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Paris, Salle Pleyel - 29 novembre 2016

Live-report par Olivier Kalousdian

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Alors que les quartiers populaires de l'Est subissent une gentrification dommageable aux plus moyennes des classes sociales, c'est dans le chic Ouest parisien que le rock et ses aficionados vont se déplacer en cette soirée d'automne glaciale. Au 252 rue du Faubourg-Saint-Honoré, à quelques encablures du Palais de l'Elysée pour être plus précis. Salle historiquement vouée aux formations symphoniques et aux concerts classiques, elle change petit à petit de destination, notamment depuis que l'auditorium de Radio France et que la Philharmonie de Paris ont ouvert leurs portes. Dès lors et depuis sa très belle réfection en 2006, la salle Pleyel a interdiction de programmer des concerts classiques et ses nouveaux financiers, La Cité de la Musique, la Mairie de Paris et la Société Générale veulent voir en elle un nouvel Olympia.

Forts d'un nouvel opus posant les bases de ses nouvelles fondations sonores et d'une tournée plus visuelle que jamais, les londoniens d'Archive ont choisi de s'installer à la salle Pleyel en cet unique concert parisien de la tournée européenne de The False Foundation.
Une seule date dans une salle à guichets fermés et un public majoritairement quadra et plutôt bien mis qui en dit long sur l'amplitude et la largeur de l'audience du groupe en France.

Dr Drone ne portent pas le nom qu'ils méritent (mais ils ne sont pas les seuls). Parisiens arpentant les scènes depuis huit ans sur un registre souvent proche de la musique expérimentale, ils sont tout sauf des inconnus pour Darius Keeler ; leur leader étant un des trois S.A.F (Sick As Fuck), trio créé par ce dernier avec Marianne Elise et Eat Gas.
Après un album remarqué (par les fans) en 2015, Lyrebird et ses envolées jazz rock qui leur ont valu une mise en abime sur les héritages de Gong ou Soft Machine, Dance With You marque un virage plus électro, voire dance, avec des boucles hypnotiques et des mélopées quasi pop. Sur la scène de Pleyel, jouant au milieu d'un bordel organisé (les deux plateaux des deux groupes se côtoient sur scène) les quatre de Dr Drone vont faire mieux qu'assurer un warm-up pour Archive avec des titres comme Dance W/You ou Oh Boy.

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Rideau. L'interlude musical est assuré par le titre O Mighty Vision de Birdpen. La famille, c'est sacré pour Archive.
Accroché aux cintres de la scène, un rideau ajouré composé d'un multitude de lamelles verticales masque en partie le groupe, faisant office d'écran de projection au premier plan. Les photographes des premiers rangs n'avaient, apparemment pas prévu cela. Cet artifice fait partie de la nouvelle mise en scène inaugurée par Archive lors de cette tournée. Doublé d'une autre surface de projection synchrone à l'arrière de la scène, l'effet va s'avérer saisissant ! Les images projetées sur ces deux plans semblent proches des hologrammes et enveloppent les six membres d'Archive dans un univers graphique fait d'étoffes, d'étoiles, de statues en marbre géantes ou de danseuses homériques. Cette nouvelle mise en scène est à mettre, notamment, au crédit de Jesus Hernandez (ndlr : du collectif NYSU, à l'origine du projet Axiom).

The False Foundation, dernier album en date, est largement mis à l'honneur dans la setlist du soir. Pollard Berrier, dans une tenue mêlant poncho et chapeau de feutre noirs qu'il semble particulièrement affectionner depuis la tournée Restriction entame le tour de chant avec Driving In Nails, un titre à la limite de l'électro-indus qui, sur scène, prend une ampleur bien plus intéressante que dans sa version studio. Les quatre premiers titres sont tous tirés de The False Foundation et c'est sur l'éponyme que démarre la réelle entame de match pour les fans avec ce son électo-rock progressif, reconnaissable entre mille.
Absente de l'écriture du dernier album – elle s'en est retournée développer sa carrière personnelle du coté de l'Australie – Holly Martin fait son entrée en scène sur Hatchet, puis Kid Corner tirés de With Us Until You're Dead et Restriction. La brindille qui, tant bien que mal, creuse son sillon dans le collectif devenu cent pour cent masculin divise toujours autant les fans de la première heure. Trop fluette dans la voix et la prestance pour les uns, rafraîchissante et novatrice dans ses collaborations récentes (Restriction, With Us Until You're Dead) comme dans ses vocalises (très hautes perchées) pour les autres, Holly Martin ne laisse pas indifférent.

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Le rideau est finalement tombé et met à nu le collectif protéiforme. Habitué à battre la mesure pour ses comparses, debout à son clavier, le chef d'orchestre Darius Keeler semble plus que jamais habité par les titres de The False Foundation, un album qu'il a voulu et pensé hors de codes habituels du groupe. Il n'hésite pas à danser dans son coin, poing en l'air et visage radieux.
Au sommet de leur art, les membres d'Archive semblent interpréter et vivre chaque titre de ce set avec l'énergie et la conscience d'un pyrotechnicien prêt à mettre à feu le bouquet final millimétré d'un 14 juillet ! Durant plus de deux heures, dix-huit titres explosent en un son et lumière quasi parfait pour le plus grand plaisir des 1900 personnes présentes dans la fosse et les deux balcons majestueux. Le premier rappel englobe les titres Bright Lights, You Make Me Feel, Feel It ou ce Controlling Crowds de circonstances qui tient la foule en hypnose, comme figée devant le charisme du collectif londonien et les images anxiogènes accompagnant le titre. Confiants, Archive en version minimaliste – Holly Martin et Darius Keeler seuls – se lanceront dans l'interprétation d'un titre piano-voix. Une composition inédite du groupe qui n'a pas encore été baptisée...

Deux heures et quelques de live et la salle Pleyel refuse d'abdiquer. Darius Keeler, Dave Pen et Mickey Hurcombe vont faire leur ultime retour sur scène pour offrir le rappel final tant attendu par cette foule composée en majorité de fans qui ont connu l'époque des premiers albums, celle de Craig Walker et de You Look All The Same To Me. Sur le titre Again en conclusion de set dans une version écourtée et acoustique menée par Dave Pen (la version originale affichait plus de seize minutes et était composée d'envolées trip-hop cosmiques), le piano seul de Darius, la guitare de Mickey accompagnant le chant et les montées en vocalises du leader de Birdpen ferment le banc et clôturent l'avant dernière date de la tournée européenne. Car, une fois n'est pas coutume, c'est à Londres qu'Archive vont achever leur tournée, devant leur public. Les londoniens auront mis vingt ans à se faire apprécier des Anglais qui, décidément, ne font jamais rien comme les autres.
setlist
    Driving In Nails
    Sell Out
    Stay Tribal
    The False Foundation
    Crushed
    Hatchet
    Kid Corner
    Pulse
    Splinters
    The Weight Of The World
    Bullets
    Blue Faces
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    Bright Lights
    Unknown
    You Make Me Feel
    Feel It
    Controlling Crowds
    ---
    Again
photos du concert
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