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Hozier
RHODES

Paris, Folies Bergère - 22 janvier 2016

Live-report par Déborah Galopin

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La tournée en Europe de Hozier passait ce vendredi 22 janvier aux Folies Bergères. Pendant que je patiente pour faire composter mon billet, mes yeux trainent sur les moulures dorées du plafond style Art Nouveau. Un cadre splendide qui laisse quiconque le découvrant pour la première, pantois. Pourtant, pas de temps à perdre, le concert va commencer et je n'ai que quelques minutes pour trouver ma place. D'autant que ce soir, il y a foule.

RHODES, invité en première partie, a déjà entamé son premier couplet quand je rejoins le siège qui m'attend au rez-de-chaussée. La salle n'est pas encore tout à fait pleine, il y a quelques retardataires qui prendront place durant l'entracte pour le prince de cette soirée : Hozier. Rhodes est seul sur l'immense scène avec une guitare semi-hollow. L'amplitude de sa voix, elle, l'occupe toute entière.
C'est presque dans un murmure que le couplet de Close Your Eyes commence. La lenteur de sa guitare, capte notre attention, jusqu'à ce que sa voix monte doucement dans les aiguës et nous emporte sur le refrain. Le contraste est saisissant et nous donne quelques frissons.

« I'll never let go / You're right beside me /So just close your eyes / I'll never let go, you're all that I need / So just close your eyes ».

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A l'annonce du prochain titre, Let It All Go, le public hurle. Sur son album Wishes, il avait invité Birdy pour un duo, on regrette un peu qu'elle ne soit pas là pour l'accompagner. Il nous en offre tout de même une version tout à fait plaisante. En plein milieu d'un morceau, la prise jack raccordée à la guitare se débranche. Rhodes le prend à la dérision. « Amazing ! I love to see that ! ». Heureusement, il ne sera pas le premier, ni le dernier, à qui cela arrive. En tant que spectateur, on le prend même plutôt bien, puisqu'au milieu de toute cette mélancolie, esquisser un sourire ne fait pas de mal.
Il termine sur Breathe, et du souffle il en a pour hurler « Come on now ! » répétant cette phrase et tenant sa voix durant quelques secondes. Ce qui sort de lui est sincère, il y croit, et nous aussi. Cependant, on peut reprocher à RHODES que toutes ces chansons soient construites sur le même modèle et avec pour unique thème les sentiments amoureux. La première chanson créée l'effet de surprise, la seconde la prolonge, à la troisième on comprend la recette. On aime RHODES, mais à la fin du set, malgré la beauté des chansons, la lassitude se fait sentir.

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Si les deux artistes ont en commun la force d'émotion, Hozier possède cette chose en plus qui fait toute la différence : la diversité. L'Irlandais prend place au milieu de la scène, tandis que ses musiciens et deux choristes l'accompagnent. Ils sont nombreux : batteur, guitariste, bassiste, claviériste et même une violoncelliste. Le look du chanteur ne paye pas de mine. Avec son blouson en jean et ses cheveux blonds ramassés en une queue de cheval, on le verrait bien se promener sur la plage, une planche de surf sous le bras. Cependant, c'est dans un tout autre univers qu'il nous embarque : plus profond, poétique, un peu rustique mais moderne.
Dès les premières notes de Like Real People Do les frissons sont bel et bien là. Quand d'autres ont besoin de forcer pour monter dans les octaves, lui au contraire, semble se contraindre à moduler sa voix, pour la rendre la plus légère et douce possible. Mesurée mais puissante, elle ne demande qu'à exploser. D'un coup, éclate la batterie, la lumière tamisée éclaire subitement la scène entière par des spots bleus. J'en reste scotché, la gorge nouée. Le show commence. Moi qui m'attendais à un concert un peu mou, je suis agréablement étonnée. Je ne suis pas la seule au vu de la tempête d'applaudissement qu'il reçoit. Au second titre, Angel Of Small Death & The Codeine Scene, le public fulmine et se lève sur ce gospel énergique.

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Dans sa musique, un peu de pop, de folk, du blues, du gospel... Hozier fait preuve de richesse. Trois guitares tournent à tour de rôle entre ses mains, tandis que certains musiciens passent d'un instrument à l'autre. Sur To Be Alone, Hozier sort une cigarbox, ces drôles de guitares au corps carré, fabriquées artisanalement au son unique, rappelant des paysages Texan. Le goût de l'authentique est là, alors lorsqu'il demande « répétez après moi, je ne vous jugerez pas », c'est volontiers qu'on se prête au jeu. Il monte haut dans les vocalises, ça effraie un peu le public, pourtant, il ne s'en sort pas si mal que cela et parvient à le suivre.
Au cours de ce set, Hozier nous prépare quelques belles surprises, dont une reprise des Beatles avec Black Bird. Il ne s'agit pas de la plus connue, mais le groupe en fait une petite balade réussie. Il chante en duo In The Week avec la violoncelliste, les voix s'alternent, se chevauchent pour finalement s'unir dans un dernier « I'd be home with you ». Take Me To Church clôt dignement ce concert avec autant d'émotions qu'il a commencé. Le sol tremble sous l'impatience du public qui réclame un rappel. Hozier revient seul pour jouer Cherry Wine. Il fait redescendre l'excitation dans laquelle il a plongé la salle et fini cette soirée sur une note plus intimiste.

Exception faite de deux ou trois chansons qui m'ont laissée plus ou moins extérieure, ce concert restera une très belle surprise. Quelques titres comme Jackie And Wilson, From Eden ou Someone New ne m'ont personnellement pas plus convaincue que cela, dégageant moins de personnalité. Pour le reste, pas de doute, la précision est là, batterie et guitare frappent en même temps, pas une note ne déborde. La salle n'y a pas été pour rien dans les sensations que Hozier nous ont procurées grâce à un excellent travail au son et aux lumières. Ce soir, tous les éléments étaient réunis pour nous convaincre.
setlist
    RHODES
    Run
    Close Your Eyes
    Let It All Go
    Raise Your Love
    You And I
    Your Soul
    Breathe

    HOZIER
    Like Real People Do
    Angel Of Small Death & The Codeine Scene
    From Eden
    Jackie and Wilson
    To Be Alone
    Someone New
    Black Bird (The Beatles cover)
    It Will Come Back
    In A Week
    Arsonists Lullaby
    Sedated
    Take Me To Church
    ---
    Cherry Wine
    Work Song
photos du concert
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