logo SOV

Anika

Paris, Point Éphémère - 29 novembre 2011

Live-report par Edina Tymp

Bookmark and Share
Mais qui a éteint la lumière ?

Ce mardi soir au Point Ephémère, l'ambiance était particulièrement sombre, inquiétante et surtout emplie d'adeptes de musique pointue. Comment appréhender la première partie, Roll The Dice ? Cela revient à apprendre à jouer au Bridge : il y a beaucoup de règles, de choses à comprendre et à découvrir, et sans dix ans d'expérience, cela ressemble à du charabia.
Leur set est basé sur une improvisation continue de très puissantes variations sonores, au cours duquel on ne peut s'empêcher de se demander quand tout va réellement démarrer. Et bien jamais réellement, c'est là que réside le secret de tout leur album In Dust. Les deux acolytes suédois ressemblent à des texans à bretelles croisés avec les ZZ top, derrière leur grandes consoles vintages pleines de boutons et de couleurs pour apprenti chimiste sonore.
Une moustiquaire crée une séparation entre eux et le public, sur laquelle sont projetées de vagues images de personnages qui courent et de flammes. Des illustrations, somme toute, très évocatrices... ou non. On ne sait si le public est totalement emporté par l'onde envahissante des fréquences électroniques ou s'il reste circonspect devant un spectacle étonnamment peu commun, à la limite du désagréable. Mais le groupe parvient à nous emmener dans un État proche de Jonköping au gré des variations de fréquences et de leur lancinante proposition.

Mais ceci n'était qu'une mise en condition afin que nous adoptions les airs de circonstance pour la grande procession d'Anika. La pause entre les deux prestations semble fort longue après cette laconique première partie. La salle est alors pleine et surtout impatiente de voir apparaître la jeune chanteuse. Sur les enceintes trônent discrètement trois saintes vierges : le décor est planté, le spectacle peut commencer.

SOV

Les musiciens s'installent dignement, chacun à sa place, et débutent une introduction très lourde et sombre mâtinée de funk période fin 80s. La chanteuse pénètre alors sur scène toute de noir vêtue, contrastant avec sa blondeur virginale. Sa voix est glaçante, contrepoint génialement jouissif de l'ostinato de l'instrumentation. Les chansons s'enchaînent, la basse rentre au fur et à mesure dans les esprits pour ne plus jamais en sortir.
Empruntant une attitude totalement détachée, Anika propose en majorité des reprises populaires 60's, notamment I Go To Sleep, de la pop dans ce qu'il y a de plus juteux et twistant comme les standards de Seeker Davis, qu'elle transforme à la sauce Slits; âpre et dérangeant. Le tout constitue un show très puissant amplifié par la pureté de la chanteuse, laquelle n'adressera pas un seul mot au public, pas plus que les musiciens ne communiqueront entre eux. Tout cela n'a pas grande importance tant la musique nous enveloppe.

Même si l'on croirait parfois qu'Anika est en passe nous annoncer la mort de son animal de compagnie tant l'ambiance est lourde, son univers artistique reste dans le fond optimiste et plein d'espoir de par cette énergie communicative pas si désespérée.