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Peggy Sue

Paris, Flèche d'Or - 4 février 2012

Live-report par Edina Tymp

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En ce samedi 4 février, on se serait cru à s'y m'éprendre à une soirée Pyjama à la Flèche d'Or : au programme, des filles qui chantent et dansent, avec une furieuse envie de s'amuser.

Seule exception à la règle, les trois petits gars d'Appletop, premiers à monter sur scène avec une aisance et une énergie bluffante. Les trois toulonnais ont opté pour une formule des plus classiques, guitare/basse/batterie. Les esthètes soutiendront qu'il s'agit là de la base pure du rock'n'roll, et nul doute qu'ils s'en soient abreuvés depuis le jour où ils ont su tenir une guitare. Appletop, c'est un cocktail détonant : un chanteur avec une superbe voix, quelques tubes nichés dans le set, une faculté intéressante du bassiste a endosser le rôle de choriste et une chanson « spéciale dédicace » au batteur. Avec tout ça, le ton de la soirée est donné : « On n’est pas fatigués ! ».
Le second groupe leur emboite alors le pas, à savoir Toybloïd, des parisiens pas franchement Titi mais carrément Riot Grrrls. Deux filles s'emparent de la scène, très excitées, alors que le batteur nous propose un beat sautillant et bien marqué. C'est un peu punk, un peu grunge, un peu girly, mais très bien mené.

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Soirée à tiroirs, l'affiche propose quatre groupes, et cette fois on se téléporte de l'autre côté de la Manche. Changement d'ambiance : Peggy Sue calment le jeu et nous envoient dans la campagne marcher avec des grandes bottes en caoutchouc, dans les champs enneigés et silencieux avec une excellente introduction surprenant l'ensemble du public. Ils sont quatre sur scène, avec deux chanteuses dont les voix contrastées provoque des frissons derrière la nuque. Tout aussi calmement, une des demoiselles présente le groupe et sera la speakerine attitrée, rythmant d'une voix douce comme le miel la suite du concert. Chaque chanson est l'occasion pour eux d'installer un peu plus une ambiance bien particulière, on sent petit à petit comme une odeur de sycomore sur Yo Mama. Parfois, leur musique devient même inquiétante, et Cut My Teeth nous emporte vers des horizons à la fois inconnus et familiers, nous troublant avec une pesanteur dans laquelle on s'installerait bien plus longtemps.
Du rock rehaussé de voix folk qui finissent par nous hypnotiser. La recherche vocale est une constituante immuable de leur set, explorant le champ du chant en canon, à la tierce, à l'unisson, en solo. Avec deux chanteuses aux styles totalement opposés, la brune se rapproche d'Alela Diane alors que la rousse à la permanente des années 80s pourrait chanter dans les bars fréquentés par les Hells Angels. Cet aspect prend tout son sens lorsqu'elles s'installent toutes les deux sur scène, avec l'implacable batteur. Peggy Sue restent polymorphe jusque dans le format alternativement court et long des chansons. Le groupe conclut sur une incantation terreuse, tout droit sortie d'une station essence abandonnée de Lubbock; le tour de pick-up est terminé.

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Non contente d'avoir joué avec nos oreilles toute la soirée, la Flèche d'Or envoie en guise de digestif cul-sec le quatrième groupe : Wild Flag. Tout dans ce groupe nous pousse à douter du sérieux de l'affaire. La chanteuse principale pourrait être la mère des deux autres, porte une robe fleurie comme tenue de scène et le set est ponctué de larcins. Malgré ce décorum quasi grotesque, Wild Flag donnent ce dont on attend d'elles. La salle est pleine, les filles enchaînent tous leur titres et grattent les cordes comme s'ils jouaient pour le spectacle du lycée, juste pour s'amuser. Le côté garage explique certainement leur parti pris « je m'en foutiste », mais n'oublions pas que les membres du groupe ne sont pas nés de la dernière pluie. Après avoir participé notamment à Sleater-Kinney, Helium ou The Minders, ils s'accordent une sympathique pré-retraite sous l'oriflamme de Wild Flag.

La Flèche d'Or, plus spacieuse qu'une Dolorean, nous a proposé ce soir un exhaustif plateau rock balayant bon nombre de périodes. Au moins, aucun risque de tâcher les sièges avec la bière !