logo SOV

DEADLETTER

Heat! EP

DEADLETTER - Heat! EP
Chronique Single/EP
Date de sortie : 18.11.2022
Label :SO Recordings
4
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 15 novembre 2022
Bookmark and Share
Petit rappel calendaire : nous sommes à un mois et 10 jours de Noël, le temps est donc venu de griffonner sur les carnets (ou générer quelques notes sur vos iPhones, désolée pour la nostalgie papier et stylos) quelques noms pour votre liste de cadeaux à venir, dont nous n'en doutons pas, sera principalement faite de disques et de livres, lecteurs raffinés que vous êtes.

Il est donc approprié de venir suggérer un nouveau nom : DEADLETTER. Morte, votre lettre à papa noël ne le sera pas avec l'EP Heat! du sextet établi au sud de Londres, qui égrène depuis deux ans maintenant via les plateformes de streaming des petites perles « post-punk mais pas que » particulièrement racées et inspirées, qui ne se contentent pas des boum boum tchak tchak bruyants devenus un peu ronflants et trop souvent présents parmi la scène actuelle.

DEADLETTER se démarquent de leurs nombreux concurrents par cette patine sombre et profonde, où les instruments jamais dissonants sont chacun à leur tour portés à leur paroxysme. La guitare grince et s'égosille, la ligne de basse se fait lourde, la batterie martèle une cadence de galère romaine et les solos de saxophone, dont l'usage dans le répertoire rock reste toujours un exercice périlleux, sont ici habilement distillés afin de valoriser des morceaux qui pourraient simplement s'ajouter à la longue liste des ersatz Fall-iens de la scène anglaise.


Au chant nous retrouvons Zac Lawrence, dont le timbre de voix grave et les textes très pisse-vinaigre rendent ainsi hommage aux ainés de la scène indie britannique du début des années 80. Particulièrement fans de Do Nothing et Yard Act aujourd'hui, DEADLETTER trouvent aisément leur place parmi cette scène moderne qui ne dissimule en rien ses influences afin de continuer à tisser le canevas. Madge's Declaration, Binge et le claustrophobique Zeitgest sont les morceaux qui se démarquent de ce premier EP dès la première écoute, où l'ambiance se révèle caverneuse, un peu moite au passage et où le phrasé monotone de Zac Lawrence s'y fait des plus percutant.

« L'un des groupes les plus excitants de la scène londonienne actuelle » peut-on lire en accroche dans la presse britannique ici et là. Et à disséquer l'agenda du sextet ces derniers mois (première partie de Placebo et modèles pour la marque française de luxe Céline), c'est à se demander comment leur style aux contours peu arrondis peut ainsi attirer ce type d'attentions. Mais c'est là tout le jeu des contraires, la hype passant bien souvent par le marginal. Or, c'est sur scène que le groupe devra faire ses preuves, mission entamée en ce début de semaine pour la première soirée du Pitchfork Music Festival suite à un désistement de dernière minute. La démonstration semblant plus que convaincante (nos collègues sur place nous ayant soufflé à l'oreille que ces derniers ont alors littéralement volé la vedette à la tête d'affiche), DEADLETTER semblent bien positionnés pour marquer de leur empreinte déjà sérieusement imposante notre petit univers rock british, et ce dès cette fin 2022.

A bon entendeur, à vos carnets (tellement plus élégant qu'un iPhone) !
tracklisting
    01. Weights
  • 02. Madge's Declaration
  • 03. Binge
  • 04. The Kingdom
  • 05. Zeitgest
titres conseillés
    Binge, Madge's Declaration, Zeitgest
notes des lecteurs
Du même artiste