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DEADLETTER

Hysterical Strength

DEADLETTER - Hysterical Strength
Chronique Album
Date de sortie : 13.09.2024
Label : SO Recordings
45
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 12 septembre 2024
Voir ses enfants grandir... Merveilleuses émotions, de celles qui polluent le fil d'actualité de tous vos amis Facebook (outil officiellement étiqueté has-been par ces mêmes enfants) les premiers jours de septembre avec les photos de vos bambins et ados munis de leurs plus beaux sacs de cours (sac à dos et cartables sont également has-been, sachez-le). Mais ce qui est encore plus émouvant, c'est de voir les jeunes talents dans lesquels toute une rédaction a fondé ses espoirs s'épanouir. Récolter le fruit des graines que nous avons semé parmi les pages de votre média rock préféré depuis deux ans et jubiler devant le brio d'un debut album sur lequel nous avions misé une partie de nos économies, notre Livret A étant dorénavant à sec après un été olympique qui est venu allégrement en dilapider le reste.

Ainsi, en ce début d'automne qui nous semble bien triste après toute cette ferveur collective, le sourire nous regagne à l'écoute de Hysterical Strength, premier album de DEADLETTER. Le sextet londonien dorénavant séparé de sa charmante saxophoniste Poppy Richler, vient nous présenter son premier essai après avoir parcouru sans relâche les clubs, petites salles et festivals depuis 2022 et la parution de leur première salve de singles réunis sur un EP Heat! et une petite compilation Onwards (A Collection). A l'époque, la découverte de Pop Culture Connoisseur, Binge et Marge's Declaration avait furieusement enflammé les oreilles de chacun des rédacteurs et excité tout le monde dans l'optique d'une première rencontre live.


C'est grâce au désistement de Dehd lors du Pitchfork Music Festival à Paris en novembre 2022 que nous avions enfin rencontré DEADLETTER, menés par Zac Lawrence, petit être tout en nerf et en poitrail tatoué, aux faux airs de Mick Jagger et au chant des plus ténébreux, le groupe proposant un audacieux mélange d'art rock et punk fortement teinté de jazz expérimental. Une formation qui se détachait déjà des nombreux jeunes groupes enragés qui ne faisaient qu'élargir le large sillon creusé précédemment par Fontaines D.C. ou shame.
Le côté tout aussi fougueux que mystique des premiers singles et l'énorme énergie dégagée sur scène feront de DEADLETTER la tête d'affiche du premier festival Block Party organisé par le Supersonic en 2023, transformant en sauna surchauffé le petit club de la Bastille. Une rencontre forte qui donna lieu quelques mois après à un nouveau concert de DEADLETTER dans le minuscule cagibi du POPUP!, peu adapté mais qui aura eu le mérite de concentrer toute la tension que drainent les musiciens, Zac Lawrence en tête, et de la diriger telle une ogive nucléaire dans la tête et la nuque des heureux spectateurs présents.

Depuis, nous rongions notre frein. Une surprise sortit cependant du chapeau en fin d'année dernière avec le premier album solo de Zac Lawrence, The Hate, dont la parution avant même celui du groupe nous avait franchement étonnés. Dans un registre contrastant d'avec la noirceur de DEADLETTER, réunissant des titres folks très doux, c'est une tout autre facette que nous dévoilait son interprète. Puis les mois défilèrent, la liste des prometteuses nouvelles pousses que Sound Of Violence a pris sous son aile s'est encore enrichie et c'est donc juste à temps que les Anglais nous reviennent avec leur premier album et l'immersion tant attendue dans leur univers dense et souvent nébuleux.
Garni de douze titres, le disque répond entièrement aux attentes des fans des premiers singles de la formation. Dans la continuité de Binge, Mother, A Haunting et Relieved reprennent les codes avec une dose supplémentaire d'intensité : cadence plus chaotique, guitares et basses beaucoup plus sombres et lancinantes, et le saxophone de Poppy qui a participé à l'enregistrement du disque quant à lui bien plus prégnant, apportant cette réelle couche d'élégance aux morceaux.


Le chant de Zac Lawrence reste aussi solide que lors des débuts, son timbre très grave et imposant étant la marque de fabrique de DEADLETTER. La petite escapade romantique de l'album solo n'a en rien entamé l'énorme charisme de ce dernier et on retrouve toute sa fureur avec des interprétations envoutantes comme sur Deus Ex Maxchina ou le palpitant Hysterical Strength et son spoken word digne d'un prêcheur de rue.
Tout en acuité, le disque se transforme en parcours du combattant et cette longueur aura comme effet soit d'assouvir la soif des adeptes de la première heure, soit de potentiellement perdre en chemin les auditeurs moins sensibles à ce délicieux sentiment d'oppression que peuvent présenter les titres les plus expérimentaux. L'album se clôture avec Aunt Christie, mini voyage sur les sentiers sinueux tracés par les Anglais, qui acte avec brio leur style si atypique mêlant rock pointu, free jazz et cette belle patine groovy et sensuelle qui les font figurer dans un registre difficilement classable.

Ainsi, l'attente fut longue mais le résultat plus que satisfaisant. En deux années d'existence dans nos playlists, avec à leur actif une série de performances scéniques ensorcelantes, DEADLETTER signent enfin avec Hysterical Strength un excellent premier album, fidèle à l'environnement qu'ils ont patiemment construit autour de leur projet musical, continuant de nous convaincre mais nous rendant de ce fait encore plus exigeants quant à la suite attendue. Rendez-vous donc à Paris le 12 octobre à la Maroquinerie, salle qui nous permettra enfin de nous répandre plus aisément mais de façon toute aussi anarchique dans l'énergie volcanique et bouillonnante de DEADLETTER.
tracklisting
    01. Credit To Treason
  • 02. More Heat!
  • 03. Mother
  • 04. Bygones
  • 05. A Haunting
  • 06. It Flies
  • 07. Hysterical Strength
  • 08. Relieved
  • 09. Deus Ex Mchina
  • 10. Practice Whilst You Preach
  • 11. Mere Mortal
  • 12. Auntie Christie
titres conseillés
    Mother - Hysterical Strength - Relieved
notes des lecteurs
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