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Peace

Paris, Flèche d'Or - 20 juin 2012

Live-report par Laurent

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La Fléche d’Or accueillait comme à son habitude un nouvel Inrocks Indie Club en cette veille de Fête de la Musique. Quatre groupes étaient au programme d’une soirée dont la principale attraction était Peace, nouvelle sensation rock de Birmingham tout juste signée chez Columbia.

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La soirée s’ouvre par le concert des Natas Loves You, groupe en provenance du Luxembourg, pas les jardins bobos mais le paradis fiscal. Peu enclin à fraterniser avec l’ennemi capitaliste ultra-libéral et craignant des représailles de notre nouveau gouvernement marxiste si je suis aperçu en train de danser sur cette musique qui ne paie pas d’impôts, je n’ai d’autre choix que le boycott.
Les cinq belges de Great Mountain Fire sont ainsi pour moi le premier groupe de la soirée. Beaucoup plus électrisants en concert que sur disque, le quintet bruxellois enchaîne d’efficaces compositions rock assez dansantes et sympathiques. Sûrs d’eux, les Great Mountain Fire se montrent aussi énergiques que leurs harmonies vocales peuvent être raffinées et finissent leur set sur un titre instrumental nu rave comme les Klaxons en auraient rêvé à l’été 2006. Le mélange d’influences anglo-saxonnes allant de la pop des années 60 au rock mâtiné d’électro de ces dernières années est parfaitement digéré par ce groupe qui nous prouve encore une fois que les groupes belges (dEUS, Ghinzu, The Tellers, Balthazar…) sont définitivement très talentueux.

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Après une pinte plus chère qu’une pipe aux alentours d’un stade ukrainien, les quatre lads de Peace débarquent enfin sur scène. Comme on pouvait s'y attendre, ce sont les jeunes britanniques aux allures débraillées croisés plus tôt vers la Porte de Bagnolet. Le chanteur porte une sorte de mini-robe sur son jean et semble planer à des kilomètres au-dessus du XXème arrondissement alors que le guitariste a l’air aussi sinistre qu’un couloir de la mort sous son catogan blond.
Devant une salle qui commence à se remplir à nouveau tranquillement (la salle se vide au profit du coin fumeur et du bar Jack Daniels entre les concerts), Peace attaquent pied au plancher en enchaînant d’entrée trois pépites garage-psyché aux riffs entraînants et entêtants. La qualité des compositions contraste avec le je-m'en-foutisme affiché sur scène par les quatre compagnons qui jouent exactement comme il faut : vite et bien. La suite se fera avec une jolie chanson plus calme où la voix, plus posée, rappelle celle d’Alex Turner sur Riot Van ou l’album Submarine, avec cette prononciation si craquante typique du centre de l’Angleterre.

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Le groupe repart ensuite pied au plancher avec Follow Baby : urgent, chaotique et jouissif, ce titre est le premier single sorti par les anglais sur le label indépendant Deadly People. Le guitariste disparaît ensuite changer d'instrument et c’est le moment que choisit enfin le chanteur pour communiquer (un peu) avec le public, avouant au passage que ce soir constitue sa première visite à Paris et qu’il espère donc faire la fête toute la nuit. Puis le set repart avec un morceau très dansant rappelant furieusement le premier album de Foals, avec une guitare encore plus exotique et presque cristalline en introduction et un final garage-punk renversant.
Alors que l’on commence sérieusement à être dans l’ambiance et que l’on se demande si l'on n’est pas en train d’assister aux débuts d’un futur grand groupe comme seule la perfide Albion sait en produire, les Peace enlèvent leur guitare et décampent, après un bref au revoir, comme des voleurs. Ou juste comme des branleurs. Vient-on de se faire avoir ou ce set très concis rondement mené est-il la parfaite introduction à ce groupe de barges ? Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que leur retour est déjà prévu le 9 novembre à la Boule Noire de Paris pour le Festival des Inrockuptibles.

La soirée se finit avec Blind Digital Citizen dont le concert s’ouvre sur un électro-rock assez sombre, brouillon et plutôt indigeste. Le chanteur habité hurle des incantations en guise de paroles sur les beats électroniques alors que les harmonies vocales sont plutôt effectuées par le claviériste. On entendra par la suite une chanson plutôt réussie, plus acid-house et rappelant les Happy Mondays période Hallelujah. La musique de ces jeunes français établis à Londres sonne à mes oreilles comme aussi mélodique que le bruit d’un mec qui vomit. Peut-être est-ce juste parce que, comme on dit quand on est poli, ce n’est pas mon style de musique... ni même de la musique en fait. Allez, peace.