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The Kooks

Paris, Flèche d'Or - 7 septembre 2011

Live-report par Julien Soullière

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La jeune fille m’accueille avec un large sourire. Moins jovial qu’elle, la tête rentrée dans les épaules, je lui fais savoir que j’ai perdu mon billet, et que j’en suis sincèrement désolé. La fille, elle entend ça, et voilà que son joli visage se ferme, net. Elle me dit qu’elle ne peut pas faire grand-chose pour moi, que je dois comprendre que rien, mais alors foutrement rien, ne prouve que je suis sincère, et que quelqu’un d’autre, un ami de préférence, ne se pointera pas à la caisse d’ici dix minutes, mon invitation non-nominative à la main. Je suis à deux-doigts de la féliciter pour cet élan d’intégrité, mais mon envie de me frapper le visage pour punir ma propre bêtise m’en empêche. Pensez-bien : ce foutu passe-droit, je l’ai paumé sur le chemin qui sépare mon chez-moi de la salle de concert. C’est dingue, n’empêche, il aura fallu le temps d’à peine 500 mètres et un trou noir pour que ça arrive ; un trou sacrément noir, qui s’est fait la joie crasse d’aspirer le petit bout de papier que me réclame maintenant cette jeune femme.
Par chance, le regard de cette dernière devient bientôt plus triste qu’accusateur, et alors que je ne trouvais rien d’autre à faire que de regarder mes pieds, elle me fait signe que c’est bon, ça ira. Tu me promets, qu’elle me dit. Oui, m’dame. Et encore merci.

Les portes sont ouvertes depuis 18h30, et c’est peu dire que la foule, compacte au devant de la scène, commence à s’impatienter. « Dans 23 minutes », voilà ce que le type à ma droite vient de lancer à ses comparses de derrière la caisse. Pas besoin de se forcer pour piger que le laps de temps ainsi énoncé correspond à celui qui nous sépare de la montée sur scène des Kooks. Une bonne bière m’aidera à prendre mon mal en patience. En la buvant, je regarde les roadies s’activer, et pense à celles et ceux qui attendent depuis près de deux heures maintenant. A la leur.

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Et puis enfin, le ciel s’assombrit. La foule s’agite, et les filles commencent à donner de la voix. Une poignée d’effets lumineux termine tout juste de zébrer la scène que Luke Pritchard et sa bande déboulent sur l’estrade, accueillis par un parterre de fans ravis. Visiblement ému, Pritchard s’avance alors vers nous, marmonne quelques rapides remerciements, et précise que, ô surprise, le groupe qui jouera devant nous ce soir s’appelle The Kooks. Le côté un peu gauche de Luke, moi, il m’amuse. Les autres membres du groupe, un peu moins. En fait, c’est tout juste s’ils nous ont regardés, s’ils existent. Ils sont tout bonnement incroyables de transparence. C’est tout juste si le public les voit prendre leurs instruments en main.

Always Where I Need To Be. C’est par ce morceau que les anglais décident de mettre le feu aux poudres ce soir. Un titre catchy, single devant l’éternel, étayé de « do, do, do! » aussi sucrés que la pop elle-même. La foule est aux anges, moi aussi, et comme je ne suis que trop rarement d’accord avec elle, je me dis qu’il convient de célébrer cet instant. Je me dirige donc vers le bar, sourire aux lèvres et billet de dix à la main.
Sans transition aucune, le groupe enchaine avec See The World, un des titres de leur premier album, leur meilleur. Pas du point de vue de tout le monde, mais de beaucoup. Qu’importe cette considération, ce n’est pas ça qui empêchera le public de se déhancher. De mon côté, la chose m’amuse encore, mais à tout bien considérer, je commence à comprendre ce qui m’attends. Le set de ce soir, il ne sera pas moins plaisant qu’un autre certes, mais il ne marchera que parce qu’on connait la plupart des chansons jouées, que la recette des Kooks est toujours plus ou moins la même, et qu’à un concert dit « d’avant-première », il ne peut y avoir que des convaincus. Et dont acte.

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Sofa Song, Ooh La, The Saboteur, Do You Wanna... les titres se suivent, se ressemblent, soulèvent en effet les foules et les cœurs (à l’exception de l’un ou l’autre d’entre eux, à l'image de Junk Of The Heart), mais continuent d’être portés par un groupe qui semble avoir enclenché le mode « minimum syndical ». A croire qu’ils viennent de se réveiller. Enfin, surtout les musiciens, parce que Luke Pritchard semble quant à lui être un minimum dedans.
Il arpente maladroitement la scène, fait de grands mouvements approximatifs avec sa guitare, balance de temps à autre sa tête vers l’avant, tend ses mains vers nous. Ca reste gentillet, mais appréciable. Je regarde, j’écoute, je regarde.... je suis à deux doigts d’aller demander à nos camarades de SFR si le groupe est au courant pour cette histoire de retransmission en direct. Sait-on jamais...

Il est à peine 22h. Le concert se termine, de même que ma bière. Timing parfait. Je quitte difficilement la salle (bouchons à la sortie) et me dirige vers la maison. Mon billet m’y attend peut-être.
setlist
    Always Where I Need To Be
    See The World
    Is It Me?
    Ooh La
    Eskimo Kiss
    Sway
    How'd You Like That
    She Moves In Her Own Way
    Junk Of The Heart
    Shine On
    Do You Wanna
    Naïve
    ---
    Seaside
    Saboteur
    Sofa Song
photos du concert
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