logo SOV

The Crookes

Paris, Divan Du Monde - 10 octobre 2012

Live-report par Anne-Line

Bookmark and Share
Quelques minutes avant 20h, la scène du Divan du Monde se remplit lentement de fumée. La salle est pratiquement vide. Quelques couples sont là avec leurs enfants, sans doute des parents du groupe français Ava qui jouera plus tard. Pour l'instant, les quatre jeunes de The Crookes sont en train d'accorder leurs instruments eux-mêmes sur scène. Bien qu'ayant bénéficié d'une hype grandissante ces dernières années, ils n'en sont pas encore à avoir leurs propres roadies. Lorsque leur set démarre, le public est plus que clairsemé. Et pour cause, l'événement de ce soir se joue en face, à la Cigale, où leur concitoyen Richard Hawley est en train de se produire, devant le tout-Paris du rock. Autant dire que la tâche des petits Crookes s'annonce ardue.

Mais cela ne semble pas les effrayer. Ils débarquent sur scène l'air confiant, voire presque conquérant pour ce qui est du chanteur George Waite. Celui-ci commence à s'agiter et se dandiner comme possédé par l'esprit de Ricky Wilson des Kaiser Chiefs. À la différence que ce dernier n'a jamais joué de la basse en même temps qu'il chante. Mais George Waite y parvient si bien que pendant la plus grande partie du set, il sera assez difficile de distinguer son visage, tant il agite sa belle chevelure blonde dans tous les sens. Au moins son énergie retient l'attention des rares personnes présentes.

SOV

Quelques jeunes filles s'approchent de la scène, attirées par tant de fougue. De toute évidence le charme commence à agir. Le public reste encore un peu réservé, certains hésitent a se mettre à danser de peur de se faire remarquer au milieu d'une salle complètement vide. On attend un téméraire qui lancera la chose. « Vous êtes le public le plus calme que j'aie jamais vu ! » lance Waite, sans doute plus habitué à un public d'Anglais imbibés et désinhibés.

Sur l'un de leurs amplis il est écrit avec du chatterton « Prick up your ears ! » [Préparez vos oreilles], pourtant leur musique est agréable, facile d'accès. On se rappelle par moments de The Wombats, de The Heartbreaks (sur les guitares), et de feu Vincent Vincent & The Villains (pour les changements de rythmes incessants). George Waite lance l'introduction de American Girls a cappella, et parvient toujours à capter l'attention du public. Les autres musiciens, notamment Tom Dakin, semblent se mettre dans l'ambiance et commencent également à s'agiter. Dakin manque plusieurs fois de percuter Waite, les deux se disputent l'espace, comme s'ils étaient peu habitués à ce type de scène. En tous cas les deux compères s'échangent beaucoup de regards complices, et s'amusent visiblement.

Le morceau Sal Paradise ralentit le tempo et les musiciens en profitent pour souffler un peu, sur un fond de lumières tamisées et rotatives du plus bel effet. Puis c'est reparti de plus belle avec Bloodshot Days, durant lequel Waite s'agite tellement qu'il manque de renverser son pied de micro dans le public. Il demande à un garçon au premier rang « Si je tombais, est-ce que tu me rattraperais ? », et le garçon répond « Non », ce qui va déclencher l'hilarité générale et vraiment désinhiber tout le monde. Les jeunes filles du devant se mettent à danser franchement, et toutes les têtes dodelinent en rythme, même celles des plus âgés en costume-cravate à l'arrière de la salle.

SOV

C'est le moment qu'ils choisissent pour jouer Sofie, l'un de leurs morceaux les plus accrocheurs, avant qu'une voix d'homme terrifiante ne se fasse entendre dans les enceintes, pour l'ouverture du morceau Northern Soul, que l'on croirait tout droit sortie du Thriller de Michael Jackson. La fin est proche, le groupe commence à jouer le single Afterglow, suivi par une de leurs plus anciennes chansons, Backstreet, avant de terminer sur Magic et son intro uniquement rythmée par des claquements de doigts auxquels tout le public va contribuer. L'ovation qui leur est réservée lorsqu'ils se retirent est méritée : là où d'aucuns auraient pu se décourager et faire le minimum syndical, The Crookes ont réussi leur passage haut la main. Il est juste dommage qu'il n'y ait pas eu plus de monde présent pour les admirer.

Lorsque les français d'Ava commencent à jouer, la salle est désormais pleine, et les Crookes vont s'éclipser pour aller sur la rue d'en face, voir leur illustre prédécesseur Richard Hawley, duquel ils avaient repris le morceau Born Under A Bad Sign, en train de délivrer l'un des concerts de l'année, devant un public conquis. À la fin de sa prestation, les VIP entrent au compte-gouttes dans les loges pour féliciter le maître, qui se désaltère en compagnie de son ami Jarvis Cocker, et l'on ne peut que souhaiter aux Crookes qu'un jour, peut-être, ils bénéficient d'autant de respect de la part de leurs pairs.
setlist
    Where Did Our Love Go?
    Dream
    Maybe In The Dark
    American Girls
    Sal Paradise
    Bloodshot Days
    Sofie
    Northern Soul For The 21st Century
    City Of Lights
    Afterglow
    Backstreet Lovers
    Yes, yes, We Are Magicians
photos du concert
    Du même artiste