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Baxter Dury

Paris, Maroquinerie - 10 décembre 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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Sale gosse du rock Anglais depuis que son père en a involontairement décidé ainsi, Baxter n’a accepté que sur le tard son destin de musicien. C’était reculer pour mieux sauter.

Le Baxter de ce samedi soir à la Maroquinerie apparaît avec l’élégance d’un Mods tout droit sortie du film de Julian Temple, Absolute Begginers, et son légendaire sens de la formule sarcastique qui lui permet de venir à bout de sa timidité et du succès populaire de cette année 2011. Ce rocker qui a grandi entre instruments de musique et peinture à l’huile au coté des plus célèbres Cockneys de toute l’Angleterre post-punk - de son propre père au groupe Madness en passant par Mickey Gallagher - a gardé la gouaille et l’humour grinçant de ses aînés qu’il distille à merveille dans ses textes (Happy Soup), en interview et sur scène, comme ce soir.

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Introverti excité, Baxter est de ceux qui jouent avec leur public - « J’aime les odeurs de Paris. Paris ne sent pas comme toutes les autres villes ; Paris est rempli d’air frais qui sent, Paris... » - et vont jusqu’à enguirlander leur ingénieur du son coupable de quelques erreurs en début de concert : « Je vais prendre ma chaise ; tu me dis quand tu es prêt ? ». Dit sur ce ton, ce regard malicieux et lorgnant du côté de Madelaine, amusée des improvisations de son complice, il est facile de comprendre que ce n’est pas vraiment des odeurs de jardins publics ou des senteurs automnales du bois de Boulogne dont Baxter fait l’éloge.

Humour... noir comme sa cravate clavier sur chemise blanche qu’il éjectera au bout de trois titres, musique minimaliste pour ne pas dire intrinsèquement simple mais dont il sait tirer la quintessence et débit vocale en passant du slam (Cocaine Man) à la pop sans concession appuyée par la voix délicieusement sexy de Madelaine Hart (Isabel). La belle Madelaine Hart, le full house au bon moment, la main heureuse à la bonne heure qui aura aidé Baxter à passer de statut de rocker indie à star cédant - en s’en excusant presque auprès du public – un de ses titres à une pub pour EDF, c’est dire la consécration !

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Tel un punk repenti qu’il ne sera jamais car, né vingt ans trop tôt et vingt ans trop tard, Baxter Dury prend sa revanche sur une époque qu’il a vu projetée devant lui, en spectateur, petit garçon rescapé d’une enfance qui n’aurait rien à envier à celle des fils imaginaires de Sid Vicious ou Pete Shelley.
Avec d'autres comme Metronomy, sa formation fait partie des grands gagnants de l’année 2011. Après quelques albums confidentiels mais reconnus, il a su, à l'image de ce soir, trouver l’alchimie entre étique sauvage via des textes acides et complexes avec Leak At The Disco et concessions non sans talent intégrant des riffs définitivement plus pénétrants comme sur Trellic pour balancer à tous ceux qui ne voyaient là qu’un tardif fils à papa, une véritable correction de trajectoire qui a toujours l’air de le surprendre lui-même.

Si le phrasé d’un Leak At The Disco ramène indéniablement au ton et au débit de son géniteur, personne et surtout pas la majorité de trentenaires et quadragénaires remplissant la Maroquinerie ce soir ne viendront s’en plaindre. Baxter Dury et ses trois musiciens (on ne cite plus Madelaine Hart qui est quasiment devenu sa moitié) déversent un rock Anglais grinçant sur des textes qui ne le sont pas moins, remémorant aux plus jeunes cette époque où le rock était le miroir de la réalité et pas encore le miroir aux alouettes !
setlist
    Francesca's Party
    Isabel
    Claire
    Leak At The Disco
    Afternoon
    Happy Soup
    Trellic
    Picnic On The Edge
    Babies
    Hotel In Brixton
    The Sun
    Lucifer's Grain
    Oscar Brown
    Cocaine Man
    Love In The Garden
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