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The Crookes

Paris, Flèche d'Or - 20 mai 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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Après une semaine à entendre parler de morale, importée massivement et bien malgré nous des Etats-unis, il était temps d’aller prendre une bonne dose de musique made in UK dans une salle de concert bien de chez nous ; la Flèche d’Or. Assez peu fréquentée pour un vendredi, la salle du 20ème arrondissement accueille ce soir The Crookes, venus d’Angleterre et deux groupes Canadiens ; PS I Love You et Handsome Furs.

Imaginons un instant que les Beatles aient débuté pendant ou après la vague capillairement sensuelle des Smiths, dont ils auraient été fans, ajoutés à un soupçon de mode à la Stray Cats : ils auraient alors pu ressembler à The Crookes ! Rien à voir avec les revivalistes mod The Crooks, ni avec les turbineurs transalpins Crookers. The Crookes tirent leur nom d’un quartier de leur cité d’origine, Sheffield (d’où sont apparus Arctic Monkeys ou Jarvis Cocker).
Cela dit, ces quatre ex-étudiants ont le chic pour brouiller les pistes. Leur single Backstreet Lovers aurait pu faire penser à un comeback des Housemartins tant le mimétisme était surprenant. Leur premier LP fait office de belle carte de visite sur laquelle The Crookes ont couché toutes leurs influences : les chœurs 50s des Housemartins, donc, mais aussi des emprunts à Suede et, par-dessus tout à The Smiths (Chorus Of Fools), sans parler des inflexions typiquement Morrissiennes (les soupirs clôturant The Crookes Laundry Murder, 1922).

 

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Jouissant d’un sens certain du songwriting fait de mélodies aux lignes claires mais tournoyantes, The Crookes offrent une rafraîchissante nostalgie issue à la fois des années 50s (catégorie coupes de cheveux à la Brian Setzer) et du milieu des années 80 quand P.D Heaton et Norman Cook (futur Fatboy Slim) faisaient virevolter les cœurs et les chœurs de chansons à texte, aussi solennelles que des chants religieux avec le House Of Love des Housemartins ! Souvent, The Crookes racontent des histoires à la troisième personne et plongent dans un siècle de petites et grandes histoires britanniques : faits-divers oubliés (le meurtre d’un tenancier d’une laverie dans les années 20) et turpitudes des grands (Bright Young Things, en référence au groupe formé, entre autres, de l’écrivain Evelyn Waugh ou des scandaleuses sœurs Mitford).

Venus à la Flèche d’Or accompagné de représentantes de la gente dont raffole Dominique, je vois dans leurs yeux naître des lueurs et rapidement s’embraser à l’écoute et surtout à la vue de ces quatre garçons dans le vent qui agitent leurs mèches blondes et leurs guitares comme feu Elvis quand il cherchait à faire vaciller les puritaines de Memphis. A ce niveau-là, au moins, les temps ont bien changé .
Car en ce qui concerne la musique proposée par The Crookes, pas sûr qu’on ait franchement évolué depuis les aînés cités plus haut. Avec, en plus, un certain manque de maturité dans les compositions de titres bien trop sages ; les yeux fermés, on pourrait se croire à un concert des Everly Brothers !

 

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Ne manquait plus au tableau que des milk-shakes à la fraise et de vieux juke boxes à 45t pour nous ramener, définitivement, dans une scène du film American Graffiti.