On les avait laissés devant la double porte du Supersonic en mai, salle qu'ils venaient de retourner en tant que co-tête d'affiche de la toute première édition du festival Block Party. On leur avait alors, à de multiples reprises, demandé de revenir nous voir au plus tôt dans la capitale. Une supplication qui n'était pas restée lettre morte alors que DEADLETTER nous annonçaient avoir prévu un concert en fin d'année au POPUP!, bar-concert et lieu de vie situé sous le Viaduc des Arts dans le douzième arrondissement.
Une annonce qui nous avait mi-réjouis mi-inquiétés, car on connait bien DEADLETTER, et on connait aussi plutôt bien le POPUP!. Nous voilà donc avec un concert complet depuis un petit bout de temps, et sans surprise une salle blindée et irrespirable alors que s'avancent sous le plafond bas les six musiciens de DEADLETTER : Zac au chant, George à la basse, Poppy au saxophone, Will et James tous deux aux guitares, et enfin Alfie à la batterie, un Alfie auprès duquel on s'excuse, et on parlera maintenant de lui puisque ne l'ayant pas vu du concert, caché au fond d'une estrade étroite et enfumée derrière ses potes, on se gardera de prononcer un avis concernant sa tenue ou ses expressions faciales.

Ainsi, on est serrés et on crève de chaud dans le public, le groupe est serré et crève de chaud sur scène, mais ça n'empêchera pas qu'on a décidé de se la donner grave dès le lancement de
The Snitching Hour, sans problèmes techniques à la basse et avec un Zac Lawrence aux faux airs de Mick Jagger qui, quelque soit la ville, quelque soit le lieu, quelque soit le public, ne s'arrêtera jamais de vivre chaque prestation comme un chamane punk envoûté par le groove et le martèlement de ses propres mots. L'inédite
Murdered nous balance une basse grave et meurtrière au visage, avant que Zac n'enlève son t-shirt comme le veut tout concert de DEADLETTER afin de bien débuter
Hero. Le public reprend déjà en chœur, premier pogo de la soirée, premier verre de bière renversé dans le cou, alors on embrasse l'ambiance et on se colle à ce gros amas d'êtres humains suant et sautant dans la folie matérialiste de
Madge's Declaration.
« J'ai une charmante paire de chaussures mais pas d'âme », tout le contraire de l'excité principal du soir donc, qui, par contre, nous apparaît particulièrement
Fit For Work. Un travail qui consiste à entraîner toute la fosse dans sa transe punk et free jazz, un travail de missionnaire vaudou propageant sa bonne parole dans des torrents de saxophone et de guitares folles, et des musiciens répondant à l'appel tout en restant du mieux possible sur leur marque au sol, car dans toute cette proximité scénique on aurait vite fait d'envoyer une tête de guitare dans le nez de quelqu'un !

On se consolera de voir le groupe jouer dans une cage d'ascenseur en admirant la débauche d'énergie de leur chanteur, emportant la foule dans les chœurs de
Binge et introduisant l'inédite
Deux Ex Machina accroupi au milieu d'un public dans la même position, avant qu'il ne se passe ce que vous vous attendez à ce qu'il se passe quand des gens s'accroupissent à un concert. Saut saut, pogo pogo, bordel bordel, et une inédite déjà entendue deux fois que l'on espère vite découvrir dans un premier album à venir courant de l'année prochaine.
Zeitgeist est jouée en guise de dernière chanson, longue montée asphyxiant au propre comme au figuré nos pauvres poumons pas préparés à ça un lundi soir, et un petit set de cinquante minutes que l'on espérera plus long une fois le sextuor muni d'un album.
Un concert que l'on qualifiera donc de court et intense, transcendant mais étriqué, d'un groupe qui nous a promis de revenir « soon », dans une salle un peu plus grande cette fois. Une salle qui, on l'espère, leur donnera les moyens de s'exprimer encore plus pleinement, et à nous d'un tout petit peu moins sentir le fennec transpirant dans le dernier métro en rentrant. Non, je plaisante, quelque soit la salle, on puera à la sortie !