Et de trois, en neuf ans. C'est lentement mais surement qu'Hozier avance dans sa discographie et vient nous délivrer Unreal Unearth, troisième album studio conséquent (pas moins de seize titres) toute en richesse. Richesse dans les styles, le jeune irlandais ne s'imposant aucune limite dans l'expression de ses inspirations, richesse dans la production, car Hozier n'est plus aujourd'hui le chanteur folk à la seule guitare acoustique qui a su nous charmer au tout début.
Unreal Unearth est un disque foisonnant. Reconnaissons-le tout de suite, avec cette multitude de collaborations plutôt luxueuses (Jennifer Decilveo, Daniel Tannenbaum, Brandi Carlile...) Hozier sait savamment allier sa curiosité musicale à d'autres talents venant ainsi étoffer son répertoire. Du duo d'ouverture De Selby, qui passe du chimérique au funky, faisant ainsi fi de toute transition, au titre de clôture First Light en guise d'atterrissage plutôt ouateux, nous passons par différents stages qui peuvent un peu diluer notre attention.
Il y a dans ce troisième album du meilleur comme de l'un peu moins. Le meilleur étant cet immense talent pour retranscrire les émotions et ce sens de la mélodie qui imprègne systématiquement nos sens : Francesca, Eat Your Young, All Things End et l'intense Who We Are... Le chant y est puissant et c'est une réelle passion qui est ici distillée avec soin. La fièvre montant crescendo, Hozier use de ses charmes vocaux et fait vibrer bien des fondements.
Le moins bon est une surcharge émotionnelle parfois maladroitement exprimée quand le musicien se perd un peu dans la surabondance d'effets. Le résultat se noie dans les grosses ficelles pop FM et le diamant ici perd un peu de son éclat (First Time, Damage Gets Done, Anything But). Nous avions déjà ressenti cette impression lors de la prestation du musicien à l'Olympia de Paris en juillet dernier avec cette tendance à gonfler avec une imposante production live un répertoire qui gagnerait à plus de simplicité. Mais à l'écoute nous comprenons cette envie, voire même ce besoin de pousser les limites de l'expérimentation du fait de ce fourmillement d'idées et de possibilités.
Entre tout cela, de nombreuses plages qui touchent au céleste, dignes des premières heures de Hozier, avec Who We Are, le presque David Lynch-ien Son Of Nyx ainsi que les très touchants To Someone From A Warm Climate et Butchered Tongue. Un océan un peu mouvementé dans le flux des émotions avec ce Unreal Unearth qui ainsi démultiplie le champ des possibles pour Hozier, justifiant sa montée en puissance devant des masses de spectateurs de plus en plus importantes.
tracklisting
01. De Selby (part 1)
02. De Selby (Part 2)
03. First Time
04. Francesca
05. I, Carrion (Icarian)
06. Eat Your Young
07. Damage Gets Done
08. Who We Are
09. Son Of Nyx
10. All Things End
11. To Someone From A Warm Climate (Uiscefhuaraithe)
12. Butchered Tongue
13. Anything But
14. Abstract (Psychopomp)
15. Unknown_Nth
16. First Light
titres conseillés
Who We Are, De Selby, Son Of Nyx, To Someone From A Warm Climate