logo SOV

Archive

Interview publiée par Fab le 21 juillet 2007

Bookmark and Share
Devenu au fil des années un groupe inévitable en France, et après avoir rempli le Zénith de Paris puis accompagné Muse au Parc des Princes ces derniers mois, Archive s'apprêtent à vivre prochainement de nouveaux défis à propos desquels Pollard Berrier s'entretenait avec nous lors du récent Furia Sound Festival...

Le 23 juin dernier vous avez joué au Parc des Princes en première partie de Muse, quel souvenir en as-tu gardé ?

C'était vraiment incroyable. Biffy Clyro avaient joué quelques chansons avant nous puis on est monté sur scène... on ne savait pas si tout se passerait bien, d'autant plus qu'il faisait encore jour quand notre tour est venu. Mais on a plutôt bien joué, même si avoir 55,000 personnes face à soi est très impressionant.

Se produire dans un stade devant une telle foule, c'était un rêve pour vous ?

Je pense que tout musicien rêve de vivre un tel moment dans sa vie mais ce n'était pas un objectif pour nous. Le groupe se construit depuis des années, on sort des albums à intervalle régulier et on a la possibilité de partir en tournée très souvent en Europe... c'est déjà une grande chance. On grandit progressivement mais ce concert avec Muse était un petit bonus.

La pression n'est-elle pas plus grande lorsque vous jouez devant un public qui vous connait moins ?

On était tous très à l'aise durant ce concert, peut-être aussi parce qu'on était en France. Lorsque j'ai regardé les premiers rangs dans la fosse, j'ai vu de nombreuses personnes qui semblaient apprécier notre musique... ça rend l'événement d'autant plus facile à vivre quand tu perçois un certain soutien. Je sais que notre musique n'est toujours très accessible car certaines personnes n'apprécient pas les chansons qui s'étirent trop dans la durée, mais durant ce concert au Parc des Princes j'ai vraiment senti l'entousiasme du public. C'était très rassurant.

Contrairement à la France où vous vendez beaucoup de disques depuis des années, vous n'avez jamais réussi à percer au Royaume-Uni... pour quelles raisons selon toi ?

La raison est très simple : on n'a jamais vraiment essayé ! Lorsque Danny et Darius ont créé Archive, le groupe a rapidement trouvé une maison de disque mais a vité été laché à l'époque de Take My Head... l'industrie musicale était compliquée et le producteur du groupe avait posé de nombreux problèmes. Les années ont passé et ce n'est qu'il y a quelques mois que notre management nous a proposé de tenter à nouveau notre chance là-bas. On a joué à deux reprises à Londres en avril et juin dans de petites salles et ces deux shows étaient complets. C'est encourageant mais il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

N'avez-vous jamais ressenti une certaine frustration par rapport à ce manque de reconnaissance dans votre pays d'origine ?

Vraiment pas, on est très philisophes par rapport à cela. On n'a pas cherché à bousculer les choses, on a toujours pris ce qu'on nous donnait sans chercher à avoir plus. Combien de groupes n'ont jamais pu venir jouer en Europe ou vendre des disques comme on a la chance de le faire depuis longtemps maintenant ? Je sais que Danny et Darius ont beaucoup de regrets par rapport à cela, mais on désormais on va vraiment tout faire pour changer les choses.

Ne crois-tu pas que votre musique ne correspond peut-être pas à la culture pop britannique ?

C'est un paramètre important. Le formattage musical est très marqué dans la presse ou même à la radio, on ne rentre pas dans le moule. Il faut être jeune et cool pour avoir une chance de réussir actuellement. Ca ne veut pas dire que tous les groupes sont mauvais ou ne méritent pas ce qui leur arrive. Prends les Arctic Monkeys par exemple, c'est un groupe très talentueux avec beaucoup de qualités. Le soutien de la presse ne suffit plus, il faut aussi proposer de la musique de qualité. Je reste persuadé qu'on aura notre chance un jour ou l'autre si on continue de suivre cette voie.

Vous avez récemment sorti un album live enregistré au Zénith de Paris, à quel moment avez-vous eu l'idée d'enregistrer ce concert ?

On enregistre la plupart de nos concerts mais on savait que celui-ci serait un peu particulier. C'est une très grande salle et c'est à Paris... le lendemain on a donc écouté l'enregistrement pour juger de sa qualité et l'idée de le publier a beaucoup plu à notre management. Avec tous les enregistrements en notre possession on a pu faire un comparatif qui nous a permis de comprendre à quel point de concert était réussi. Je pense qu'on a vraiment tous très bien joué ce soir-là, et l'ambiance dans la salle était très particulière, très positive.

N'avez-vous pas ressenti une certaine pression au moment de monter sur scène ce soir-là ?

Le fait qu'on enregistre la plupart de nos concerts nous a enlevé une certaine part de la pression, ce n'était pas si différent d'un autre soir... mais ça ne nous empêche pas de ressentir un peu de nervosité au moment de se présenter face au public, on ne peut pas l'éviter. Mais c'est un inconvénient qui a aussi ses avantages car sans la pression ou cette nervosité, on ne serait sans doute pas aussi concentré sur scène. Tout cela fait partie de la magie d'un concert.

