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Biffy Clyro

Interview publiée par Laetitia Mavrel le 28 août 2022

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Après nous avoir livré deux albums en deux ans, dans des conditions loin d'être favorables aux musiciens, nous avons enfin l'opportunité d'échanger avec Biffy Clyro et leur bassiste James Johnston. C'est un James très zen qui évoque avec nous la carrière prolifique d'un des groupes les plus rageurs de la fière Écosse, que nous retrouverons enfin sur scène en France les 3, 4 et 5 septembre prochains à Paris, Villeurbanne et Nîmes.

Nous célébrons cette années les vingt ans depuis la sortie du premier album de Biffy Clyro, Blackened Sky. Une carrière prolifique avec neuf disques, des nominations et des prix prestigieux, d'incroyables prestations live et, surtout, vous trois toujours ensemble. Qu'en penserait le James d'il y a vingt ans ?

Pour être honnête, je pense qu'il n'y croirait pas ! Ça a toujours été notre rêve d'être dans un groupe, et quand c'est un rêve on se dresse le moins de barrières possible. Mais neuf albums, c'est vrai qu'on n'imaginait pas un tel parcours. Je réalise vraiment maintenant ! (rires) Ce qui est le plus marquant c'est l'incroyable soutien de nos fans. Je me sens vraiment chanceux de pouvoir faire de la musique mon métier, de gagner ma vie grâce à elle. On a toujours travaillé dur pour en arriver là mais on a également été chanceux dans notre cheminement.

Pour célébrer cet anniversaire, il y a eu ce documentaire à propos de Biffy Clyro, Cultural Sons Of Scotland, qui ne se contente pas d'être une simple biographie mais bien un témoignage de votre attachement à vos racines Écossaises. Bien qu'étant aujourd'hui un groupe au succès international, est-ce que revendiquer votre identité Écossaise dans la musique est toujours important ?

Ça vient naturellement, on ne se force pas. Peut être aussi qu'en prenant un peu d'âge, on devient un peu plus attaché à nos origines. Et au vu du contexte actuel, être fiers d'être Écossais est parfois difficile, étant des fidèles sujets de l'empire Britannique (rires) ! Ça ressort automatiquement dans notre musique, il n'y a aucune difficulté à laisser s'exprimer nos racines. On est fiers de notre identité Écossaise, c'est indéniable.

Cette identité est indissociable du « son » Biffy Clyro...

On a surtout toujours été honnêtes dans ce qu'on a créé, jamais on ne s'est forcés à sortir quelque chose en faisant la grimace, qui nous déplairait. Il y a une détermination très celtique dans notre volonté de composer.

Y'a-t -il eu dans cette longue carrière des moments de doutes, ou même des craintes ressenties par rapport à la musicalité du groupe ? Est-ce que malgré l'expérience c'est encore un sentiment que tu peux ressentir ?

Les deux dernières années ont été celles où nous avons vraiment ressentis de la peur. Et celles où nous avons vraiment réalisé à quel point la musique est fondamentale pour nous. Le pire a été de ne pas jouer live. Un peu d'égo aussi (rires), on adore s'exhiber, alors ça a été vraiment dur. Ce que tu exprimes en concert devient une part déterminante de ta psyché, tu deviens comme quelqu'un d'autre sur scène, tu n'es plus celui qui discute avec sa belle-mère des choses du quotidien, ça fait partie du privilège d'être dans un groupe, ça permet de s'épanouir totalement. La communion avec le public est ce qui nous a manqué le plus et ce que l'on a craint de perdre.

Les deux derniers albums, A Celebration Of Endings et The Myth Of The Happily Ever After sont sortis lors du premier confinement et l'année suivante où tout était encore bien incertain. A l'écoute de ces deux disques, on sent qu'ils forment un bloc, qu'ils sont intrinsèquement liés...

Oui, il y a un écho entre les deux. A Celebration Of Endings aborde les choses de façon optimiste alors que The Myth Of The Happily Ever After se place lui dans cette même vision mais à l'opposée. Il est beaucoup plus dubitatif sur ce que nous réserve le futur. Ce sont un peu les deux faces d'une même pièce. C'est la vie qui veut ça : parfois on se réveille confiant et le lendemain c'est tout l'inverse, on voit tout négativement. J'aime l'idée de reproduire cette dualité dans ma musique.

Ce qui est marquant dans la musique de Biffy Clyro est cette capacité à rester dans un registre alternatif, assez brut dans ces sonorités, tout en réussissant à attirer un public large, varié. Vous n'êtes jamais exclusifs. Vous êtes populaires sans le côté péjoratif de ce que peut signifier pour certain ce mot...

On a toujours été très soucieux de produire de la mélodie. C'est ce qui permet en effet un accès plus facile à ce que l'on compose. C'est marrant car on n'en parle jamais comme d'un objectif à atteindre ! C'est très naturel de produire des mélodies dans notre musique.

C'est ce qui explique votre longévité ?

Je ne sais pas, mais ce dont je suis sûr, c'est qu'on est tous les trois très têtus et qu'on n'abandonne jamais.