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Maps

Don't Fear

Maps - Don't Fear
Chronique Single/EP
Date de sortie : 06.11.2006
Label :Last Space Recordings
45
Rédigé par Johan, le 11 novembre 2006
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Dans la vie, certaines chansons apparaissent comme une évidence. Dès les premières notes, on sait déjà qu'elles nous accompagneront un certain temps, qu'elles nous trotteront dans la tête tantôt avec spleen, tantôt avec bonheur, le plus souvent avec ces deux émotions paradoxalement et étroitement liées. Don't Fear est de celles-là.

La plage débute sur des nappes de clavier désenchantées qui se laissent lentement glisser au fil des secondes égrénées, évoquant l'electronica torturé de Radiohead, jusqu'à ce que James Chapman – seul et unique membre de Maps – vienne y poser sa voix claire et délicate avec parcimonie. Après deux minutes de douce mélancolie, le rythme s'accélère quelque peu tout en gardant cependant une certaine tristesse dans les mélodies envoûtantes que le compositeur nous offre tandis que le chant se répète infiniment, don't fear the sun, feel like someone, somehow, somehow, come on, quelques phrases spirituelles qui viennent contribuer à cette ambiance tendre et sincère, cette liberté de ton et de lyrisme emphatique dont sont incontestablement les maîtres The Verve et The Who. Les harmonies se superposent, complexes et pourtant tellement limpides, rappelant les plus belles compositions de Mercury Rev période Deserter's Songs/All Is Dream, preuve irréfutable du talent de James Chapman.

Seule ombre au tableau, le remix succédant à ce chef d'oeuvre qui lui enlève tout son charme et vient alors gâcher l'ataraxie éphémère qui vient de nous envahir. La chanson, dépouillée de tout artifice, est ainsi réduite à son strict minimum : un chant neutre greffé par-dessus un rythme métronomique fâcheux, quelques beats plutôt intéressants dans la deuxième moitié mais ici encombrants et inopportuns car la chanson, à l'origine, ne s'y porte bien évidemment pas. On n'en tiendra toutefois pas rigueur à Maps d'avoir incorporé ce mix inutile sur son single, a contrario on lui trouvera même une certaine forme d'affection dans ce déplorable mais compréhensible incident si l'on considère légitimement que l'artiste n'a pas de regard objectif sur son oeuvre et pense avoir besoin d'une aide extérieure afin d'évaluer à sa juste valeur la sûreté et la force de sa composition et, dès lors, instaurer à son mécanisme d'élaboration et plus encore au travail abouti le statut propre qu'il lui convoyait.

Don't Fear fait donc partie de ces chansons qu'il nous est impossible d'oublier dans l'instant. Une de celles dont on ne fera pas l'éloge dans tous les magazines, une de celles qu'on n'entendra jamais à la radio, une de celles qui, bien que méritant le même destin qu'un Crazy ou un Smile, ne sera pourtant jamais débusquée sur internet, ce qui finalement, pour nous seuls qui la connaissons, lui vaut déjà son statut d'oeuvre intemporelle.
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