Pour un groupe comme le votre avec une très bonne réputation scénique, la sortie d'un album live est presque logique...

Le groupe n'est pas né avec ce talent, ce sont Danny et Darius qui ont développé l'aspect scénique d'Archive au fil du temps. La musique qu'on joue se prête vraiment à ce type d'exercice et notre stabilité depuis la sortie de Lights nous permet de nous améliorer de manière constante. On sait désormais comment mettre en valeur chaque chanson et comment communiquer le plus de plaisir possible au public. Par rapport à nos albums qu'il faut écouter du début à la fin pour en saisir l'essence, c'est un vrai atout qu'on puisse s'exprimer aussi bien en concert.

Tu me parles de la stabilité dont jouit désormais le groupe, mais ce n'a pas toujours été le cas avec vos nombreux changements de line-up. A quel point a-t-il dur de trouver une certaine cohésion ?

On pourrait penser que c'est un problème mais je crois que tous ces changements ont permis à Archive de devenir ce que le groupe est à l'heure actuelle. Certains départs étaient prévus, d'autre part, et je sais qu'il a parfois été dur pour Danny et Darius de trouver les ressources nécessaires pour poursuivre l'aventure. Sans parler du fait que leur label aie rompu leur contrat à l'époque du second album... Ce sont les aléas de la vie du groupe qui ont fait ce que nous sommes aujourd'hui.

Selon toi, votre évolution d'un disque à l'autre a donc été plutôt naturelle ou forcée ?

Aucun de nous n'a envie de regarder derrière lui ou de revivre une période passée. On a toujours voulu aller de l'avant sans éprouver de regrets et on résonnera toujours de la même manière. Il n'est pas toujours facile de jouer certaines des anciennes chansons du groupe mais ça ne nous empêche pas de les apprécier car c'est une partie de notre héritage. En vieillissant on essaye donc d'avoir une approche plus expérimentale, on ne recule plus devant les obstacles car pour nous toutes les idées doivent avoir leur chance. Je pense que tous ces changements ont pu perturber notre public à une époque mais ce n'est plus le cas désormais. Tout le monde est habitué à cela.

Le fait de désormais pouvoir compter sur trois vocalistes différents est un sacré avantage...

Ca nous permet une grande variété dans les chansons, et comme je le disais auparavant c'est aussi une solution supplémentaire quand on expérimente des idées. Les instruments restent les mêmes mais les voix peuvent s'interchanger. Pour moi, l'inconsistence de notre musique prime sur sa consistance. Personne ne sait quoi attendre de nous.

Le line-up actuel est donc selon toi le meilleur qu'ai jamais connu Archive ?

Sans vouloir manquer de respet à ceux qui m'ont précédé, ça ne fait aucun doute dans mon esprit. Le groupe dégage une vraie unité, une vraie puissance collective, et c'est une chose que je n'avais jamais ressentie jusqu'à maintenant. On a tous la même vision de la musique, on vise les mêmes objectifs et ça ne peut qu'être bénéfique pour Archive.

Lights est sorti il y a plus d'un an désormais, où en êtes-vous dans l'écriture de son successeur ?

On travaille depuis un moment sur un nouveau projet... mais ce n'est pas un album ! Il devrait comporter 4 chansons mais ce n'est pas véritablement un EP ou un mini album. L'enregistrement est presque terminé mais on veut proposer un aspect visuel également, comme un film constuit à partir d'une bande son. Le concept n'est pas définitif mais on devrait pouvoir le sortir en tout début d'année prochaine.

C'est une preuve supplémentaire de votre besoin de vous renouveller !

Eh oui ! Beaucoup de personnes sont concernées par ce projet, ne serait-ce qu'au niveau visuel. Archive est bien sûr au centre mais la collaboration avec des amis et des connaissances est aussi très importante. Ce sera un objet artistiques sur de nombreux points.

Après l'échec du film Michel Vaillant pour lequel vous aviez composé une bande originale, on aurait pourtant pu penser que cette voie n'était pas la vôtre...

Personne ne me contredira si j'affirme que ce film n'était pas très bon, mais je reste persuadé qu'au niveau musical notre contribution était vraiment de bonne qualité. On conserve dans un coin de notre tête l'idée de composer une nouvelle bande originale de film mais on attend des propositions car ce n'est pas un objectif prioritaire à l'heure actuelle. J'aimerais travailler avec le réalisateur d'un film de science-fiction car notre musique se prêterait parfaitement à ce genre d'ambiance.

Il est aussi prévu que vous donniez un concert avec un orchestre au Palais des Festivals de Cannes à la fin du mois de septembre, tu peux me dire quelques mots à ce propos ?

Ca va être fantastique... C'est un concert spécial pour tout le groupe car on n'a encore jamais expérimenté une telle chose. Notre ingénieur du son a beaucoup de travail pour préparer cet événement mais on lui fait confiance. On doit décider avec certitude quelles chansons jouer et dans quel ordre, il n'y aura pas de place pour l'improvisation. La personne en charge de l'orchestre sera la même que celle avec laquelle on a travaillé sur la BO de Michel Vaillant et sur Noise, on ne foncera donc pas totalement dans l'inconnu.