Chronique Album
Date de sortie : 26.01.2024
Label : Atlantic Records
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 25 janvier 2024
L'Irlande est redevenue ces dernières années une terre foisonnante pour l'émergence de nouveaux talents musicaux souvent tournés vers le post-punk. Après, pour ne citer qu'eux, The Murder Capital, Fontaines D.C. ou encore Just Mustard, c'est de Galway que NewDad sont sortis de terre. Faisant suite à une poignée de titres publiés en 2020, et surtout deux EP très prometteurs parus respectivement en 2021 et 2022, c'est enfin MADRA, leur premier album, qui pointe le bout de son nez dans les bacs des disquaires.
Publié par la major Atlantic Records, MADRA débute avec un des singles dévoilés en amont de la sortie de l'album: Angel. Le son de basse du morceau évoque très fortement Come As You Are de Nirvana, ce qui n'est en définitive pas vraiment une surprise puisque Julie Dawson, chanteuse et guitariste, a fait part de l'influence majeure du groupe de Kurt Cobain sur l'album de NewDad. Sombre et envoutante, la plage d'ouverture du disque fait l'effet d'un uppercut tant elle vous imprègne de ses guitares rugissantes et de son atmosphère à la limite du gothique. Si Sickly Sweet qui lui emboîte le pas paraît moins tourmentée, son énergie et son refrain n'en demeurent pas moins très percutants. Mais NewDad, c'est avant tout beaucoup de mélancolie. On la retrouve notamment dans la voix déchirante de la chanteuse qui par moments se retrouve couverte par le son shoegaze des guitares et vous ensorcelle comme sur la délicate Where I Go ou vous emporte un peu comme dans un rêve sur Change My Mind et son côté éthéré.
Si l'influence du mythique groupe grunge est indéniable, NewDad s'inspirent aussi d'un son de guitare aux accents new wave rappelant les années 80. C'est le cas, par exemple, de In My Head qui peut évoquer les nouvellement reformés Cranes. Let Go peut paraître nonchalante avec ses sonorités cristallines couvertes par une base prédominante, mais la chanson prend ensuite une tournure plus rageuse et noisy et cela pour notre plus grand plaisir. C'est assurément une des forces de NewDad de noircir une atmosphère musicale calme pour progressivement la rendre explosive et incontrôlable. La joliment dénommée Nightmares lorgne pour sa part vers le son de basse reconnaissable entre mille de Peter Hook, l'ancien bassiste de New Order. Une fois encore, on sent terriblement cette influence que les 80's ont sur le groupe. Mais la belle MADRA qui donne son nom à l'album et vient également le conclure est peut-être le joyau du disque. Remplie d'émotions et mélancolique à souhait, celle-ci donne une envie irrésistible de réécouter l'album à nouveau lorsqu'elle se termine.
NewDad remplissent donc leur mission avec succès. MADRA est la jolie suite qui était espérée après ces EPs de haut standing. Le son s'est bien étoffé depuis ces deux sorties mais le groupe a conservé l'essence de sa jeunesse et de sa spontanéité sur les onze compositions de son premier album. On devrait pas mal reparler de ce groupe en 2024. Recommandé !