Il pourrait paraître opportun d’évoquer la météo aussi gaie qu’un dimanche pluvieux à Derry, le prix toujours trop élevé des consommations de la Flèche d’or ou encore l’âge des adolescents du premier rang nous faisant passer pour des vieux croulants, mais serait-ce utile de tomber sur ces futilités abondant quotidiennement les réseaux sociaux, trop occupés que nous sommes à parler de la pluie plutôt que de l’essentiel ? « Tonight’s gonna be amazing, you’ll see ! » : c’est ce que l’on nous annonce d’emblée du côté du stand de merchandising de Peace alors que tous semblent perdus dans leurs pensées. « I really hope so... ». Avec les deux étoiles montantes que sont Splashh et Peace, nous pouvons en effet espérer une belle promenade.

Ce sont quatre jeunes débraillés et visiblement peu soucieux de leur apparence qui font leur apparition sur scène, dans l’indifférence générale et le brouhaha ambiant. Il ne faudra quelques secondes pour que l’assemblée comprenne que le concert est bel et bien sur le point de débuter. Un petit noyau d’initiés se fait entendre alors que nous constatons, surpris, que contrairement aux habitudes, la salle est déjà bien remplie pour accueillir le premier groupe.
Pour revenir aux discussions de comptoir, celle qui revient régulièrement au sujet du rock en général (et britannique plus particulièrement), c’est ce retour aux sons des 90’s et ce ne sont pas
Splashh qui nous feront mentir ; des reverbs à n’en plus pouvoir et un chant qui finit par se perdre au milieu des guitares, du clavier vaporeux joué à trois doigts, quelques accords bien gras et efficaces : on pourrait leur reprocher de ne pas être novateurs mais ils sont incontestablement bons. L’alternance jeu rapide/ponts plus lents et grisants remet en tête la noise pop de l’époque, celle où ces jeunes chevelus étaient à peine nés. Le pull Sonic Youth du guitariste vient d’ailleurs nous rappeler leurs influences. Sans pour autant se noyer dans des sons passéistes (Splashh ont également dû se gaver de Deerhunter pour que l’on retrouve de telles résonnances), ils délivrent des morceaux punchy.

Deuxième acte pour la jeune génération avec un décor foncièrement différent mais un dress code commun à celui de Splassh : Harry Koisser, chanteur et guitariste de
Peace, se présente, cheveux mi-longs et raie au milieu, sous-pull rayé combiné (de façon douteuse) à un pantalon aux motifs cashemire, armé de sa guitare double manche qu’on pensait réservée aux seuls Jimmy Page et Slash. Le quatuor qui semble être le nouveau phénomène outre-Manche (où il vient de terminer une tournée à guichets fermés), commence visiblement à acquérir une certaine notoriété en France si l’on se réfère aux nombreux spectateurs massés parmi les premiers rangs. Dans un univers plus psychédélique que leurs prédécesseurs, Peace alternent sonorités 70’s et pop tribale et guillerette plus actuelle. Déjà très carrés malgré leur jeune âge, ils réussissent à nous rappeler Arctic Monkeys, The Maccabees ou encore un obscur groupe de la scène psyché 70's. Du refrain entêtant de
Toxic aux longues plages instrumentales s’étirant durant une dizaine de minutes sur les titres suivants, ils brouillent les pistes, nous font danser et triper pour finalement nous laisser avec une seule idée en tête : celle d’aller écouter, sur le chemin du retour,
In Love, leur premier album sorti récemment.
Si la soirée se termine avec Merchandise, nous préférons rester sur notre bonne impression avec Splashh et Peace, nous répétant pour la millième fois que « Quand même, le rock british, il n’y a pas mieux, toutes générations confondues ».