OMD

Si vous ne suivez pas régulièrement leur actualité, il y a fort à parier que l'annonce d'un nouvel album d'OMD apparaîtrait pour vous comme le come-back d'un énième groupe des années 80 essayant tant bien que mal de se faire une place au soleil, ou de capitaliser sur ses succès passés.

Vous feriez une erreur de jugement, et votre surprise serait de taille si l'on vous confessait qu'en dehors d'une période de six ans au début des années 2000, Orchestral Manoeuvres In The Dark n'a jamais vraiment cessé son activité. Il faut dire que des morceaux comme Electricity, Enola Gay ou un peu plus tard Souvenir ont marqué durablement de leur empreinte les années 80, à tel point qu'il est difficile de ne pas évoquer le groupe comme figure iconique de cette décennie. Mais depuis de début des années 90 et le single Pandora's Box, on n'a plus vraiment traces du groupe, emporté qu'il a été à l'instar de beaucoup, par un rejet de l'esthétique eighties, illustré par la vague grunge.
Pourquoi donc certains ont-ils réussi le passage de cette époque quand d'autres ont été rejetés ? Tout le monde n'a pas le talent d'adaptation de Depeche Mode, ou plutôt la chance d'avoir un Dave Gahan, inspiré par le son rock américain du début des années 90, influence qu'il impose à Martin Gore sous peine de quitter le groupe. OMD n'ont pas tout ça et c'est peut-être aussi ce qui a nourri sa longévité, car le duo Andy McCluskey et Paul Humphreys est resté fidèle à ses chansons pop légères et à ces sonorités largement empruntées à Kraftwerk, sans jamais réellement retenter un écart à la Dazzle Ships, son singulier album de 1983.

Ce Bauhaus Staircase ne va pas vraiment changer la donne, et ce qui ravira les fans du groupe laissera une fois de plus perplexe ceux d'entre vous qui se demandent ce qui peut motiver OMD à sortir, peu ou prou, toujours la même recette depuis quarante ans. Il faut dire que les sonorités sur Don't Go ou Bauhaus Staircase pourront difficilement ne pas vous évoquer l'iconique formation allemande de Düsseldorf. Il y a cependant toujours cette approche plus pop, qui crée une espèce de schisme entre la froideur de la texture et les mélodies souvent avenantes. Parfois, OMD cassent l'ensemble pour une matière froide qui le rapproche de façon encore plus saisissante à Kraftwerk. À tel point que l'emploi des samples de voix, comme sur Anthropocene, ou sur Evolution Of Species servent un mimétisme, certains diront un plagiat, encore plus évident. Objectivement c'est pourtant dans ces moments que McCluskey et Humphreys s'en sortent le mieux.

En effet, dès que OMD se jettent dans des considérations plus légères, l'ennui peut parfois se faire sentir, et la répétition de bons sentiments devient lassante. À cet égard, Look At You Now, ou Aphrodite's Favorite Child tournent vraiment en rond et sont trop convenues pour retenir votre attention. Sur d'autres exemples, on retrouve toute l'essence du groupe avec des titres réellement emballants, comme sur Kleptocracy ou G.E.M. ou le nuageux Verushka.
Ainsi, on aurait pu craindre la sortie de route d'un groupe totalement dépassé dans ce qu'il a à proposer, et dans sa façon de nous le présenter. On frôle parfois la correctionnelle, car l'esthétique OMD est clairement désuète, et pourtant, McCluskey et Humphreys parviennent de temps à autre à faire tenir l'ensemble dans un équilibre somme toute précaire.

Mais cette ténacité, ce refus de plier et de se conformer à autre chose que ce qu'ils maîtrisent est aussi à souligner, et c'est sans aucun doute ce qui a permis à OMD de durer dans le temps. Pour ceux qui ne seront pas convaincus par cet argument, il sera encore temps de vite passer à autre chose.