facettes de Stereophonics. Ainsi, les fans de tout bord y trouveront leur bonheur : les racines indies réapparaissent avec Hanging On Your Hinges qui nous renvoie il a vingt-cinq ans tout rond lorsque nous découvrions Word Gets Around et ces marmots inconnus au bataillon issus d'un village perdu du Pays de Galles. A l'époque un trio, devenu plus tard un quartet avec quelques changements de casting et une perte tragique, les Gallois ont muri tout au long de ces années, ainsi nous réalisons l'évolution du groupe vers un songwriting au cadre solide et à l'éternelle quête de la mélodie parfaite : Forever, When You See It ou Right Place Right Time sont ce que l'on peut définir comme le « son Stereophonics ». Au rendez-vous d'une pop-rock jamais prétentieuse et aux refrains qui restent dans la tête, Stereophonics peuvent sans rougir se revendiquer comme un groupe populaire qui n'a plus besoin de se battre pour faire ses preuves auprès du plus grand nombre.


Ce qu'il ressort de ce nouveau disque est une volonté de se faire tout simplement plaisir. Ainsi, le rock qui a bercé les jeunes années de Kelly Jones et l'amour des grosses guitares de AC/DC, ZZ Top ou Iggy Pop se ressentent et se partagent à l'écoute de Running Round My Brain, Do Ya Feel My Love, You're My Soul ou Made A Mess Of Me. Cet enthousiasme retrouvé qui pouvait manquer sur les derniers disques fait plaisir à entendre et tombe à point nommé en cette période qui semble enfin nous guider vers la fin du tunnel.

Que serait un album de Stereophonics sans balades ? Elles sont toujours au rendez-vous et les plus réussies sont aussi les plus dépouillées : Leave The Light On, All I Have Is You et Every Dog Has Its Day au piano émouvant confirment la grande qualité de plume de Kelly Jones. Enfin, quelques surprises avec un virage plutôt country comme un écho à la participation de Kelly Jones au groupe Far From Saints et son fort accent texan avec Don't Know What You Got, Seen That Look Before et le très cool Jack In The Box qui viennent clôturer un disque très riche en styles.

C'est donc dans un esprit de réunion avec leur public et avec une forte envie de laisser derrière cette morosité liée à la crise que Stereophonics nous offrent un nouveau disque qui se veut tourné vers le futur. Sans jamais ignorer le chemin parcouru ces vingt-cinq dernières années, le succès ayant été aussi soudain qu'inattendu dès les débuts, la longévité de Stereophonics s'explique par ce qui guide Kelly Jones encore à ce jour : l'honnêteté. Cette dernière étant fidèlement retranscrite dans les albums, certains quittent le navire comme d'autres le rejoignent quel que soit leur âge ou leur références musicales. Oochya! est donc un album par définition grand public car éclectique et à l'image d'un Kelly Jones qui ne se refuse rien dans ses inspirations.