The Rills

Et voilà enfin le premier album de The Rills, trio des Midlands, un des nombreux rejetons de la classe née durant le COVID-19, dont les premiers efforts ont été bousculés au gré des vagues, variants et confinements mais qui a réussi malgré tout à sortir la tête haute de cette période des plus troublées. À la suite de leurs deux EPs Do It Differently en 2022 et After Taste en 2023 parus chez l'un des meilleurs pourvoyeurs de jeunes talents, Nice Swan Records, nous avons eu l'occasion de croiser The Rills, soit Mitchell Spencer, Callum Warner-Webb et Mason Cassar à deux reprises sur scène, lors du meilleur festival indé-DIY-dans-un-château-messieurs-dames le Very Good Trip Festival, puis quelques semaines après chez les copains du Supersonic à Paris, tout cela lors de l'été 2023. Nos impressions furent plus que positives, la masse de bonne humeur et de fun que réussit à produire le groupe lors de ses passages en live étant son meilleur atout.

Il est vrai que les deux EPs faisaient preuve de beaucoup d'énergie mais manquaient un peu d'originalité. C'est donc avec impatience que nous découvrons Don't Be A Stranger. Qu'en est-il donc dorénavant ? Le premier constat est que The Rills ont patiemment continué à travailler leur style et rendent ainsi une très bonne copie, soit onze morceaux tous petites pépites ultra pétillantes, toujours basés sur cette formule aussi rapide qu'efficace de power pop taillée pour les soirées entre potes, avec guitares qui fusent, rhythmique simple mais des plus entrainantes, chant juvénile et comme l'impression de ressentir à l'écoute de Seasick ou I Don't Wanna Be le sourire jusqu'aux oreilles des musiciens lorsqu'ils les interprètent.


Avec des morceaux « fusées » de moins de trois minutes, pas le temps de s'appesantir sur les réalités de ce monde, on est ici pour danser, sauter et se rentrer un peu dedans (la salle de rédaction n'a pas survécu à l'écoute), sans limite d'âge. C'est donc dans la continuité de leurs premiers essais que The Rills se positionnent, et ici aussi, sortent quand même du lot quelques titres un peu plus atypiques : Your Dad's Car qui se présente comme la ballade du disque, voix douce et guitare imposante qui lui donne une sacrée élégance, ou Drive qui passe la cinquième (salut aux détenteurs de boites manuelles en voie de disparition) lors d'une virée vers un son bien plus puissant et affirmé.

L'ambiance est tout de même à nouveau aux années 90s, à un retour aux sources du rock alternatif, très inspirées des campus américains, qui oscille entre insouciance et nervosité, comme souvent dans ce genre qu'on aime surtout gamin. The Rills continuent de ne rien inventer mais leur pratique étant à 100% authentique, nous ne leur reprocherons rien. Dream Of You, Stranger et le titre de clôture Angels In The Snow sont de ces morceaux à la fois sucrés et pimentés, qui passent tous seuls car portés par une mélodie hyper attractive et d'une naïveté folle.


Le résultat est la hauteur de ce que nous pouvons attendre d'un trio baigné dans de telles influences, et la légèreté de son ton allié à la grande maitrise des instruments (croyez-en nos retours du groupe en live et la taille impressionnante du pedalboard aux pieds de Mitchell, le guitariste, et Callum, le bassiste) font de Don't Be A Stranger un premier album réussi, fidèle aux origines de The Rills, qui tout en maintenant le cap des premiers EPs démontre la solidité que le groupe a acquis depuis ces trois dernières années. Nous les attendons cependant au tournant pour la prochaine fournée, en espérant qu'ils ne tombent pas dans le piège de la redite.