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They're Gonna Be Big Festival

Paris, du 22 au 24 octobre 2024

Live-report rédigé par Jean-Christophe Gé le 30 octobre 2024

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C'est déjà le dernier jour du They're Gonna Be Big Festival et avec trois coups de cœur et aucun faux pas manifeste, cette première mouture est déjà une réussite pour moi, même si je pense ne pas être au bout de mes surprises. Cette impression sera vite confirmée par l'arrivée sur scène d'un apiculteur, suivi de deux apicultrices, une chenille, un cafard et un animal non identifié...


La musique de Bumble B. Boy est déjà bien barrée en studio, sur scène, on atteint encore un autre niveau. Sous son chapeau voilé, il arbore un sourire et un regard de fou. Il s'adresse au public comme s'il animait une fête d'anniversaire pour enfants turbulents de cinq à sept ans, ses assistantes dansent et miment alors que son groupe propose un ska tirant sur le punk.

Le jeu sur scène est tellement bizarre que la musique passe au second plan, ce qui est dommage. On se demande comment le batteur fait pour jouer avec ses lunettes de piscine pendant que les deux saxophonistes se démènent comme des forcenés. Bien sûr le set finit par une chenille avec le public. Ça doit être quelque chose de les voir en concert en connaissant déjà leurs chansons.

Are they gonna be big ? Un show vraiment trop bizarre pour devenir énorme, mais imaginez la ferveur d'une Accor Arena emballée par cette drôle d'abeille.




Certains artistes poussent la créativité très loin. Il en faut pour monter à cinq sur la scène du Supersonic Records, et d'autant plus en emportant une contrebasse. Encore sous le choc de l'apiculteur batave, la tranquillité et le groove tranquille des belges de The Christian Club rassure. Ils ont ce son typique du Plat Plays avec une batterie jazzy qui rappelle Taxi War, le side-project de Tom Barman, chanteur de dEUS.

Avec un autocollant Ty Segall sur sa Fender Jaguar, le lead guitariste nous emmène au soleil. Il y a de belles mélodies qui montent comme une version moins orientale de Tamino pour continuer dans les réfères d'outre-Quiévrain. Leur musique est belle et touchante, c'est à contrecœur que je l'abandonne pour aller voir la suite de la programmation à la Seine Café.

Are they gonna be big ? J'adore, entre Tamino et Radiohead, ils pourraient bien devenir très big.




Quand j'arrive sur place, Pop Vulture jouent de la batterie, des percussions, et de la basse. Il est clair que la rythmique est importante pour eux. Passé l'exercice de style, ils ont aussi deux guitares, dont une Vox Phantom comme Joy Division. Ils jouent un post punk déstructuré et dissonant, ce qui n'est pas sans me plaire. Ils sculptent le son avec des larsens et des nappes de synthé vintage, qui même dans cette drôle de cave donnent un son très texturé. Le tout part un peu dans tous les sens, ce qui semble être l'essence de leur musique.

Are they gonna be big ? Pop Vulture maîtrisent déjà leur son, il leur reste à affiner leurs compositions.




Les chanteurs/batteurs sont rares, mais dans ce festival nous en aurons deux ! Il ne faut pas se fier aux claviers, Wax Head nous servent du punk hardcore comme on l'appelait sur la côte ouest dans la première moitié des années 80 avec des groupes mythiques comme Circle Jerks, Black Flag ou les Dead Kennedy's.

Retenu par sa batterie, le chanteur est comme un animal en cage qui nous jette des regards de fou. A défaut de pouvoir se jeter dans la foule c'est le guitariste qui s'y colle et, quand le public est bien chaud, il y surfe même un peu avec sa guitare. Les larsens du synthé ajoutent des harmonies qui augmentent la musicalité pour notre plus grand plaisir. La première partie du set était ultra bourrine et un peu linéaire, la seconde était incroyable et beaucoup plus variée. Pour finir, le chanteur n'y a pas tenu, il finit dans le public avec sa batterie.

Are they gonna be big ? Ce n'est pas le destin des groupes de punk hardcore de devenir big, mais un des mantra du punk est de casser les règles. C'est tout ce que je leur souhaite.




Ce soir ce sont les montagnes russes côté ambiance, mais la qualité est constante. Nous passons maintenant å une ambiance plus posée, on en aurait presque oublié que le shoegaze est à la mode. Night Swimming m'avaient déjà séduit avec leur premier EP, ils transforment l'essai ce soir. Let That Be Enough, même avec la voix fluette de Meg Jones, emplit la salle. L'ambiance est feutrée, cela s'écoute dans son salon, mais sur scène, il en ressort un sentiment de communion entre le groupe et le public.

Je vais rester jusqu'au bout du set et manquer Abdomen. Après une reprise des The Sunday's, Night Swimming finissent en apothéose sur Five Year Plan. Il est bon de savoir qu'en plus de chansons, ils ont un plan.

Are they gonna be big ? Le monde a besoin de finesse, ce serait bien à plus d'un titre.




Pour clôturer le festival, retrouvons Cardinals au Supersonic, un autre groupe dont le premier EP nous a plu. Bien sapé dans le style casual chic, le groupe dégage une certaine classe dès sa montée sur scène. Au deuxième titre, il joue la carte folk irlandaise avec un joueur d'accordéon, mais c'est la basse qui se démarque très ronde et puissante.

Avec de la distorsion, l'accordéon s'écoute bien. Je ne sais pas de quoi parle B.E.H, mais les paroles ont l'air engagées et la musique prend une tournure punk. Amsterdam n'est pas une reprise de Jacques Brel, et après une intro calme, le morceau est emporté par les guitares. L'accordéon est l'instrument qui les démarque, le chanteur a un certain charisme, mais avec leur air impassible, le bassiste et le guitariste, chacun d'un côté de la scène, tous les deux avec des lunettes de soleil, ne sont pas en reste.

Pour calmer les esprits, le set se termine sur If I Could Make You Care, qui démarre en acoustique avec quelques chœurs dans le public et qui monte petit à petit en électricité, sublime.

Are they gonna be big ? Quoi, ils ne sont pas déjà big ? Il leur manque juste un producteur qui rende leur son du studio aussi bon que celui des concerts.

artistes
    Bumble B. Boy
    The Christian Club
    Pop Vulture
    Wax Head
    Night Swimming
    Abdomen
    Cardinals
photos du festival